Pour que le feu reprenne (sic)
20 mars, 2015
J’étais petite. Peut-être en fin d’école primaire, ou peut-être au début du collège.
Une copine m’avait dit avec des grelots de désapprobation dans la voix : « Nan mais elle, elle ferait n’importe quoi pour que les gens l’aiment » .
J’avais ricané, j’avais dit Ahah, la naze.
Et puis en fait je m’étais demandé. Est-ce que c’est si mal ? En fait est-ce qu’il y a au monde un objectif plus noble ?
C’est quoi, en définitive, faire n’importe quoi pour que les gens nous aiment ?
Être gentille ? Être bienveillante ? Être drôle, être attentive, être généreuse ? Est-ce que ce serait pas un peu au fond comme Dieu ? Avec un objectif un peu illusoire, mais un chemin qui fait du bien, et au fond, même si on n’est pas d’accord avec la barbe qu’il y a au bout, la vache, des moyens qui comptent davantage que la fin ?
Bref, j’ai été convaincue très tôt que tout faire pour qu’on vous aime, c’était un putain de bel objectif. Pas honteux. Qui permettrait peut-être une jolie route. J’ai tout imaginé, tout détricoté dans ma tête, et je n’ai pas trouvé un exemple dont découlerait un truc pas bien.
Faire tout pour que les gens m’aiment est même devenu mon objectif. Parce que même si c’était paumé d’avance, ça ferait de moi quelqu’un de pas si mal. (Si l’éternel existe, en fin de compte il voit… oui, voilà, un peu cette idée-là.)(Cliquez vraiment sur le lien, il est extraordinaire.)
Et bêtement j’ai continué avec mes patients.
La « décision partagée », c’est joli sur le papier. Dans ma vraie vie, la décision c’est celle de mes patients.
Trop, et trop souvent.
Non mais non, je peux quand même pas vous demander d’arrêter COMPLÈTEMENT le fromage. (Ce serait trop méchant)
Oui bon, ce serait pas si mal d’essayer de descendre à quatre verres par jour. (Si vous pouvez ?)
Alors quand même je pense que là ce serait pas une erreur de vous hospitaliser. (Si vous êtes d’accord ?)
Et puis les gens peuvent pas aller à l’hôpital parce que vous comprenez ils ont des choses à faire. Et s’ils y vont, qui va s’occuper de leur mère, ou de leur fille, ou de leur chien ? Parce que bon, on peut peut-être essayer les mêmes antibiotiques que la fois dernière ?
Alors moi je dis ok, oui, bon, d’accord, on peut peut-être essayer les mêmes antibiotiques que la dernière fois.
Comme ça les gens sont contents. Ils m’aiment, parce que j’ai été gentille. Et puis je reçois un courrier du mec de l’hôpital qui dit que mon patient est passé à deux doigts de l’amputation, et que j’aurais dû l’envoyer il y a trois mois. Et puis je reçois sa femme entre deux qui a besoin d’un papier quelconque, et qui me dit « Vous savez mon mari il est à l’hôpital, et puis ils ont failli lui couper le pied parce qu’ils ont dit que vous auriez dû l’envoyer plus tôt ».
Et j’ai un neurone qui cabre et qui rue, et qui dit que je lui avais dit qu’il fallait aller à l’hôpital, et que c’est lui qui a pas voulu.
Et puis je me ré-entends. Avec mes « quand même » et mes « peut-être », avec mes conditionnels, avec mon ton de voix qui dit de toutes ses forces « Non mais c’est vous qui décidez, personne peut décider à votre place, dites-moi. ».
Le mec, j’aurais pu taper du poing sur la table. J’aurais pu dire « Non mais là on n’a plus le choix, sinon peut-être on vous coupe le pied ».
J’ai dit « Ouiiiiiiiiiii, bon, il faut vous occuper de votre mère, je comprends bien, mais quand même vous voudriez pas ? »
Il a dit non, j’ai dit bon ok, non.
J’ai eu tort. J’ai eu super tort.
J’ai pas voulu l’embêter, et j’ai pas voulu le déranger, et j’ai pensé à sa mère dont personne ne s’occuperait.
J’ai dit « Bon ok, on va essayer les mêmes antibiotiques que la dernière fois. »
Et bien sûr Voltaire et la médecine me donnent raison.
Y a neuf fois sur dix où il se trouve que le mec a guéri tout seul, ou un peu avec moi, où ça s’est pas fini si mal que ça.
Mais mon boulot, bordel, c’est d’être sûre. De peut-être hospitaliser neuf types qui en ont pas besoin, (et pardon à eux, et pardon à l’équipe hospitalière qui va s’en occuper pour pas grand-chose pendant sept jours), pour un type à qui ça va sauver la vie.
Et je le fais pas. Je m’endors sur les statistiques, je me love dans la couette de la vie qui continue malgré moi. Pour qu’on m’aime. Pour qu’on trouve que j’ai été gentille.
Un peu par réaction aussi. Parce que je suis si entourée de médecins autoritaires et paternalistes, parce que j’ai une idéologie un peu idiote et surtout lâche en définitive, je me mets tout à l’autre bout de la balançoire, comme si ça allait changer les médecins autoritaires.
Sur l’autel de mon militantisme, je sacrifie des patients que j’aurais dû secouer davantage.
Je confonds Jaddo (qui doit prêcher la bonne parole générique) et le DocteurMonNomMonPrénom (qui doit faire ce qu’il y a de mieux pour son patient là maintenant). Je milite pour le choix du patient, et je les laisse faire des bêtises au lieu de taper du poing.
Un jour, sur Twitter, quelqu’un avait dit qu’il y avait pire que les médecins méchants : les médecins gentils et incompétents. Que c’était les plus dangereux.
Je pense qu’il a horriblement raison et que je ne suis pas loin de faire partie de ceux-là.
Parce que je sais que c’est pas terrible une grossesse à 46 ans avec du diabète et de l’hypertension et de l’hypothyroïdie, mais je sais pas les chiffres. Je ne sais pas, par un défaut bête et technique de compétences et de connaissances, à quel point il y a un risque sérieux pour l’enfant et pour la mère. Je sais que c’est pas terrible, je sais que c’est risqué, je sais surtout que tout le monde va la pourrir pour ça et par réaction je la soutiens, les yeux et l’antenne fermés. Je tire le fil de « ça arrive que ça se passe bien » et j’encourage avec toutes les œillères que Dieu fait.
Je pourrais encourager en donnant les cartes. En donnant les chiffres. En disant je sais que vous avez arrêté votre contraception, je vous suivrai et je serai avec vous tout le long de votre grossesse si vous le décidez, mais voilà les chiffres des risques.
