Comme à la télé.
24 juillet, 2011
La dernière fois que ma grand-mère a été hospitalisée, c’était dans le CHU de mon externat. Juste en face du service d’urgences.
Y en a beaucoup dans tout le CHU, des services d’urgences, mais là, je parle de mes urgences. Le service dont je dis toujours le nom dans ma tête avec des majuscules partout, mon service MadeleineDeProust à moi.
Le service où j’ai commencé et où j’ai fini mon externat.
On pouvait être en stage aux urgences et passer trois mois entiers là-bas, mais on pouvait aussi y être de garde quand on était en stage dans pas mal de services alentour, et moi j’avais fait les deux. Plusieurs fois, même.
C’est là que j’ai fait la première garde de ma vie, la nuit de mes vingt-deux ans.
Ouais, parce qu’à la répartition des gardes, Ginette avait pris la parole. Ginette, c’est l’espèce de fille bizarre au fond de moi qui avait un petit orgasme à dire « Non, le réveillon je peux pas, je suis de garde », qui rendait supportables les semaines à 115 heures (mon record) parce que même si on était épuisé, c’était quand même putain de classe. C’est la fille qui est contente quand Nicole demande un médecin dans le train, et que je me lève en faisant semblant de soupirer.
Donc personne ne voulait de cette garde, et moi c’était la nuit de mon anniversaire, et Ginette avait dit « Bon, bin j’la prends… » avec ce mélange de résignation et de jouissance. Ginette avait sans doute déjà en tête que dix ans plus tard, la phrase « La première garde de ma vie, c’était la nuit de mes vingt-deux ans » me ferait plaisir à dire. Ginette aime bien les symboles.
Bref, c’est là que j’ ai fait ma première garde. C’est là que j’ai eu mon tout premier patient à moi.
J’avais suivi quelques dossiers avec l’interne, et puis il avait dit « Bon, le prochain, tu le vois toute seule », et j’étais restée assise devant le bout de bureau où l’infirmière posait les dossiers des entrants, en flippant ma mère. Ginette serait contente de vous dire que le dossier est arrivé quelques minutes après minuit.
J’avais tout imaginé pour mon premier patient, j’avais fait défiler les possibilités dans ma tête en flippant pour chacune. Et si c’était un patient polypourri auquel je n’allais rien comprendre. Et si c’était un truc super grave que je n’allais pas voir. Et si c’était une connerie d’entorse qui allait bousiller mon symbole.
Le premier patient de ma vie, quelques minutes après les minuits de mes vingt-deux ans, c’était un type d’une vingtaine d’années, sympa et drôle, qui répondait facilement à toutes les questions, et qui avait mal en fosse iliaque droite, 38,5 de fièvre, vomi une fois, et une petite hyperleucocytose mais pas trop. Je crois que je lui ai fait super peur. Le type a pas compris pourquoi j’ai affiché sur mon visage l’envie de l’embrasser quand il a répondu « Oui » quand j’ai demandé si la douleur se réveillait quand je cognais sur son talon et si ça avait commencé d’abord plus haut vers l’estomac. Je lui ai expliqué en sautillant et en parlant trop vite et en faisant des blagues et en disant beaucoup trop de mots qu’il avait une appendicite comme dans les livres, et ce con a même pas eu l’air fier. Ginette ne s’en est pas offusquée, elle s’était déjà évanouie de bonheur.
C’est là que j’avais fait ma toute première suture sur un patient pas endormi-au-bloc.
C’était une fille brune, jeune, folle. Elle s’était tailladé tout l’avant-bras avec une lame de rasoir. Il y avait une vingtaine de plaies, les unes à côtés des autres, dont deux ou trois qui méritaient une suture. Autant vous dire que pour y coller un champ stérile prétroué, c’était pas gagné d’avance.
Elle n’avait pas ouvert la bouche une seule fois, elle était assise et elle fixait mes mains avec de très grands yeux sombres qui ne cillaient jamais. Moi je fixais mes mains aussi, parce qu’elles tremblaient comme deux petites parkinsonniennes avancées et que je n’arrivais pas à les maîtriser. C’était visible à l’œil nu et à trois bornes, qu’elles tremblaient, et ma patiente silencieuse qui ne voulait pas regarder ailleurs. « Uhuhuh, j’ai bu trop de café », j’avais fait.
J’avais réussi quand même de jolis points, du travail propre, et puis j’étais allée souffler deux minutes, en laissant ma patiente dans la salle de sutures. Celle avec l’armoire avec les scalpels et les fils et les aiguilles, ouais.
C’est pas moi qui y étais retournée quand il avait fallu la recoudre une seconde fois.
C’est là que j’ai annoncé ma première grossesse avec violons et cymbales et gnangnanteries.
C’est là que j’ai appris à me laver les mains à la Bétadine comme Benton et que tout le monde arrivait à faire de la jolie mousse jaune vaporeuse sauf moi, qui frottais pourtant mes mains quasi à sang et qui n’arrivais à en tirer que des espèces de dégoulis oranges qui coulaient (im)pitoyablement le long de mes avants-bras.
C’est là que j’ai raté mes premières réductions d’épaules.
C’est là qu’une fois, la chef de clinique avait dit « Bon, j’ai un boulot pas rigolo à te confier ». Je m’attendais à du vomi à aller nettoyer, ou douze ECG à faire dans un service quelconque, mais elle avait dit « Il faut aller recoudre une morte ».
Jeune femme VS camion, et le camion avait gagné, et il y avait des centaines de points à faire un peu partout. Je bénis encore l’infirmière qui était restée avec moi tout du long, et qui avait rendu ça un peu moins glauque.
C’est là que j’ai fait mes premiers plâtres, avec l’interne, « Je bande et tu mouilles » à chaque fois, mouahahah.
C’est là qu’on avait reçu ce patient âgé pour une douleur dans le ventre, sous les côtes, qui l’avait réveillé en pleine nuit, mais pour qui l’écho abdo ne trouvait rien d’anormal.
Je l’avais ré-interrogé, consciencieusement, comme toujours, et puis il avait dit je ne sais plus quelle phrase qui m’avait aiguillée. L’infirmière m’avait pourrie quand j’avais demandé des gaz du sang, parce qu’on était en chirurgie, qu’on ne faisait pas de gaz du sang ici, que le type avait une bonne sat’ et qu’elle voyait vraiment pas pourquoi on ferait des gaz du sang.
Elle m’avait pourrie, et la fin de l’histoire s’était passée dans le service d’à côté, pas en chirurgie, et dans une telle indifférence vis-à-vis de moi que j’ai vraiment cru jusqu’à aujourd’hui qu’on l’avait trouvée par hasard, que je m’étais plantée mais que par hasard il s’était trouvé que j’avais bon quand même. C’est en y repensant là maintenant que je réalise que si, c’est aussi dans ce service-là que j’ai diagnostiqué ma première (et ma seule, du reste) vraie embolie pulmonaire, et que j’ai probablement sauvé la vie de ce type.
C’est là que j’avais vu la fille qui bouffait des fourchettes et qui en était à sa 32ème opération, c’est là que j’avais eu mon premier corps étranger rectal. Un gamin de 16 ans, qui était arrivé aux urgences avec ses parents et sa brosse à dents coincée dans les fesses, qui m’avait dit en regardant le sol « Vous en voyez souvent des crétins comme moi ? ».
« Tous les jours », j’avais menti. J’imaginais ces longues, longues minutes de solitude entre le moment où il s’était dit « C’est coincé » et le moment où il s’était résigné à se dire « Faut que j’en parle aux parents ».
Le radiologue avait tiré plusieurs clichés, comme toujours, et j’avais même pas réclamé le mien, même si bien sûr j’avais fait mine de ricaner comme les autres.
C’est là qu’on regardait les radios en faisant la blague « Mmmm c’est cassé » .
C’est là que j’ai demandé à un patient énucléé s’il permettait que je jette un œil.
C’est là qu’il y avait la salle de repos avec les inscriptions sur les murs, les canapés défoncés et l’odeur de clope froide qui s’échappait jusque dans le couloir des patients.
C’est là qu’il n’y avait pas de chambre pour l’externe de garde, et où j’avais passé quelques bouts de nuits dans le box gynéco, sur le lit avec les étriers.
C’est là qu’on bossait en pyjama de bloc comme dans les séries télé, et qu’on se changeait dans les toilettes parce qu’on n’avait nulle part ailleurs où se changer.
C’était le paradis de Ginette.
C’est là que j’avais fait mon tout dernier stage d’externe.
En déménageant pour mon internat, je leur avais légué mon vieux canapé, défoncé aussi, mais un peu moins que les leurs. Ginette adorait l’idée que les futures promotions d’externes passent quelques nuits sur mon canapé.
Et me voilà donc sur le trottoir, l’hôpital avec ma grand-mère dedans dans le dos, la porte des urgences face à moi.
J’y vais, en me sermonnant d’avance.
Bien sûr, une première couche de pensées imagine que je vais passer une tête dans la salle de garde, que je vais entendre « Sapristi, c’est Jaddo ! », que je vais reconnaître des gens, que je vais retrouver mon vieux canapé dans la salle de repos.
Une deuxième couche se doute bien qu’un inconnu va me dire « Hep, où allez-vous ? » quand je vais prendre le couloir qui y mène.
Et puis j’y vais quand même, pour voir.
Ça a changé, mais pas tant que ça. Les choses sont grosso modo au même endroit, la pièce des docteurs, le petit couloir, les toilettes, la salle de repos.
Personne ne me remarque, personne ne me parle, je réussis à me faufiler jusqu’à la salle de repos sans être arrêtée, même si j’ai pas de blouse.
Ça a changé, mais pas tant que ça. Des vieux canapés défoncés, pas le mien, des inscriptions sur le mur, pas la mienne. Un grand black vautré devant la télé. Un chirurgien, à sa tenue.
Je jette un coup d’œil circulaire, je fais un vague signe de tête au grand black que j’espère genre « Mais non mais non, je ne suis pas une intruse, j’ai une raison légitime d’être là », et je fais demi-tour.
« Hey ! »
Oh mon dieu le grand black m’a appelée. Il parle sans sourire, d’un ton neutre, il pose ses phrases l’une après l’autre. Il affirme.
« Vous étiez externe ici. »
Oh mon dieu. Oui Monsieur.
« Je me souviens de vous. »
Oh mon dieu.
« Vous étiez une EXCELLENTE externe ».
Ginette cogne de tous ses poings dans ma poitrine. Six ans après, bordel. On est six ans après mon dernier passage ici.
« Vous aviez un seul défaut… »
Oh mon dieu.
« … vous fumiez. »
24 juillet, 2011 à 17 h 05 min
Je parlais de l’humour subtil de vos tweets sur Twitter. Et chaque billet sur ce blog me scotche, mélange d’humour, d’émotion et de réflexion sur votre parcours/métier..
Juste chapeau, vous êtes stupéfiante !
24 juillet, 2011 à 17 h 28 min
Elle est trop touchante Ginette :-) Et c touchant quelqu’un qui reconnaît l’existence de sa Ginette , ça fait partie de l’excellente externe devenue doc à couettes moi je dis !
Définitivement fan !
24 juillet, 2011 à 17 h 32 min
J’adore. Imaginez: il ne reste qu’à arrêter de fumer et hop: la perfection. Un truc de malade, non? ;-)
Merci pour ces articles que j’aime particulièrement.
Vivement le prochain.
24 juillet, 2011 à 17 h 32 min
ahah ! sacré mémoire , le Benton !
24 juillet, 2011 à 18 h 10 min
Bon. Alors.
Il y a plein de grands moments dans la vie. Ca n’en est pas un du tout. La, c’est un tout petit moment. Un de ces petits moments de gloire, qu’on goûte parce que c’est mesquin mais, et je pense qu’on ne me contredira pas : ce sont ces petites joies qui rendent « toussa » (ce mot devrait être dans le dico avec la définition : nom commun permettant d’avoir l’air de dire précisément ce qu’on est incapable de préciser mais bon… osef) plus supportable.
Et toutes circonvolutions sont la pour dire : En tant que non fumeur adorant faire son anti-tabagisme primaire, cette chute est géniale.
Voila, c’est tout, introduction au commentaire faite.
Ca fait du bien de vous relire, en tout cas ^^ J’ai beaucoup attendu un nouvel article, mais c’est toujours meilleur quand on attend, il parait. Vous écrivez très bien la nostalgie, et je remarque, petit à petit, que la naïveté de vos premiers billets commence à vous faire défaut. Pourtant le style d’écriture est le même, mais j’avais une impression beaucoup plus nette de sa présence dans les articles plus anciens. C’est peut-être parce que je me suis habitué au style que je ne la perçois plus autant.
En tout cas c’est toujours incroyablement reposant de vous lire. J’aime beaucoup votre façon de parler de votre égo, alors que vous transpirez la modestie (dit-il avec la super-perspicacité de celui qui est derrière un écran mais qui voit tout parce qu’il est trop fort).
Une question : pourquoi « Ginette » ???
24 juillet, 2011 à 18 h 18 min
Superbe, la chute est sublime. Beaucoup de choses qui se dégagent de ce billet… en plus de l’odeur des clopes !
24 juillet, 2011 à 19 h 27 min
Ca sonne tellement faux… J’espère pas sinon c’est minable :(
24 juillet, 2011 à 19 h 38 min
être humain et sensible ça sonne faux Alice ?
oh que non, croyez moi.
24 juillet, 2011 à 19 h 49 min
Alice : Ahah, c’est trop beau pour être vrai hein ?
Je sais, c’est pour ça que j’adore cette histoire.
Si je l’avais inventée, je l’aurais faite plus crédible. Je n’ai pas autant d’imagination que ça.
Aux autres : plein de mercis.