Comme je ne connais pas les chiffres des risques et comme je veux que mes patientes soient heureuses de leur grossesse qui peut bien se passer, comme je sais qu’elles vont se faire pourrir pendant 8 mois par des gens qui vont les juger inconscientes, je dis Hourra et je leur serre la main très fort et je tais tout le reste.
Et après, je viens le dire ici, pour qu’on me dise « Tu as eu raison », pour m’endormir de vos soutiens, pour me dire que c’est pas grave et que je suis gentille et que si je suis mauvaise on me pardonne et j’apprendrai plus tard.
Et je vais me coucher en pensant que je suis gentille. Et un jour on amputera mon patient à cause de ma gentillesse.
20 mars, 2015 à 23 h 10 min
Je ne sais pas ou tu vas trouver tous ces mots pour dire ces evidences.. bravo et merci
20 mars, 2015 à 23 h 22 min
La dame avec ses 46 ans et sa grossesse, tu seras sûrement la seule à ne pas lui balancer tous les risques à la figure. Alors oui, il faudra trouver une équipe pour la suivre si c’est trop galère toute seule dans ton coin, mais crois-moi, elle se souviendra de la MG qui a su l’accueillir et se réjouir avec elle.
20 mars, 2015 à 23 h 44 min
Bienvenue au club. On a les défauts de ses qualités, il paraît.
20 mars, 2015 à 23 h 59 min
Je dis toujours que j’adorerais soigner uniquement des patients qui n’ont rien.
Moi aussi, j’ai parfois été trop « gentil », je me suis fait peur. A ma connaissance, je n’ai tué personne. Mais je sais que j’en ai sauvé plein en leur évitant d’être tués par les autres, les « durs ». Alors je me dis que si j’en perd un, le bilan restera positif. Mais je n’aimerais pas…
Un bon médecin voit arriver un patient angoissé et le laisse partir rassuré, en angoissant à sa place.
Les autres angoissent un patient qui ne l’était pas, ou rassurent un patient angoissé en oubliant d’être angoissés eux-mêmes à l’idée d’avoir été trop rassurant, ce qui est dangereux.
21 mars, 2015 à 0 h 04 min
C’est une prise de risque énorme que de laisser faire certaines choses, en effet. Après, le MG a aussi un rôle de maintien du lien entre le patient et sa santé. En pharmacie, y’a pas mal de gens qui ne veulent pas aller chez le médecin voire pire ! à l’hôpital (« Salut je suis tombé et je voudrais une crème pour ma main ! » « Vous avez une fracture, allez à l’hôpital » « Mais non ça ne me fait pas mal ! » « Votre main gauche fait quatre fois le volume de la droite… » par exemple la situation vécue par une topine pharmacienne). Maintenir la confiance et cette relation privilégiée, ne pas braquer le patient est quelque chose de précieux car le jour où vraiment tu devras l’envoyer à l’hôpital, que ce ne sera pas un « peut-être », il t’écoutera plus que si tu le mènes à la baguette avec une suprématie médicale qui est somme toute insupportable. Les gens ont besoin d’être écoutés plus que soignés, parfois. Leur répéter des évidences (je pense notamment à cette grossesse polypath’ et à un âge avancé) c’est pas ce qu’ils attendent… comme toi en publiant cet article, sûrement =]
Tout est question de trouver le juste milieu et d’écouter l’alarme qui résonne dans le bide, le neurone du fond qui dit « STOP, y’a un problème, ça va pas du tout ». Il a souvent raison ce p’tit bonhomme !
Pour avoir vu des médecins dire à des patients ou des familles qu’ils les comprenaient pour aller à l’inverse de leurs souhaits, je respecte les docteurs (souvent des MG, faut pas se leurrer) qui sont là pour la personne autant que pour les pathologies qui la suivent.
Bon courage, MG c’est la ligne de front et vous avez un rôle complexe… et la confiance qu’on peut avoir en un MG n’est pas la même que le respect teinté de crainte qu’ont les patients pour les PH. Ça peut tellement changer l’acceptation du traitement par un patient… bref fighting o/
21 mars, 2015 à 0 h 07 min
….lenatrad a raison… ta patiente de 46 ans elle a aussi besoin d’avoir qq’un qui sait qu’elle est dans la mouise, mais qui sait aussi qu’elle est contente et qui est contente pour elle.
… ton patient qui va surement se faire amputer… qui te dit qu’il y serait allé à l’hosto?? tu penses vraiment que les qui jouent les gros durs sur twitter, qui font jamais mal et qui savent tous les chiffres ont autant d’impact que ça sur leurs patients???? sérieux??? tu y crois??
à la fin la décision leur revient… on leur donne les cartes, oui ça fait x fois que ça part en sucettes avec le ttt appliqué, là je suis dépassée, il faut l’avis des chirs, mettre un Xème antibio ça ne sert pas à grand chose… si à la fin il reste le cul vissé sur sa chaise ( à moins que tu ne le charges toi mm dans l’ambulance.. mais je crois qu’on n’a pas le droit), il lui faut son antibio qd mm…
c’est bien facile qd on est un grand spé à l’abri de son service hospitalier ou tout le monde saute au garde à vous dès que tu fais mine de parler, de critiquer les décisions de l’abruti de généraliste qui gère le patient, la famille, la mère, le chat le voisin en plus du reste…
c’est bien facile pour la femme du patient de rappeler les paroles acides du grand spécialiste… et elle??? elle était ou???
ne te mets pas la rate à l’envers dans le cout-bouillon… sois toi meme…
21 mars, 2015 à 0 h 08 min
Je me reconnais dans tes lignes. On est juste des médecins. On est seulement des humains. Pas des robots, pas des dieux. Personne n a envie d être soigne par une machine. Même si elle ne se trompe jamais.
Et je dirais même plus, ça ne marcherait pas. Parce qu on soigne des humains! Qui ne feraient pas ce que la machine leur dit. Ne pas forcer les gens c est le meilleur moyen pour qu ils fassent ce qu il y a de mieux.
Je me rassure sûrement en écrivant ces lignes, mais je ne sais fonctionner que comme ça. Je fais confiance a mes patients. Sinon je serai vétérinaire ou mécanicienne.
Bon je m arrête la.
Mais j en ai gros sur l’autre patate!
21 mars, 2015 à 0 h 29 min
Toujours un plaisir de te lire, après toutes ces années qui ont aussi été celles où je me suis construit comme médecin, et dans quelques mois, comme MG avec le seal of approval of da’ Faculty!
Merci de partager tes doutes, d’être cette gentille, dresseuse d’ours chasseuse de maux et de bons mots.
« Un patient n’a pas besoin d’un médecin sympa, mais d’un médecin compétent. »
La compétence clé de la med’gé, n’est ce pas l’approche centrée patient (dans la fleur de houblon des compétences, bénies soient ses fermentés appendices)???