24 juillet, 2011 à 19 h 50 min
Ben tu vois alice, jaddo elle va bientôt publier, alors elle écrit sa légende elle-même, tant qu’à faire autant se choisir un beau rôle, puisqu’après elle va « malencontreusement » laisser quelqu’un dropper son nom, et qu’avec la notoriété acquise elle pourra faire partie des comités consultatifs fortement rémunérés par le contribuable et ce ad vitam aeternam. Comme d’autres ont des rentes de situation pour avoir réussi à se faire passer pour LE responsable des urgentistes. Bon, pour être crédible faut se laisser une (petite) part d’ombre, il y a peu c’eût été joueuse de WoW, mais là ça risque de faire psychopathe norvégien, alors va pour fumeur…
^^
24 juillet, 2011 à 19 h 53 min
Zut, mon plan machiavélique est découvert.
24 juillet, 2011 à 19 h 55 min
Caramba, encore raté!
^^
24 juillet, 2011 à 20 h 34 min
En lisant ce billet je me disais que maintenant que mon papa, médecin à la retraite va découvrir enfin l’informatique et internet, je lui donnerai le lien de ce blog. Je suis sûre qu’il y retrouvera quelques moments de ses tout débuts :o)
24 juillet, 2011 à 21 h 45 min
caramba ! ça ne fait que confirmer le fait qu’il faut que j’écrive ce fuckin billet sur le fascisme et le tabac sponsorisé par la Ligue et Pataclope.
biz et bravo, un vrai petit plaisir de lire ça après une journée de dingue en garde :)
24 juillet, 2011 à 22 h 08 min
Maintenant que vous avez un peu plus de métier, un peu plus confiance en vous, êtes-vous plus proche de Ginette ? L’interne qui se planque dans les toilettes a dû faire place à une « même pas peur, j’ai vu pire », non ?
24 juillet, 2011 à 22 h 19 min
*love*
24 juillet, 2011 à 22 h 33 min
Magnifique. Juste merci pour ce blog :)
24 juillet, 2011 à 23 h 13 min
euh…le coup du talon là… ça existe pour de vrai ce signe où tu ironises ? ceci dit, moi je fais bien sauter les enfants à cloche pied mais là…je vois pas bien le rapport?
sinon, merci, je commençais à ressentir le manque moi ! ouf !attends pas deux mois pour le prochain post par pitié !
24 juillet, 2011 à 23 h 16 min
Ce billet, il tombe comme un vêtement bien ajusté. Avec le petit pli sur le cou du pied, tout comme il faut. Comme ceux qui, j’imagine, auront droit de cité au format poche.
Je savoure donc.
N’empêche: les douze références aux billets d’antan, ça sonne comme le dernier épisode de la saison de notre série préférée.
Permettez-moi de grimacer, j’ai peur d’y voir un mauvais présage…
24 juillet, 2011 à 23 h 22 min
J’adore Ginette, elle est drôlement touchante. Et je me demande bien si au fond de nous, on n’aurait pas tous une Ginette qui sommeille :-)
24 juillet, 2011 à 23 h 23 min
Quel bon texte, encore une fois, Jaddo… J’aurais aimé l’écrire.
Quand le bouquin sort-il ?
Martin
24 juillet, 2011 à 23 h 26 min
Vraiment bien écrit, les sentiments passent, merci pour cette belle histoire !
24 juillet, 2011 à 23 h 31 min
J’oubliais, même question que Martin (il y a du beau monde qui passe ici!)
24 juillet, 2011 à 23 h 38 min
J’ai dû passer une heure d’affilée sur votre blog dimanche dernier, je venais de le découvrir. Je suis revenue. Et je ne suis pas déçue.
25 juillet, 2011 à 0 h 16 min
Roooo ça valait le coup d’attendre. Et même les félicitations de sieur Winckler, la classe.
Késako cette histoire de livre ??? Il y aura des inédits ???
25 juillet, 2011 à 0 h 21 min
Comme quasiment a chaque fois, j’ai deguste ce post; pris mon temps en le lisant en me rememorant mes propres souvenirs de gardes d’urgence a l’ecole veto…C’est toujours un tel plaisir de vous lire.
Il y a juste quelques chose qui m’etonne. Le black se souvenait tres bien de vous. Et vous? Vous ne l’avez pas reconnu? Car vu la facon dont il vous a decrite, on s’imagine qu’il etait un de vos superieurs et en general on se souvient mieux de ses superieurs qu’eux ne se souviennent de vous! A moins que vous l’ayez vraiment impressionne!
Bonne continuation.
25 juillet, 2011 à 0 h 43 min
tt ou bp a été dit avant c’est un petit bijou ce billet et comme les autres je l’attendais depuis longtemps… pour la clope : ancien fumeur et maintenant drogué aux nic*rette menthe je me suis promis de ne pas faire de reproche là dessus à un ou une adulte même si elle a des couettes
bravo jaddo
25 juillet, 2011 à 0 h 53 min
Ginette a une plume bien affutée et n’est pas rasoir. La perfection au féminin ! Je me sens mieux après avoir lu votre blog : merci pour la consultation ;-)
25 juillet, 2011 à 10 h 16 min
Ginette, dis, mais moi il me reste une question, je croyais avoir la réponse à la fin, mais nan : comment va mamie ?
25 juillet, 2011 à 10 h 29 min
Et Ginette s’est évanouie.
Très chouette billet, qui m’en a fait découvrir d’autres excellents (« c’est cassé » huhu j’en rigole encore)
C’est là que je me dis qu’acheter le bouquin serait une bonne chose, parce que je suis loin d’avoir tout lu ici ;)
25 juillet, 2011 à 10 h 35 min
J’ai découvert le blog il y a quelques jours, et ça a été un vrai plaisir de le lire depuis le début !
C’est d’ailleurs amusant de tomber sur le blog à partir d’un billet de Maître Eolas et de voir quelques jours après la jolie couverture que Boulet a fait !
25 juillet, 2011 à 12 h 37 min
Bon ça devient flippant là, parce que, moi, j’ai Bernard. Et j’te jure que j’invente rien.
Bernard il est gentil, il aime les gens, il respire les marguerites et fait des bisous aux écureuils quand il se balade en forêt (pouah !). Bernard est vraiment un type attachant, mais il a des idées à la con.
Un dimanche de juin, Bernard a l’idée d’aller faire du roller à contre-sens sur le triangle de Vincennes. Oui, parce que les connaisseurs savent bien que la section à double sens est défoncée d’un côté.
Arrive ce qui devait arriver, Bernard percute de face et de plein fouet un bambin de 5 ans sur son vélo. Bernard se ramasse joyeusement, Clément aussi. Clément pleure, le papa de Clément m’invective chaleureusement (si j’avais été à sa place je crois que je me serais sauté à la gorge), et moi je sais pas trop où me foutre. Bernard est pas mal intentionné, il a juste des idées à la con. Je me confonds en excuses, je tente de consoler Clément qui entre deux hoquets arrive à renifler juste assez pour refouler le filet de morve qui lui coule bientôt du nez sur cinq bons centimètres.