Ce que tu appelle être sympa, je comprends » le mec devant moi flippe plus pour sa mère que pour son pied, il a besoin d’une écoute, voire d’un coup de pouce pour trouver la motivation/faire son choix. »
Être gentil avec les gens c’est aussi parler vrai.
« Je ne sais pas quel est le risque, mais il est important. Mon confrère/Prescrire/TutuyutuSanté me dit xx%. Qu’est ce que vous en pensez ?
Quoiqu’il arrive, quelque soit votre choix, ma porte est ouverte. »
Et c’est aussi s’adapter au patient…
En même temps, chère Jaddo, et chers soignants de la toile, si c’était simple, est ce qu’on prendrait autant de plaisir à faire notre job ?
21 mars, 2015 à 0 h 29 min
Bref, les gentils sont un peu méchants et les méchants un peu gentils, donc c’est compliqué.
Mais je ne peux pas croire un instant que vous soyez incompétente.
21 mars, 2015 à 0 h 34 min
J’aime si fort vos commentaires que je vais me taire, tiens.
21 mars, 2015 à 0 h 42 min
Non Jaddo, il faut faire confiance aux patients aussi : ils savent faire la différence entre un médecin gentil mais dangereux et un médecin gentil, respectueux de leur souhaits et soucis.
C’est difficile d’être malade et de ne croiser que des soignants qui, sous prétexte qu’ils « savent », s’octroient des libertés dont eux-même n’accepteraient pas le dixième. Je pense à cet éternel paternalisme, à cette fausse bienveillance pour certains et à l’autoritarisme pour d’autres.
Qui sont-ils, ces médecins arrogants au possible ? D’où tirent-t-ils le droit de décider pour autrui, ou plus exactement d’annihiler le libre-arbitre de leurs patients ? Mais qu’on procède de la même maniere avec eux et on verrait le tollé déclenché au quart de tour !
Non Jaddo, ne change pas, reste gentille. Et finalement si ta gentillesse leur cause un léger tort, il y a toujours le 15 qui vient secourir ceux qui n’ont pas su entendre leur petite voix intérieure qui leur soufflait de vérifier si tout était toujours dans les normes de la Faculté.
Puisse-t-on croiser des clones de Jaddo, c’est tout ce que je puisse souhaiter à tous les patients.
21 mars, 2015 à 1 h 10 min
Oui il est extraordinaire ton lien. :)
Vous êtes peut-être trop gentille, mais vous évitez aussi sans doutes d’inutiles insomnies de stress à des patients … Et la dame aura bien de la chance d’avoir quelqu’un vers qui se tourner pour calmer les angoisses que d’autres vont se charger de lui coller dans la tête pendant sa grossesse.
Et on m’a toujours dit qu’il n’y a que les incompétents qui ne se remettent jamais en cause ;)
21 mars, 2015 à 1 h 19 min
Je pense comme toi. Il fallait l’envoyer avant à l’hôpital. Avant que ça ne tourne à l’osteite. Mais tu sais quoi? On l’aurait soigné sa jambe. Et il y aurait eu quelqu’un pour dire que ta menace de jambe coupée elle était exagérée.
Moi, je suis urgentiste. On essaie de nous opposer les med gé et nous mais souvent on fait face aux memes situations, aux memes refus. Ce n’est pas parce qu’ils ont accepté de venir, qu’ils vont accepter l’hospitalisation. Mais souvent on a un peu de chance parce que vous avez travaillé pour nous en amont. Après je suis une optimiste, hein! Moi je crois en la liberté de choix du patient. J’ai été éduquée comme ça. Et je garde espoir, je crois que de plus en plus de médecins réfléchissent comme ça. Mais je pense aussi que certains ont besoin de plus de fermeté. C’est terrible, c’est à adapter en permanence. Quand je pense à toutes ces années passées à apprendre la médecine… À craindre de manquer le diagnostic ou d’oublier un traitement. Je n’avais pas compris, je ne savais pas que le plus difficile serait de comprendre et d’appréhender en quelques minutes un parfait étranger dans tout ce qui le compose. Et de parvenir à m’adapter.
21 mars, 2015 à 1 h 25 min
Rosen, voulez-vous m’épouser ?
21 mars, 2015 à 1 h 29 min
ah ah ah! Je vais y penser. Mais que dira-t-on ? Un généraliste avec un urgentiste ?!
21 mars, 2015 à 1 h 32 min
Des fois c’est carré ex fracture du col, idirect hosto. Des fois, souvent, c’est pas carré, c’est peut être oui, peut être non. Il faut s’assoir, observer, écouter, prendre le temps. Et puis lentement, sûrement, très précisément, la réponse est claire, je luxe, je luxe pas. Je fais comme ça. Je pose l’hypothèse, par exemple ce mal au ventre pourrait être une ischemie mesenterique, j’ai des arguments pour le justifier, je l’explique et je ne mollis pas.
C’est quand je ne fais pas ça, quand je ne veux pas voir ce que l’état du patient me dit, que le patient lui même me dit, que je n’hospitalise pas, que pourtant je devrais le faire, mais pourquoi je ne l’ai pas fait?, il se peut qu’un jour je regrette de ne pas l’avoir fait. Être gentil ou autoritaire c’est pas le problème. Le pb c’est d’être un médecin, un (assez) bon médecin.
21 mars, 2015 à 1 h 37 min
@rosen
Bah, on arrêtera les colombes en plein vol.
21 mars, 2015 à 5 h 12 min
Merci Jaddo pour ces lignes, elles me rassurent et m’angoissent à la fois. Je m’y retrouve et je me dis que tu as raison, je devrais être moins gentille! Mais comme beaucoup ici, je ne peux pas. Ou je change de plus beau métier!
21 mars, 2015 à 8 h 25 min
moi non plus je les connais pas les chiffres… parce que mes patientes, c’est pas des chiffres… elle est enceinte à 46 ans? ouais, ok, c’est pas terrible, mais elle l’est, alors on va la suivre, on va faire gaffe, et pis si ça merde, on agira tôt pour que ça merde pas trop…
21 mars, 2015 à 8 h 55 min
Médecin en PMI, je fais de la prévention et je suis censée voir des bébés qui vont bien…. censée (sensée ?).
Une consult tous les quart d’heures en pratique. Je n’ai pas tjs le tps de tout faire… sinon je finirai ma consult du matin à 16h, pour faire mes 11 bébés/enfants de la demi-journée.
Mais je me demande toujours si je ne passe pas à côté de qqch, parce que entre l’examen clinique, l’échange avec les parents, les questions à poser…. et bien, il faudrait 1h par enfant idéalement…. idéalement.
Donc, j’ai peur, parfois… j’oublie souvent.
Mais p-être qu’un jour, je me sentirai mal… sans doute, parce que je serai passée à côté de.
A côté de ça, je pense à tout ce réconfort, cette rassurance que j’apporte & l’accompagnement donné à de nbreses familles, souvent en difficulté.
Quel étrange métier nous faisons.
Pour en revenir à ton billet, et à ma pratique de MG il y a qq années… Je m’y retrouve un peu.
Je ne peux m’empêcher de penser à une anecdote : pas la mienne… Qui me résonne dans la tête.
Le gentil docteur que je remplaçais, désespéré avec un patient lui a dit : « si vous ne vous arrêtez pas de fumer, vous n’irez jms au mariage de votre fille ».
A bout, énervé, agacé, désespéré… il a balancé ça, sans réfléchir. Le patient est parti, sans un mot. Le doc s’est dit « merde, je suis nul… » Il a bien tenter les « baisser un peu, fumer qqs-unes en moins », aller voir untel, tenter ceci-cela…
Qq tps après, le patient est revenu. Il a remercié le docteur. Il est allé au mariage de sa fille. En sortant du cab, il a jeté celui qui a été son dernier paquet de clopes.
Il n’y a pas de méthode idéal.
Il y a celle avec qui on est le plus en phase.
Contente de te lire….
Encore :)
21 mars, 2015 à 9 h 09 min
Viens chez nous par pitié , on a un joli cabinet médical tout neuf tout vide , on est plusieurs infirmières très sympas et on essaye toujours aussi que nos patients soient contents , il nous faut un médecin comme toi
21 mars, 2015 à 9 h 16 min
Tu es trop dure avec toi même.
Moi je vois dans ce que tu fais quelque chose de beau.
Tu le repousses car tu pense que tu le fais pour que tes patients t’aiment. Moi je vois quelqu’un qui respecte l’autonomie des humains, y compris à prendre de mauvaises décisions. Ce respect est rare, et important. Tu peux durcir ou étayer ton discours avec tes patients pour le rendre plus acceptable pour toi, mais ce respect, c’est ce qui nous rend humains, non ?
Sur ce monsieur, peux être que ce n’était os la bonne décision, mais tu l’as identifié, tu y repenses et tu à comment faire autrement. Combien de médecins autoritaires, guidés par les chiffres, n’y auraient même plus pensé, en rejetant la faute sur leur patient et en passant à autre chose ?
Moi en tant que lecteur, c’est parce que tu es capable d’écrire comme ça que je t’aime :-)
21 mars, 2015 à 9 h 56 min
Vous faites le plus beau des dons qui soit, celui de votre confiance. Face à vous dans votre cabinet et ailleurs, des personnes et la beauté des échanges qui se tissent dans la parole. Effets secondaires, en retour, parfois, de l’amour. Tant de manières d’être face aux autres mais pour chacun de nous au plus près de ce qu’il est bien des errements et doutes. Avancer quand même. Quant à ce qui capote, si facile dans l’après d’analyser le pourquoi d’un échec et d’en faire endosser la paternité. Ce qui réussit au fond va de soi. Résistez, restez vivante c’est-à-dire prête à apprendre (en vous asseyant sur les statistiques !). Vous lire me fait du bien.
21 mars, 2015 à 9 h 59 min
Jaddo, des médecins qui sont autoritaires, on en a bien assez. Et ceux-là, en général, ils passent à côté de tout, parce que ce qui les intéresse, en fin de compte, c’est eux, pas leur malade. Change rien.
Et pense à ceux qu’on envoie à l’hôpital pour un ongle incarné et qui chopent une maladie nosocomiale et qu’on doit amputer des deux jambes :-)
21 mars, 2015 à 10 h 00 min
Bonjour,
Merci, et restez comme vous êtes.
Je reste persuadé qu’il vaut mieux aller à l’hôpital volontairement et y manquer de se faire amputer, plutôt que d’y aller plus tôt, à reculons, de force, en restant persuadé que ça aurait marché avec les mêmes antibiotiques que la dernière fois, en pensant à sa maman dont il faut s’occuper, en restant persuadé que c’est vraiment des guignols ces médecins qui nous em*** à vouloir prendre aucun risque, etc.
Idem pour la grossesse à risque. Je reste persuadé que la grossesse d’une femme sereine, 45 ans ou pas, diabétique ou pas, a toute les chances de mieux (je dis « mieux », pas « bien ») se passer que pour la même femme qu’on aura fait culpabiliser pendant 9 mois.
Alors je ne dirais pas que c’est être irresponsable de votre part, ni trop gentil/Bisounours. C’est simplement être à l’écoute. « écouter » ce n’est pas penser « parle toujours mon coco, de toute manière, tu vas aux urgences direct », c’est exactement ce que vous décrivez ici.
Dommage que vous ne soyez pas dans ma ville, je passerais plus souvent…
21 mars, 2015 à 10 h 11 min
Ton billet m’évoque certains patients qui m’ont parfois dit: « vous ne me faites pas plaisir » . Je leur répond alors généralement que « je suis surtout là pour leur rendre service. Que c’est différent. »
Et au final, je reste gentille, je comprends leur envie. Je leur explique pourquoi je pense que ce n’est pas raisonnable.
Les patients restent maîtres de leurs décisions. S’ils ne veulent pas des examens/soins/chimio, mon boulot c’est d’être sûre qu’ils ont compris ce que j’en attendais. S’ils insistent…on n’a jamais enchainé personne au radiateur.
L’autre différence à l’hôpital, c’est qu’il y a des fois la famille qui dit l’inverse du patient, et qu’il faut trier. La femme/mari/enfants qui ne veulent pas de la sortie.
A cote de ça, je limite les régimes sans sel sans sucre des diabétiques que je traite pour leur cancer métastatique, je leur dit redit de se faire plaisir, qu’il y a peu d’interdit, on gère au maximum en ambulatoire, on s’adapte quand on peut…
Au final, j’aurais envie de dire que si tu es persuadé de quelque chose, tu ne seras pas moins gentille si tu le dis sans conditionnel. Tes patients ne t’en aimeront pas moins. Et cela ne t’empêchera pas de les comprendre, de les accompagner, d’ajuster en cas de difficultés materielles….bref, quelque part d’être empathique, à l’écoute. Être gentille non?
21 mars, 2015 à 10 h 12 min
chère JADDO
Je me retrouve (comme souvent) complétement dans ton analyse. Néanmoins avec le temps ( et la connaissance des patients- et les expériences de ceux pour qui on aurait « du » être plus « sévères » je trouve que l’on arrive mieux a être « dirigiste ».
En tous les cas MERCI pour ton blog!!!!!!!!!!!