Le papa demande deux fois si je vais bien. Je jure mes grands Dieux que je vais m’en remettre, les deux fois. Et puis mon pote et moi, on se casse.
Deux cents mètres plus loin je vérifie par acquis de conscience que je vais bien m’en remettre. Je fais tout comme dans les films, avec les yeux écarquillés, en me passant les mains de haut en bas sur le corps pour vérifier qu’il n’y a pas de poutrelle en béton plantée quelque part. Ah bah si tiens, juste là, sur l’extérieur de mon tibia, hé bah maintenant ya deux trous pleins de rouge avec un truc blanc au centre qui ressemble vaguement à l’os.
J’te passe l’épisode où je remue pendant 45 minutes ciel et terre dans mes papiers afin de mettre la main sur mon attestation de mutuelle 2011. En vain. « Bon aller, on va aux urgences de la Pitié ».
En fait c’est plutôt cool hein les urgences. On est gentil avec moi, et on est encore plus gentil quand je dis que, moi, vous comprenez, j’y connais rien, je me fais jamais mal (comprendre : je souffre habituellement en silence de mes conneries sans en parler à mon médecin), et que bon c’est par où la salle d’attente, ah j’y suis déjà, merci bisous, vous êtes vraiment trop gentils ici, et on peut payer en carte, ah ya rien à payer de suite, ah bon d’accord, bon bah je m’assoie hein.
50 minutes et 5 patients plus tard, je rencontre Ginette (mais c’est une autre apparemment). Elle est toute gentille, elle sourit quand je lui raconte mon histoire de la journée, elle regarde la plaie et dit quelque chose comme « Ah oui en effet c’est réussi ». Bernard lève les bras au ciel et se remet à taper du tambourin dans ma tête. Bernard est fier parce qu’il a pas loupé son coup et même que c’est le docteur qui le dit. Et ya pas à dire, quand une nana vous dit, avec son badge de docteur, sa blouse blanche de docteur, ses stylos de docteur, et son regard de docteur qui sait des trucs que tu sais pas, que c’était pas malin, bah on acquiesce et on dit « Oui docteur, je sais, mais vous comprenez c’est à cause de Bernard ». J’ai lu dans son regard que je l’avais perdue sur cette dernière phrase et que je ferais bien de me taire pour pas qu’on me fasse le dépistage de la maladie de la folie dans la tête.
Elle inspecte, les plaies sont ni-ckel. Bien nettes, les berges sont bien propres, non décidément j’ai fait du bon boulot. Elle a l’air contente, et je sais pas trop pourquoi mais du coup je suis content aussi. Elle comprend très vite que j’ai pas l’intention de regarder fixement le mur en soufflant : j’aime regarder les gens travailler avec leurs mains, même si ça implique me planter un hameçon de pêche dans la jambe droite.
« Vous avez senti ? » « Heu, hmmmm, non ? » « Parfait » (youpi j’ai trouvé la bonne réponse). Elle enchaine, et en fait si j’avais un peu senti quand même. Mais bon Bernard dit « si Rambo peut se faire des sutures de 5 mètres avec des lianes, tu peux la fermer pour deux points et demi non ?! ». Elle bosse bien Ginette, elle s’applique. Bernard suggère qu’on la bouscule un peu histoire d’être sûr d’avoir une cicatrice.
« Bon et pour le tétanos, vous êtes à jour ? » « Heu je sais pas. Je sais plus. Je l’ai su hein, mais j’suis pas sûr alors bon je préfère pas dire de bêtise ». « Mince j’ai pas assez de sang, je vais devoir repiquer ; vous voyez ‘faut remplir la pipette », bordel une piqûre dans le doigt ça fait vachement plus mal qu’un double trou dans la jambe, c’est normal docteur ? Je souris, je plaisante en disant que je comprends pas trop qu’elle fasse autant de nouveaux trous qu’elle en rebouche, et j’attends que ça se passe. Youpi elle a assez de sang !
Elle s’en va faire ses affaires de docteur, et plus tard une gentille dame passe et me demande qui j’ai vu avant de me confirmer que je peux me rhabiller. Mince, j’ai même pas regardé son nom sur sa plaque de docteur. « Heu bah c’est une fille avec les cheveux châtains ». Merci, dJe, tu gères de la description.
Je m’en suis en allé, sautillant comme jamais. Ginette, elle a été gentille avec moi. Bernard était tellement content qu’il a essayé de me faire tuer par une ambulance sur le parking pour revoir le docteur.
J’aime bien quand tu racontes des histoires. J’ai envie de te dire que c’est mal que tu en racontes de moins en moins, mais mon petit doigt me dit que c’est pas forcément mauvais signe.
La bise.
25 juillet, 2011 à 14 h 17 min
Mais au bout d’un moment faut arrêter… et écrire un livre… parce que vraiment c’est un délice de vous lire !
25 juillet, 2011 à 14 h 21 min
Trop beau.
25 juillet, 2011 à 15 h 50 min
1) Eric D fait allusion à un tweet récent qui disait « Dans Grey’s anatomy, ils se battent pour avoir les cas graves. Moi je me planquais dans les chiottes en priant pour que ça ne soit pas moi. »
Et non, non, je me planque toujours. Pas dans les toilettes, mais je me dis toujours « Pourvu que ce soit une bête constipation », jamais « Ahahah, je crois que j’ai mis le doigt sur un cancer ! ».
Je me cache dans les cases de ma tête.
2) Nanou : bah si, ça existe pour de vrai. C’est un signe de psoïtis, comme la douleur à la marche. C’est tout pareil que de faire sauter à cloche-pied. http://www.vermeil.info/urgences/gastrologie/appendicite%20aigue.htm
3) John Snow : T’y connais rien John Snow. Mauvais présage toi-même.
4) Gens qui parlent de livre : il y a effectivement un livre en préparation, la sortie est prévue le 06 octobre. Pas d’inédit prévu, les textes du blog, en juste un poil mieux.
Mais il faut l’acheter quand même, parce que l’ordinateur c’est dur à amener aux toilettes.
(et une très belle préface de M. Winckler qui me fait le double honneur de en plus venir dire des trucs gentils ici, qui est un deuxième argument de poids)
5) Edwige : je l’ai remis après coup. Je suis terriblement mauvaise physionomiste. Je m’améliore dieu merci pour les patients, mais en dehors du cabinet je suis une catastrophe.
C’était effectivement un supérieur, que j’avais vu plusieurs fois. (il en allait des chefs comme des externes : parfois là « pour de vrai », parfois là « de passage », donc on se croisait plus ou moins souvent, sans être tous les jours ensemble trois mois durant….)
6) Blogueuse égarée : ah oui, des fois j’oublie que tout le monde n’est pas sur Twitter. Grand-mère est morte cette fois-là, c’est gentil de poser la question. Et gentil de s’en désoler et inutile de le dire ;)
7)dJe : j’adore cette histoire. Merci beaucoup.
8) Tous les autres : mais la vache mais putain mais merci !! Ca suffit maintenant.
25 juillet, 2011 à 16 h 16 min
Bon du coup ‘faut s’inscrire sur Twitter c’est ça le délire ?
25 juillet, 2011 à 16 h 37 min
Waoh, c’est vraiment fou ce que c’est bien écrit et juste. la Ginette en moi se reconnait parfaitement.
C’est normal d’être jalouse d’un billet de blog sinon? Je ne croit pas que quiconque se souvienne de moi dans 6 ans, vous deviez pas etre une externe ordinaire.
Continuez surtout, continuez à faire des billets comme ça, c’est thérapeutique. Je reviens les lire 4, 5, 10 fois, je connais tout par coeur mais j’acheterai le livre c’est sur (pour les toilettes puis aussi pour offrir, moi qui n’ai jamais d’idée de cadeau c’est parfait)
Je connais des gens qui on choisi médecine G après avoir lu « la maladie de Sachs », moi si je choisi médecine G dans 2 ans, vous n’y serez pas pour rien. (je dis pas encore merci, j’attend de voir ^^)
25 juillet, 2011 à 18 h 00 min
Ca doit être dur de s’entendre dire que si on arrête de fumer, on fera partie de ces gens parfaits, sans défauts, à qui tout réussi.
Cela risquerait de briser les espoirs, et les futurs défis de Ginette, de l’habituer à des succès continuellement à cause de cette perfection
Du coup, tu dois te sentir obligé de continuer de fumer. :)
25 juillet, 2011 à 18 h 22 min
Oulàlà alors ce blog (découvert sur un blog d’avocat) se retrouve, dès le premier billet, dans le haut de mes favoris. J’ai adoré la chute, j’ai éclaté de rire au bureau.
25 juillet, 2011 à 18 h 23 min
Après toutes les horreurs que tu as pu écrire sur les chirurgiens à gourmette et gazon sternal after-shavé, on le croit pas !
25 juillet, 2011 à 20 h 19 min
Un coté « la boucle est bouclee » dans ce billet. Et rappel des episodes précédents. La conclusion du bouquin ? ^^
25 juillet, 2011 à 23 h 00 min
C’est marrant, quand je lis cette note (tant attendue), j’ai l’impression de me voir en garde dans mon CHU…
26 juillet, 2011 à 0 h 13 min
comme à chaque billet de ce blog découvert par hasard, un très joli moment de lecture, un grand pouvoir évocateur :)
26 juillet, 2011 à 1 h 45 min
Cette note a réveillé de nombreux souvenirs… Merci.
26 juillet, 2011 à 11 h 07 min
Bon rétablissement à votre mamie.
Il semble que l’objet de la note ne soit pas la santé de votre grand mère, comme on aurait pu le penser en attaquant sa lecture.Il ne me semble pas non plus que le coming out sur l’existence de Ginette et de sa fierté soit la raison principale du post, ce n’est qu’un moyen de nous signaler que vous commencer à penser à l’éventuelle idée d’arrêter de fumer.
Si je ne me mets pas le doigt dans l’oeil, alors prenez votre temps, l’idée doit faire son chemin, doit exister en vous et y faire sa place, jusqu’à ce qu’un jour, après peut-être une ou plusieurs tentatives pénibles et infructueuses, ça se fera naturellement. Faut pas se biler avec ça.
26 juillet, 2011 à 11 h 57 min
Juste pour vous dire que j’adore vos articles qui me font pleurer de rire et d’émotions !!
26 juillet, 2011 à 12 h 13 min
Moi je l’aime bien Ginette, j’en ai une à moi aussi… Dans un autre registre, mais je la connais bien! C’est celle qui était trop fière d’être enfin la maîtresse, mais qui n’en menait pas large à sa première rentrée. Celle qui respire à bloc dans sa classe chaque premier lundi de septembre avant d’ouvrir la porte, qui râle après les corrections, mais en même temps ressent une petite fierté à dire « non, je sors pas, j’ai mes bulletins à faire » en soupirant… Elle se torture certaine nuit à propos d’un tel ou d’un tel, et je la retiens certains jours de casser la gueule à ce parent dont l’enfant vient de nous avouer qu’il avait souvent la main leste… Mais qui meurt de fierté quand on lui dit « Maîtressssssssssssssssssssseee, est-ce que…. »
Jaddo, ta Ginette me parle, même si bien évidemment, mon registre est bien plus modeste que le tien. Il faut l’entretenir sa Ginette, parce que j’ai bien peur que le jour où elle ne sera plus là, c’est que l’envie sera passée…
26 juillet, 2011 à 13 h 05 min
@ Sabrina:
Ton registre n’est pas plus modeste, et les Ginette des instit de mes fils, ben je les aime !
« Science sans Ginette n’est que ruine de l’âme »
26 juillet, 2011 à 15 h 41 min
Bonjour,
Je passe ici un peu par hasard, en suivant un lien trouvé chez Eolas… alors je découvre, le lis ce billet, j’aime bien, donc je furète, je me promène, j’en lis d’autres…et j’aime de plus en plus.
Je reviendrai, et ce ne sera plus par hasard.
26 juillet, 2011 à 16 h 43 min
ah bha ouais vu sous l’angle du psoitis…
Sabrina : la Ginette des instit… je me suis toujours demandée si l’achat de son premier stylo rouge c’était le kif ?
26 juillet, 2011 à 22 h 16 min
comme d’hab, j’adore mais celui-la encore plus !!
Dis moi, Ginette elle a fait une crise cardiaque de joie là non? mdrrr
27 juillet, 2011 à 14 h 35 min
J’ai découvert ce blog il y a deux jours… et depuis, j’ai lu avec un énorme plaisir toutes les archives ! Je viens de finir là (c’est qu’il y a pas mal d’articles quand même) et je voulais juste dire que j’ai adoré ! Merci, donc, pour ces 2 jours de petits plaisirs :D
27 juillet, 2011 à 15 h 33 min
@Nanou…. Ouais, puis j’aime bien l’avoir toujours dans mon sac, et au moment de signer un chèque faire « désolée, je n’ai que celui là! ».
Je suis comme une gamine lors des courses de rentrée, pire que ma fille avec son nouveau cartable!
27 juillet, 2011 à 23 h 37 min
Il n’y en a que pour Ginette, et c’est bien normal. Mais je dois dire que je suis tombée sous le charme de Bernard.