21 mars, 2015 à 10 h 32 min
Je peux m ‘y retrouver , on a tjours dit que j’étais gentil et les j ou je me fache vraiment ,1 ou 2 fois par an ,ça surprend les patients .. mais bon on n’est pas dieu ni maman ni papa… on peut faire des erreurs ,on peut céder par fatigue ou facilité , mais surtout se préserver et ne rien attendre en retour des patients , eux ne nous doivent rien !! et si c’est parfois reconnaissance ,oui ça arrive , c’est un bonus .. et notre vie ne résume pas au travail
21 mars, 2015 à 12 h 07 min
réponse d’une patiente et uniquement d’une patiente qui n’a pas la prétention de connaître votre métier.
Je fais partie des patientes qui veulent maîtriser les choses, je fais partie des patientes qui ne pensent pas tout connaître mais qui a envie de s’autogérer. Résultat j’attends de mon généraliste qu’il soit gentil, qu’il m’écoute et me parle de sa petite voix douce mais qu’il soit capable de me dire « stop, j’y crois pas, vous vous trompez, il faut vous hospitaliser ». J’ai besoin qu’on me secoue avec des statistiques, j’ai besoin qu’on tranche et qu’on aille au-dessus de mes prédictions de novice. Moi je suis la patiente qui dira « non non je peux pas m’arrêter car …… et qui mourra de n’avoir pas été convaincue par les « peut être qu’il faudrait » de mon médecin.
Il ne faut pas oublier que d’être gentille ce n’est pas seulement dire ce que l’autre veut entendre. Etre gentille c’est aussi de balancer des choses dures pour sauver l’autre et là d’être vraiment gentille.
Jaddo continue d’écrire.
21 mars, 2015 à 12 h 14 min
Salut Jaddo,
tu as encore su décrire en quelques lignes grâce à ton talent tout un pan de la Médecine. C’est ouf comme tu mets bien le doigt où il faut quand même. Du coup j’ai un peu de mal à croire que dans la vraie vie il y ait tant de patients qui échappent à ton intelligence…
Bon. Je voudrais quand même discuter un peu le fond du problème. On pourrait en causer toute une nuit mais je vais essayer d’être bref : je ne sais pas comment un patient peut appréhender le chemin complexe pour gérer la plainte qui l’amène dans notre bureau.
Moi même, quand je suis le patient, je me rends bien compte malgré tout ce que je sais de théorie et de pratique que je ne saisis pas forcément bien les conséquences des actes médicaux que je reçois (surtout des conséquences à long terme par exemple)
Alors franchement, même si j’aime l’idéologie que tu défends super bien, je pense que c’est une utopie et que le discours peut rester comme il est quand c’est Jaddo, mais qu’IRL il y a forcément des fois où l’on adopte des stratégies pour le patient sans qu’il décide de tout. C’est franchement pas possible.
Je reste bien sûr d’accord que la Médecine doit s’ouvrir, que les connaissances se répandent, etc.
Mais la relation n’est pas égalitaire dans les connaissances des tenants et des aboutissants (dans les deux sens d’ailleurs). Donc voilà, je taille un peu dans la bisounourserie ambiante pour rappeler qu’une attitude empathique n’est pas sympathique. #bisou
21 mars, 2015 à 12 h 21 min
j’oubliais, Martin Winckler tient une conférence exactement sur ce sujet Mercredi prochain à Lille… on y va ?
21 mars, 2015 à 13 h 10 min
En tant que patiente je me permets de faire entendre une voix un peu dissonante. Bien sûr, c’est plus agréable d’avoir un médecin sympa, soutenant, et qui ne me donne pas le sentiment de m’imposer ses décisions. Sauf qu’en vrai, aller chez le médecin, ça n’est pas censé être nécessairement quelque chose d’agréable. Et que si je le consulte, c’est parce qu’il a une expertise que je ne possède pas, et qu’il est dans son rôle quand il me fait prendre conscience de cette vérité que j’ignore, même si ce n’est pas agréable pour moi. Cette femme de 46 ans a sans doute un mari, des amis, de la famille, qui la soutiendront dans une éventuelle grossesse. Ce qu’elle ne sait pas, ce qu’elle a besoin d’apprendre de la bouche de son médecin, c’est la quantité d’emmerdes à laquelle elle s’expose en prenant la décision d’arrêter sa contraception.
Le vrai paternalisme, ce n’est pas de dire « Une éventuelle grossesse serait très risquée pour vous / votre bébé, je vous suivrai bien sûr si vous décidez de vous lancer mais je dois vous avertir que d’un point de vue médical, ce n’est pas la meilleure idée du monde », c’est de passer sur tout ça parce qu’on crois que le patient vient chercher de la réassurance, de la sympathie ou du bisou. Le patient (enfin : moi en tout cas en tant que patient, et beaucoup de ceux avec qui j’en parle) ce qu’il vient chercher, c’est ce qu’il ne peut pas avoir tout seul : une expertise sur les questions qui concernent sa santé et son corps. La liberté du patient ne peut s’exercer que si il est réellement informé, et ces informations ne peuvent pas lui faire toutes plaisir.
21 mars, 2015 à 14 h 01 min
Bonjour,
je comprends votre désarroi. Je peux vous suggérer de jeter un oeil à des ouvrages de psychologie et déconomie comportementale comme « Nudge » de Thaler et Sunstein ou « Système 1/ Système 2 » de Kahneman ou « c’est (vraiment?) moi qui décide » d’Ariely, qui pourraient vous aider à trouver de nouvelles manières de présenter les choses pour obtenir les bonnes décisions tout en étant gentille.
Bon courage et bravo pour le questionnement honnête que vous menez.
21 mars, 2015 à 14 h 19 min
Merci, Jaddo, c’est tout-à-fait ça.
21 mars, 2015 à 14 h 33 min
Le gentil medecin j ai bien connu.. Mais le medecin respecté il est souvent pas cool … La gentillesse ça endort le cerveau et c est mauvais dans notre metier faut etre empathique pas sympathique … Bon courage pour arriver a maturité !
21 mars, 2015 à 14 h 43 min
Chère Jaddo, la psy en moi aurait envie de te dire « ça s’appelle l’axe, ça se construit, en thérapie si ça ne l’a pas été dans l’enfance… Alors si c’est quelque chose qui te dérange, si c’est quelque chose que tu aimerais sentir dans ta vie de tous les jours, tu peux pousser la porte du cabinet d’un psy bienveillant qui t’accompagnera dans cette construction ».
La lectrice en moi est plutôt en accord avec Tiffany Aching, à la nuance près que si le médecin tient ce discours-là sans bienveillance, il y a toutes les chances que ledit discours passe à la trappe, avec l’étiquettte « tfaçon cui-là c’est qu’un con » (dédicace à Marla de Bref). Et à l’autre nuance que l’attitude décrite dans ce comm’, c’est celle d’un-e patient-e adulte, qui tient debout tout-e seul-e, qui est entouré-e et qui a besoin d’une expertise. Mais ce n’est pas le cas de tou-te-s les patient-e-s, et il y en a un paquet qui viennent /aussi/ chercher de la réassurance et de la sympathie.
Je rejoins l’idée qu’être MG, avec peu de temps par consult’ et toutes ces missions, c’est vraiment un art… Merci à celles et ceux qui s’y collent.
Un bisou à toi Jaddo, bisou de lectrice et bisou de psy qui salue l’authenticité et la conscience de ton post.
21 mars, 2015 à 15 h 26 min
Très intéressant et interpellant.
A la pharmacie, on se retrouve parfois dans une autre position, de rassurer le patient inquiété par le médecin gé (l’un d’entre eux redoute toujours le pire).
Je pense notamment à une situation délicate il y a quelques mois. Une femme enceinte, grossesse difficile à obtenir, après plus d’un an d’attente, une fausse-couche tardive, un début de grossesse marqué par des saignements. Et très peu de temps après, varicelle de l’aîné. Le médecin évoque le risque de malformation, l’envoie faire une prise de sang à l’hôpital de toute urgence, nous l’avons récupérée en pleurs. Je trouve dur de trouver la bonne attitude sans avoir les chiffres, le risque véritable (finalement assez faible dans ce cas là). Et dur de la rassurer avec un gros bidon visible sous la blouse !
Bon, en fait elle a appelé sa maman, elle avait eu la varicelle.
Beaucoup de stress pour pas grand chose. Une connaissance des risques réels, et du fonctionnement du patient pour faire au mieux ?
21 mars, 2015 à 15 h 32 min
,
Vraiment je t’adore Jaddo…..mais SORS DE MA TÊTE TOUT DE SUITE !!!
21 mars, 2015 à 15 h 32 min
Jaddo,
Les « si on avait su on aurait (pas) fait ça » on vit au quotidien avec, en médecine. Il y a toujours des gens pour te dire « il aurait fallu faire comme ça » « vous auriez dû l’envoyer pour ça » ou « plus tôt »… ce seront les mêmes qui te diront « mais pourquoi vous l’avez fait hospitaliser? »
Si on connaissait l’avenir on ne serait pas médecin, on serait voyants… Moi aussi je me dis régulièrement j’aurais dû faire comme ça, j’aurais dû essayer de le convaincre, j’aurais dû savoir que ça allait évoluer mal et dans le mauvais sens.
Alors pour ne pas me dire tout ça, j’essaie de me former, de suivre les recommandations, pour ne pas avoir à me faire de reproches.
Si tu as expliqué les risques au patient, si il était au courant, même si tu as eu l’impression de ne pas insister, tu ne peux rien te reprocher.
Quant à ta grossesse de 46 ans, je ne vois pas en quoi on pourrait se permettre de dire quelque chose, c’est quand même son choix à elle, c’est comme si tu disais à une jeune fille de 20 ans qui veut avorter « non mais vous devriez le garder, vous êtes en bonne santé et le bébé aussi… »
des bisous Jaddo, et ne perds pas tes couettes, on t’aime trop avec!!
21 mars, 2015 à 18 h 56 min
Rhhâââ ! Que ça fait du bien de te relire ! J’avais oublié de venir jeter mon petit coup d’oeil régulier pour voir si tu avais de nouveau publié en ces temps familialement très perturbés… Heureusement que Dominique était là.
Je viens de faire une énième tentative pour ajouter un machin-truc-bidule dynamique du flux rrr… euh non rss, j’espère que ce coup-ci, ça va marcher.
Et, pour reprendre le point de vue « patient », moi aussi, je veux qu’on m’explique tout, les risques et toussa ; mais je sais aussi que ma toubib se rend assez bien compte du moment où je suis prête à entendre et à encaisser quand c’est vraiment trop lourd.
21 mars, 2015 à 19 h 08 min
Merci Jaddo pour ce partage d’expérience.
Je ne crois pas qu’il faille choisir entre « être gentil » ou « être méchant » dans notre métier; il faut savoir changer d’attitude en fonction du patient et de sa famille. Les rassurer quand il le faut, les aider à prendre conscience de la gravité de la situation parfois, les accompagner toujours.
Savoir être empathique sans virer à la sympathie et à l’angélisme.
Et s’adapter, car certains ont besoin de plus de temps que d’autres.
Je pense surtout qu’il faut savoir leur dire la vérité, être vrai même quand c’est difficile.
Effectivement ça peut impliquer que les patients ne nous « aiment » pas mais tant pis, ce qu’il faut ce n’est pas qu’ils nous aiment mais qu’il y ait entre nous un lien de confiance. Qu’ils sachent que dans les moments sympas comme dans les moments difficiles on leur dira la vérité et qu’on les accompagnera; toujours.
J’y travaille encore …
21 mars, 2015 à 19 h 48 min
@tyty : je ne vois pas le rapport entre la décision d’une femme de 20 ans d’avorter et celle d’une femme de 46 ans avec diabète, hypothyroïdie et hypertension de faire un enfant. La première ne prend aucun risque pour sa santé, la seconde cumule les facteurs de risque. Justement la position du médecin ce n’est pas de trouver chouette ou pas bien qu’une femme décide d’avoir ou non un enfant, c’est de l’informer avec exactitude et une représentation réellement intelligible du risque sur les conséquences que ça peut avoir sur sa santé.
21 mars, 2015 à 21 h 34 min
la il faut m expliquer la physiopathologie, comment la gentillesse fait pour amputer un orteil ou un pied ,le diabète je vois,l’arterite le tabac aussi,mais la gentillesse j ai jamais vue ça dans mes cours,mais par contre que est-ce que cela fait du bien au patient,et notre rôle c est de soigner pas de guérir(quoi que) contre son grès le malade,donc en bref continue a être gentille mais protège toi,on est pas responsable des actes nos patients
21 mars, 2015 à 22 h 40 min
Réflexion (honnête, émouvante, rare) transposable à d’autres disciplines que je pratique ou ai pratiquées : maman, amie, sœur, conseillère en insertion, formatrice. Être ou ne pas être gentille. Trop ou pas assez gentille. Bénéfice – Risque. Avantages versus inconvénients. Se laisser bouffer la laine sur le dos ou provoquer un rebond hypothétique mais salvateur ? Tu sais, Jaddo, tu fais comme tu le SENS. Si tu sens qu’il faut, alors surement il faut. Idem ici, maman, prof ou épouse, parfois on est juste gentil, parce qu’il faut, peut-être. Alors bien sûr, on ne manipule pas les mêmes risques. Sauf … que… un mot dit ou pas dit, à un ado, à un ami mal dans ses pompes, à un élève qui cumule les galères, ça peut être aussi dangereux qu’un diabète mal soigné, je crois. Bisous (à chaque fois que je finis une lettre par bisous, j’ai envie d’ajouter « le fax est cassé », c’est malin)
22 mars, 2015 à 2 h 21 min
Merci pour ce billet !! La bienveillance et l’écoute, je trouve que c’est 80% du boulot, les autres 20% c’est l’état actuel de mes connaissances qui ne cessent d’évoluer depuis 20 ans. Je n’ai quasi plus de certitudes , c’est pas confortable mais tellement intéressant )) Alors c’est au cas par cas , on fait au mieux avec ce qu’on a, c’est un colloque singulier jamais pareil, on informe on explique et on décide ensemble en général. Ce métier est juste génial, non ?