28 juillet, 2011 à 11 h 08 min
JE vous adore jaddo et vous lis avec plaisir
mais je m’insurge contre la « connerie d’entorse »
c’est peut-être la routine aux urgences les entorses mais la dernière fois que j’y suis allé pour ça sur le conseil de ma généraliste, ils ne m’ont même pas examiné le pied et ils ont noté « entorse au niveau de la malléole » alors que c’était le 5ème métatarse qui était atteint et ils n’ont pas vu non plus la petite fracture à la radio?!?
alors à quoi ça sert qu’on aille vérifier aux urgences que ce n’est pas grave si c’est tellement banal qu’on ne vous examine pas correctement
j’avais été mieux traité aux mêmes urgences pour une pyélonéphrite, faut croire que c’est plus amusant à traiter
(j’avoue que je suis encore plus fâchée sur moi-même, qui n’ai osé rien dire, rien faire face au médecin tout puissant)
28 juillet, 2011 à 21 h 36 min
Jaddo, et Martin Winckler, je vous aime, tout simplement parce que vous me rappelez à chaque fois que je vous lis pourquoi je fais ce métier et quelle satisfaction j’ai à le faire..
Et c’est comme un Mars, ça repart..
Mais juste, écrivez plus souvent.. Parce que aujourd’hui, j’avais décidé d’arrêter la médecine libérale et il était moins une..
28 juillet, 2011 à 22 h 13 min
A peu près rien au monde ne me rend plus fière que les messages qui disent « Tu m’as donné envie de continuer » ou « Tu m’as donné envie de choisir médecine générale ».
Ni plus heureuse.
Merci.
29 juillet, 2011 à 9 h 21 min
Superbe billet, on vibre quand on entend « vous étiez ici il y a longtemps », encore plus quand on entend « une EXCELLENTE externe » …
Ca doit remuer les tripes.
Continue, j’aime beaucoup ce que tu écris. Mon généraliste adorerait…
29 juillet, 2011 à 18 h 26 min
Si rien au monde ne vous rend plus fière ni plus heureuse alors moi aussi vous m’avez convaincue de choisir médecine générale!
Au départ je voulais faire chirurgien ou neurologue mais « La maladie de Sachs » m’a fait changer d’avis et grâce à ce blog je persiste et veux encore plus devenir généraliste!
Quand un nouveau billet parait, je prends mon temps pour le lire et faire durer le plaisir et lorsque j’ai fini je le relis encore :)
29 juillet, 2011 à 22 h 59 min
moi aussi j’ai jamais réussi à faire de la belle mousse jaune avec la Bétadine! Moi auusi j’ai passé des nuits mémorables aux urgences, en particulier les 31 décembre…Ginette, on a du se croiser au hasard d’une salle de repos sur un canapé défoncé. Merci pour tes mots toujours aussi savoureux
30 juillet, 2011 à 10 h 18 min
Medecine men
Reviens !
30 juillet, 2011 à 15 h 48 min
Medecine ne reviendra plus …
»…patient de 65 ans, suites de résection prostatique, sondé, hyperagité dans son lit, rouge et bleu, ça dépend d’où qu’on regarde, hyperalgique, hyperfébrile, hypertachycarde, hyper-en-train-de-me-faire-son-infarctus-sur-choc-septique-sur-pyélonéphrite-compliquant-la-chir !!!!… »
il eu le malheur de croiser lilotte sur sa route
R.I.P
30 juillet, 2011 à 23 h 33 min
:) Mes Chers Amis!
31 juillet, 2011 à 18 h 31 min
ginette je la connais aussi… c’est elle qui avait spécifiquement demandé la garde du 24 décembre sa première année d’externat en me faisant dire que c’était « pour arranger les autres » mais avec la secrète jouissance d’avoir dit à mes parents que je ne pouvais pas passer Noël avec eux cette année là parce que j’étais de garde… ;)
bravo et merci
(et je pense que c’est aussi un peu grâce à ces belles histoires vraies que j’envisage de plus en plus la médecine libérale…)
1 août, 2011 à 8 h 35 min
J’aime pas twitter. D’abord, parce que je fais partie des fossiles qui trouvent qu’un téléphone, ça sert à téléphoner, et qu’écrire, ça ne saurait se résumer à X caractères tapés sur un clavier où les touches ne sont pas rangées dans un bel AZERTY.
Et puis, pour éviter d’y comprendre que couic, il faudrait follower tous les followés de ses followés.
Ça n’a plus de fin…
Alors, oui, vivement le 6 octobre, parce que même si je les ai tous déjà lus 5 fois en moyenne, retrouver tout ça sur du vrai papier – et avec M.W. en bonus, mazette, je l’apprends ou je l’avais oublié, mais c’est carrément le nirvana, cette affaire – imprimé avec de la vraie encre, ben oui, j’en bave d’envie et d’impatience.
Et encore tout plein de mercis…
Dis, tu me le dédicaceras pour Noël ? (ça, c’est de la gourmandise ;-))
1 août, 2011 à 14 h 03 min
Excellent, comme d’habitude! Et longue vie à Ginette! :-))
1 août, 2011 à 15 h 01 min
Comme plusieurs autres apparemment, j’ai découvert ce blog il y a quelques jours suite à la lecture d’un billet chez maitre Eolas.
Son blog me faisait regretter de ne pas avoir au moins un minimum de connaissance en droit. Le votre provoque la même réaction dans le domaine médical.
Quel dommage de ne pas pouvoir enchainer les années d’études dans des domaines variés…
Bien sur je ne regrette pas mes études en informatique, je n’aurai pas pu vivre sans elles :) Mais il y a tellement d’autres connaissances que j’aimerai avoir.
Vous le savez déjà bien sur, mais ce qui attire autant de lecteurs, c’est la passion que vous avez pour vos arts respectifs, un certain perfectionnisme et, bien sur, ce désir que vous avez de partager vos connaissances et expériences.
Merci donc de nous faire partager votre passion. J’espère que vous avez, dans votre entourage, des gens aussi passionnés que vous dans tous les domaines de la vie courante. Un garagiste qui saura réellement s’occuper de votre véhicule, un informaticien qui vous expliquera ce qu’il faut ou ne faut pas faire avec un ordinateur et pourquoi, un coiffeur qui saura adapter sa coupe à votre visage, un boucher qui saura vous conseiller les viandes les plus tendres etc.
Longues vies à toutes les Ginettes du monde, quelque soit leurs métiers.
3 août, 2011 à 0 h 36 min
Mais ouais, arrête de fumer ! :)
@Dje, tu crains ^^
3 août, 2011 à 19 h 36 min
juste en finissant ma journée je viens de découvrir votre dernier billet par l’intermédiaire de twitter, par l’intermédiaire de maitre Eolas, par…: je vous adore, merci pour le sourire et la larme à l’oeil ;-)
une pharmacienne adepte de twitter..
4 août, 2011 à 4 h 00 min
D’un côté la jaddo twitte qu’elle n’arrive pas à pondre sa 4e de couv, et puis on va sur son blog, et on découvre ce texte génial.
Il est un peu long certes pour une 4e. L’extrait que j’ai envoyé par mail, par exemple, ou un autre. Pourquoi chercher plus loin ? Ça résume tout, et ça donne envie de tout lire.
4 août, 2011 à 11 h 44 min
Je suis ce blog depuis un bout de temps, et je vous suis aussi sur tweeter et je me permet de donner un avis (qui visiblement est partagé par hippakaros).
Ici, ça commence cash, c’est brut, on rentre dans l’histoire dès la première ligne de chaque post, et c’est ça qu’on aime.
Pour la 4ème de couv., c’est ce qui me donnerais envie acheter, d’en lire plus.
J’aurai vu votre 4ème commencer par « le jour ou j’ai su que j’allais devenir médecin […] » ou « Mon premier jour en fac de médecine […] » ou même par une courte anecdote.
La 4ème que vous nous présentez sur Tweeter, ce n’est pas votre style, on dirait qu’elle a été écrite par quelqu’un d’autre. Ce n’est pas naturel ni plein d’émotions comme ce que vous nous offrez habituellement.
Quand on parcours ce blog, on lit une passionnée qui retranscrit tellement bien son vécu que l’on rit, on pleure, on s’agace avec elle! Quoi de mieux pour donner envie aux gens de vous lire?
C’est mon premier post ici et je tenais à vous remercier de partager votre expérience avec nous, c’est un réel bonheur de vous lire.
Une future infirmière.
4 août, 2011 à 17 h 13 min
Je partage l’avis d’Elaya. Moi pour la quatrième de couv je pensais à un post de 2007 que je trouve parfait pour expliquer plein de choses et donner l’envie au lecteur:
»
Juste après dresseuse d’ours
15 octobre, 2007
Juste avant d’être médecin, je voulais être dresseuse d’ours.
Autant dire que ça remonte.
Je me souviens étonnamment précisément du jour où j’ai décidé de ma carrière.
J’avais quelque chose entre 6 et 8 ans, et j’ai eu la révélation un matin dans la salle de bains.
Réveil difficile, complètement éblouie par la lumière, je me rends compte qu’en fermant un oeil, un seul oeil, je ne suis plus éblouie.
Et, c’est le cas de le dire, c’est l’illumination.
Ce n’est donc pas mon oeil, mon oeil lui-même en tant qu’organe qui est ébloui, c’est, quelque part derrière, la somme de mes deux yeux. Je ne suis pas éblouie dans mon oeil, je suis éblouie dans la somme de mes yeux. Mes yeux s’additionnent, se croisent quelque part, derrière eux, dans ma tête, et c’est cet endroit là qui est ébloui.
MES YEUX SE CROISENT QUELQUE PART DANS MA TETE !!!
A 7 ans, se rendre compte un matin qu’on a les yeux qui se croisent dans la tête, ça fait un choc. Il fallait tirer ça au clair, il fallait être neurochirurgien.
Au diable ma pourtant prometteuse carrière de dresseuse d’ours.
Ensuite, j’ai appris qu’on pouvait apprendre comment ça marche dans la tête sans faire de chirurgie, et j’ai décidé d’être neurologue.
Ensuite, j’ai appris qu’on ne savait pas vraiment au juste exactement comment ça marche dans la tête, et j’ai décidé d’être médecin.
Ensuite, bien plus tard, après quelques déconvenues hospitalières, j’ai eu la chance de croiser deux médecins généralistes, qui faisaient de la vraie médecine et qui brillaient d’une vraie flamme, et, nouvelle illumination, j’ai décidé d’être généraliste.
Pour le moment, je ne regrette rien.
»
On dirait qu’en 2007, tu avais, pardon, vous aviez écrit ça pour en faire une quatrième de couv en 2001.
Quelque soit le texte que vous choisirez, je souhaite bon vent à votre livre.
4 août, 2011 à 17 h 15 min
en 2011 bien sûr, pas 2001
4 août, 2011 à 17 h 48 min
@Bruno oui j’aimais bien ce passage aussi, qui a l’avantage d’expliquer le titre. Mais il est moins représentatif du blog…
Autant laisser au lecteur découvrir la raison du titre. Encore un peu de teasing !
4 août, 2011 à 21 h 52 min
Yes Bruno ! C’est à ce post là exactement que je pensais mais j’ai pas pris le temps de chercher, je trouvé également que ce serait parfait un 4ème de couv !
Et même si ça dévoile le pourquoi du comment de ce titre étrange, pour moi ce n’est pas grave, ca donne très envie de lire la suite!
4 août, 2011 à 21 h 54 min
A la limite, pour garder le suspense entier, ca peut très bien commencer une ligne plus bas!
4 août, 2011 à 22 h 00 min
Bon vous êtes tous merveilleux, hein.
Les retours sont super convergents.
Le texte qui explique le titre, le problème, c’est que je l’ai mis en ouverture du bouquin.
Et moi, les bouquins qui ont le 4ème de couv comme le premier chapitre, ça m’agace.
Merci à tous. Genre fort plein, tout ça.
5 août, 2011 à 9 h 04 min
Bravo! c’est magnifique!…. et surtout grosse bise à Ginette ! (chez moi, c’est Robert…)
5 août, 2011 à 20 h 04 min
Fumer c’est maaaaaaal, voyez?
Pis ça fait les dents jaunes.
C’est bien, si on a des rideaux jaunes pour aller avec par contre.
5 août, 2011 à 22 h 36 min
( juste en passant )
Putain ! trois semaines que Guy me tanne et me lâche pas pour cette foutue 4ème de couv’ !
J’sais pas quoi mettre moi, comme si écrire le mini-synopsis de mon bébé allait ipso facto le vider de toute substance et mettre fin à l’aventure ; la crainte de pondre un truc naze aussi et faire glisser l’œil de mon futur acheteur ( euh pardon ! lecteur ) vers un autre bouquin mieux écris, mieux placé dans la vitrine, plus flashy avec sa couverture rose fluo, et tout ça ; l’angoisse de la victoire en somme quoi !
Pouf ! pouf ! comme dirais l’autre , on s’y attelle quand même, j’aime pas trop faire la pute non plus mais faut bien jouer les règles du jeu ; et que dire de mes bloggeurs ; c’est que je m’y suis attaché à ces enfoirés : les gentils ( la majorité ) , les chiants , les horripilants et les hors sujets…
Ne pas oublier de remercier les parents, ma nounou, mes Maîîîîtres ( ! ) , l’appariteur qui m’a laissé rentrer alors que le concours allait démarrer, le conducteur de bus qui me déposait tout les matins au pied de la fac en arrêt minute non prévu, putain je vais en oublier…, et puis aussi tout mes patients ‘’avec qui mes rapports furent aussi riches qu’enrichissants’’ ( comme disait Binet ) …et puis aussi l’autre, là ,oui , l’ours qu’est toujours pas dressé et mets toujours ses doigts dans son nez.