22 mars, 2015 à 11 h 25 min
Bonjour,
Merci à Dominique Dupagne d’avoir partagé votre billet sur fb.
Du fait d’une implication personnelle forte liée à mon passé, et les attaches affectives qui en découlent, je passe souvent mes WE ou mes vacances dans un centre psychiatrique, pour aider, en tant que « ancienne patiente ». Celui ci se situe au niveau du soin bien sur, mais à des fins de réinsertion (ce qui est de plus en plus difficile, tenant compte de la chronicité croissante des patients).
Dans celui ci, désormais ne sont accueillis que des patients aux pathologies chroniques, psychotiques, très graves, couplées à de la toxicomanie ou de l’alcoologie.
Je reviens tout juste de 3 jours avec eux, et lis votre article qui m’interpelle.
Je me sens particulièrement proche d’un homme de 38 ans, schizophrène, toxicomane, qui est accueilli dans ce centre depuis 3 mois. Sa mère qui est une amie, souhaite qu’il y reste, car là bas, elle ne craint pas pour sa vie.
J’ai beaucoup discuté avec lui, hier. ET de façon lucide (à mes yeux), il m’expliquait qu’il préférait retourner à Paris, chez lui, et refaire sa vie d’avant. Il souhaite arrêter les médicaments, car il ne supporte pas l’état dans lequel ca le met. En 3 mois, il ne s’est pas ouvert. Il n’ attend que sa sortie, que sa mere le réaccueille chez elle. Il est en apnée pour cela.
Il préfêre sa vie de souffrance psychique à sa vie là, aussi douce soit elle dans ce centre.
On en a discuté avec mon amie, directrice de ce centre.
Et la question, pour nous le concernant, est : doit on reconnaître, accepter de le laisser aller se détruire, respecter son choix, sa préférence d’être SDF, avec tous les risques que ca comporte, versus le garder là, contre son gré, sur le long court.
Dans le premier cas, on reconnaît notre impuissance, on se sent criminel, on invoque la non assistance à personne en danger. Dans l’autre, on a une bonne conscience de « sauver » une personne, avec des critères de « vie » qui ne sont que les nôres.
Un autre, grave alcoolique psychotique, ne survit que grâce à des doses massives de méthadone. Des qu’elle est baissée, il fait une grave tentative de suicide, ou fait un coma éthylique avec de l’alcool. Faut il continuer ainsi, lui zombie non insérable dans la société, tant son physique est abimé, tant on ne comprend même plus ce qu’il dit, ou bien accepter son « destin », et le laisser aller vers celui ci.
La description de votre ressenti est un dilemme quotidien avec certains patients psychiatriques.
Mes mots ne sont qu’un constat, je n’ai aucune conclusion à ce sujet. A part peut etre ce que dit Rosen : il faut s’adapter à chaque cas. Mais quand je tente de me dire ca, je m’aperçois que nos dilemmes sont les mêmes, pour chaque cas.
Certains diront « ah, mais un malade psychiatrique, ca se met sous médicaments, avec, ou contre son gré ». Ben non, c’est pas si évident pour moi. Suis je « gentille » de penser ainsi pour ce dernier, alors que j’écoute ses désirs, ou suis je criminelle, agissant de la « non assistance à personne en danger », et ne me rendant pas compte que « une personne qui choisit l’autodestruction n’est par définition pas en mesure de choisir » ? Qui peut se sentir assez puissant, qui peut prétendre détenir la solution en ce domaine ?
22 mars, 2015 à 12 h 17 min
Vive la médecine générale…..
J’aime bien le commentaire de Tiffany Aching. Tu peux être gentille (et foncièrement, je ne sais pas être autrement), mais faire ton job, informer ton patient, et t’assurer qu’il a compris les conséquences de ses décisions…
Donc parfois, c’est être gentil en disant des mots méchants.
Parfois c’est revenir à la charge régulièrement, parce que s’il continue à faire n’importe quoi, c’est que ta stratégie était mauvaise, non ? Enfin tu ne peux pas t’empêcher de te le reprocher…. Et parfois tu as un déclic…. Et parfois non.
Et parfois tu t’aperçois qu’il y a beaucoup d’incompréhension dans certaines conduites à risque. La grossesse que j’ai vu débarquer sous AVK, je n’ai pas été sympa de sortir le vidal devant elle, et de lui donner le % de malformation (je lisais aussi pour moi, parce que franchement, ce n’est pas le genre de situation à laquelle tu t’attends…). Mais c’était la deuxième fois qu’elle s’exposait à ce risque. Comment on pouvait arriver à cette récidive ? En ayant vu autant de spécialistes ? « Simplement » parce que certains messages n’étaient pas passés, d’autres non évoqués et si tu ne « radotes » pas, tu passes à coté… et ta patiente frôle la cata.
Alors oui c’est compliqué la médecine. Tu as quoi, 9 patients sur 10 qui n’en feront jamais qu’à leur tête (les diabétiques, les obésités morbides…), mais si de temps en temps tu en récupères un…. tu rempiles et tu restes une gentille (?) utopiste.
22 mars, 2015 à 12 h 27 min
Ah c’est marrant comme façon de vivre ça : détricoter tout et prendre une décision sur la manière dont on sera !
22 mars, 2015 à 14 h 02 min
Bonjour, Paluel vous dites:
« Ah c’est marrant comme façon de vivre ça : détricoter tout et prendre une décision sur la manière dont on sera ! ».
Chacun vit ainsi, et réagit en fonction de ses projections, sentiments, émotions.
Par contre, tout le monde n’en a pas conscience.
22 mars, 2015 à 15 h 33 min
Bonjour Stéphanie,
merci de m’avoir éclairé.
22 mars, 2015 à 19 h 29 min
Sacré débat que celui que vous évoquez.
Sûr que si mon médecin me donnait des ordres, me parlait comme à un gosse, c’est pas impossible que je ne retourne pas le voir. D’un autre coté, si il me dit: « nan mais ça va aller » et que ça va pas, je vais lui en vouloir 2fois plus.