Bon on y va :
Cher lecteur- euh non – cher futur lecteur, en ouvrant cet humble opuscule, ne t’attends pas à trouver la recette de la guérison du cancer du bras gauche, non, non, non ! simplement quelques tranches de vie ( et de mort ? je sais pas si je mettrai ça, ça risque de les effrayer ! ) d’une petite étudiante en médecine bien campée sur ses deux couettes et le regard vif qui va tenter de te faire partager les émotions contradictoires qui l’ont animé pendant son parcours médical ( long et douloureux ? ça ferait ‘’roots’’ peut-être ) pour devenir ce conglomérat de science et d’humanité , de succès et d’échec, de lucidité et d’aveuglement, d’empathie et d’ignorance qu’on finit par appeler ‘’médecin’’.
Un peu pompeux, mais bon Guy devra s’en contenter.
Ou plus direct peut-être :
LISEZ CE LIVRE BORDEL DE MERDE, C’EST DE LA BOMBE !
Mais je suis pas sûr…
6 août, 2011 à 1 h 46 min
Genial votre proposition cardiologue de brousse!
6 août, 2011 à 10 h 41 min
merci…
6 août, 2011 à 13 h 26 min
Aaaaaaah Ginette… Je la connais bien, j’en ai une à moi aussi ! Une qui saute dans tous les sens comme un zébulon lorsque je fais le bon diagnostic, lorsque des patients la remercient, les bons jours quoi, et la même qui boude et qui me tappe quand je me plante…
Merci pour votre blog et pour chaque nouveau post qui me parlent tant !
6 août, 2011 à 16 h 38 min
Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ;
6 août, 2011 à 16 h 59 min
(…) Bientôt minuit. C’est l’instant où le malade, qui a été obligé de partir en voyage et a dû coucher dans un hôtel inconnu, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour. Quel bonheur c’est déjà le matin! Dans un moment les domestiques seront levés, il pourra sonner, on viendra lui porter secours. L’espérance d’être soulagé lui donne du courage pour souffrir. Justement il a cru entendre des pas; les pas se rapprochent, puis s’éloignent. Et la raie de jour qui était sous sa porte a disparu. C’est minuit; on vient d’éteindre le gaz; le dernier domestique est parti et il faudra rester toute la nuit à souffrir sans remède.
7 août, 2011 à 0 h 21 min
http://www.youtube.com/watch?v=MbNu6LY5sMY
7 août, 2011 à 12 h 41 min
Sérieux, premier patient à minuit le jour de la première garde ? mais moi mon premier patient le jour de ma première garde, je l’ai eu à 10h du matin ! J’ai vraiment des urgences pourries dans mon CHU…. horaires de garde : 13h30-8h30 et la première fois faut venir le matin en plus pour se « familiariser »… :'(
7 août, 2011 à 16 h 46 min
Rah, merci CdB :)
Isabelle, j’ai pensé à toi, y a un bel espace tout neuf à côté :)
On pourra garder les blablas sur le livre pour ailleurs que n’importe où et je pourrai vous tenir au courant même sans Twitter. Et pour la dédicace, on va moyenner un truc ;)
Et merci à tous à nouveau.
8 août, 2011 à 17 h 55 min
J’aime beaucoup ce que vous faites, et je m’y retrouve, Ginette comprise.
D’ailleurs, simple curiosité, Ginette avait elle trouvé l’âme soeur ? Son compagnon de route (sexe indifférencié), celui avec qui elle complétait tout le tableau de garde de Noel à Nouvel An, les ponts, les courses moto, les festivals ?
Etre Ginette, c’est grisant, l’avoir été à deux c’était une expérience hors du réel et des émotions intactes presque dix ans après.
Nous nous sommes débarrassés depuis quelques années de nos alteregos accros à la nuit blanche, chacun en changeant de « spé », (parce qu’on a cette chance en tant que généraliste !). L’amitié est restée.
Mais de temps à autre, on les entend gratter à la porte. Je redoute qu’un jour, ma Ginette finisse par se débarrasser de moi.
Au plaisir de vous lire
16 août, 2011 à 18 h 43 min
Juste parfait…
Ginette au masculin ca sonne quoi comme nom ?
27 août, 2011 à 11 h 55 min
@Nerf X : Gino. Tu dors, ou bien ?
3 septembre, 2011 à 19 h 32 min
Amené, enlevé, ciselé au petit poil.Merci de nous offrir ces instants de pur plaisir.
Merci de venir les poser comme un cadeau au pied d’un blog qui rougit de fierté de les recevoir.
Donatien Le Furtif
2 octobre, 2011 à 19 h 45 min
[…] la rassurer, et aussi parce que j’ai une petite voix en moi (celle de Jaddo s’appelle Ginette, la mienne n’a pas de nom…) qui me susurre que c’est avec ce genre de patient […]
3 octobre, 2011 à 9 h 02 min
[…] d’autre part parce que j’ai une petite voix en moi (celle de Jaddo s’appelle Ginette, la mienne n’a pas de nom…) qui me chuchote que c’est avec ce genre de patient […]
18 octobre, 2011 à 8 h 22 min
[…] une feignasse qui ne passe pas assez de temps à l’hôpital ? La Ginette en moi ne me pousse pas assez à prendre plus de gardes ? Est-ce que je passe à côté de super […]
13 février, 2012 à 9 h 56 min
Externe en fin d’externat j’ai lu ton post avec beaucoup d’admiration et d’envie. C’est trop beau. Je rêverai pouvoir laisser un telle trace dans un service !! Bon j’avoue que j’ai aussi paniqué « quoi c’est quoi ce signe d’appuyer sur le talon ???? Viiiiiiiiite item appendicite ! »bon c’est pas tout mais je dois retourner bosser pour être un super externe et un futur super docteur j’espère !!
5 septembre, 2013 à 21 h 54 min
Ouaou… :’) cette histoire est magnifique :) J’ai adoré!!! :D
9 septembre, 2013 à 13 h 07 min
[…] ..s’était résigné à se dire « Faut que j’en parle aux parents ». Le radiologue avait tiré plusieurs clichés, comme toujours, et les internes et les externes se les étaient partagés en rigolant, et j’avais… Cliquez ici pour acceder à l’article […]
2 août, 2014 à 22 h 21 min
[…] jour du choix des stages, c’est ma Ginette (tu l’as tu vue ma référence ? ) à moi qui a parlé, et qui a décidé qu’il fallait […]
31 octobre, 2014 à 23 h 31 min
En ce moment, c’est à mon tour de faire mon premier stage d’externat…
Il y a des hauts (petit bout de chou de 2 ans qui te décroche un sourire à craquer alors que tu viens de la torturer pour l’examiner en regardant sa bouche/ses oreilles), et puis des bas aussi (le PH qui te rappelle ta médiocrité au nez à la moindre occasion quoi que tu fasses)…
Alors quand le moral flanche, entre co-externes on se « prescrit » la lecture d’articles de ton blog, et ça fait du bien!!!
Merci Jaddo de nous remonter le moral, et ce depuis la P1 <3
18 mars, 2015 à 14 h 57 min
J’ai raté ma P1 en 99. 16 ans plus tard, je ne m’en suis toujours pas remise. J’adore lire votre blog et en meme temps il me fait pleurer, systématiquement… Comment on fait dans ces cas là docteur ?