Chais pas, le truc doit être entre les deux. Mon médecin s’en sort pas trop mal. En général, quand je lui dis « j’aimerais pas trop (un médicament, une hospitalisation, etc.)… » il me parle des risques encourus, de leur probabilité. Je lui parle des raisons pour lesquelles « j’aimerais pas trop »… Avec ses explications et mes questions, en général on s’en sort. Et je sais que s’il me dit: « if Faut Vraiment », c’est qu’il ne rigole pas. C’est qu’il y a un gros risque. Et j’obéis, et souvent il me file un coup de main pour le reste (le « j’aimerais pas trop »).
D’un autre coté, mon médecin généraliste déborde largement les 15mins de consultations réglementaires. Mais sauf truc ultra-bénin, je me demande comment font des médecins pour faire leur boulot dans ces 15min réglementaires…
22 mars, 2015 à 19 h 46 min
Des médecins qui m’ont dit ‘oui oui, je vous ai entendue’ quand je leur disait qu’il y avait des trucs dont je ne voulais pas et qui continuaient en ignorant complètement ce que j’avais pu dire, j’en ai connu plein.
La piste que je vois qui pourrait peut être t’aider, c’est tout ce qui est communication non violente. Il y a des solutions pour dire les choses, dire ce que tu penses vraiment, sans agressivité, sans jugement, sans paternalisme etc… Marshall Rosenberg n’est malheureusement plus de ce monde, mais son livre les mots sont des fenêtres (et parfois des murs) est un bouquin à lire et à relire je pense.
Fin tout ça pour dire que ce n’est pas forcément une question de ‘trop gentille’ ou ‘pas assez gentille’, mais une question de « comment dire aux autres ce qu’on pense vraiment d’une façon qui peut être entendue et qui ne nie pas l’intégrité de l’interlocuteur »
Si tu veux un parallèle à la con, je me suis rendue compte en découvrant le maternage que le prob c’était pas d’être un parent autoritaire ou laxiste : mieux vaut se respecter en fixant les règles et ne pas en faire moins/plus que ce dont on est vraiment convaincu. Après pour que ce soit vraiment respectueux de l’enfant également, tout est dans la façon dont on établit ces règles.
22 mars, 2015 à 20 h 42 min
un petit grain de sel!
« Et j’ai un neurone qui cabre et qui rue, et qui dit que je lui avais dit qu’il fallait…. » : ce neurone chez moi est un bon signe aussi que je mérite un peu de repos et qu’il faut lever le pied! le burn out n’est pas trop loin.
S’endormir sur des idées d’amputation : ya plus propice à un doux sommeil avec bisounours :)et pour que le feu reprenne…
22 mars, 2015 à 21 h 00 min
je n’ai pas lu tous les comms, donc peut-être une redite : la notion de temporalité n’apparait pas bcp dans ton post, et ça peut aussi être une clé, peut-être, pour adapter tes conseils et prescriptions ? mon médecin sait avoir 2 attitudes , la plupart du tps c’est avant tout de l’écoute, du dialogue, il est dans la proposition et le conseil en fonction de la façon dont je lui expose mes demandes, questions ou besoins. Mais parfois il est dans le « là, c’est non négociable, je pense que tu dois faire comme ça , et que si tu ne le fais pas, ça aura telle conséquence ». Déjà 10ans que nous nous croisons au gré des consultations familiales, et qu’on sait l’un comme l’autre comment on fonctionne . Et qd il présente les choses comme ça, je sais que là… il fait aussi son métier…et c’est très bien comme ça :) .
bonne continuation Jaddo !
22 mars, 2015 à 21 h 21 min
Un jour, tu m’as dit, sans AUCUN sous-entendu sexuel, « des fois, ça fait du bien d’être dans le même trou ».
Ben voilà, on y est.
❤️
22 mars, 2015 à 23 h 54 min
Il n’y a pas, à mon avis de « médecin gentil » a opposer au « médecin trop dur ». Il y juste des êtres humains, qui apprennent tous les jours un peu plus, se remettent en question, font des boulettes …erare humanum est, non?
Le problème, c est quand on a la tête dans le guidon, ou la tête tellement dans les étoiles qu on ne voit même pas ses erreurs.
Oui, nous ne sommes pas infaillibles, toutes nos décisions sont réfléchies, influencées parfois par les mauvais critères…ou pas.
Il s agit de se remettre en question, de s améliorer. Cette leçon va te rester, et pèsera dans tes prochains choix, c est ça qui compte…
23 mars, 2015 à 13 h 03 min
Depuis le temps que je viens, mon premier commentaire. Je ne suis pas médecin. Je connais ton blog par.. relations interposées. Et j’ai toujours beaucoup apprécié ta prose.
Ce dernier billet c’est.. pile poil ce que je vis en ce moment. Trop de gentillesse, c’est la merde. Parce qu’on n’ose plus dire les choses de peur de vexer, d’agacer. Parce qu’on préfère souffrir pendant longtemps plutôt que de faire souffrir l’autre, moins longtemps. Parce que l’idée d’être « that guy » est juste trop difficile à supporter.
Je suis particulièrement touché par ce que tu as dit. Ca ne s’applique pas qu’à la médecine. J’aimerai trouver la solution. Parce que putain c’est dur, d’encaisser tout ça, d’essayer d’être le meilleur des deux parce que ça nous donne une petite dose de supériorité morale, et de retenir toute la « méchanceté » qu’on peut avoir au fond de soi. Si quelqu’un l’a, cette solution, merci de partager. Parce que là je ne sais plus.
23 mars, 2015 à 14 h 28 min
Ton billet m’interpelle beaucoup. Je suis medecin en dialyse, et les relations qu’on noue avec les patients qu’on voit trois fois par semaine pendant des années sont particulières, et laissent une belle place à l’affect.
Mes patients n’en peuvent plus des médecins et de l’hôpital . Quand je pense qu’il faut hospitaliser en urgence (ou allonger la durée des séances de dialyse…ou rajouter encore des médicaments….), il y en a bien la moitié qui commence par refuser.
Ce que j’ai trouver de mieux pour l’instant, c’est d’écouter leurs angoisses en leur parlant des miennes (j’ai bien entendu que vous ne supportez plus les hôpitaux…je sais que ce n’est pas facile… Mais vous voyez je suis très inquiet/très embêté parce que le risque est…). Puis je laisse du temps au silence. Parfois ils acceptent finalement. Parfois non. J’écris dans le dossier devant eux qu’ils ont refusé l’hospitalisation malgré l’explication des risques encourus. Mais je n’arrive pas à me résoudre à leur faire signer une sortie contre avis, j’aurais l’impression de briser quelque chose dans la relation qui nous unit.
Ce n’est jamais facile.
23 mars, 2015 à 14 h 55 min
Bonjour Jaddo,
merci pour vos articles !
En tant que patiente, un modeste éclairage sur ce qui importe à mes yeux, à l’écoute de mon/ma médecin.
– Sentir qu’il/elle se soucie sincèrement de me voir aller bien/mieux,
– Si sa prescription me dérange, entendre des précisions factuelles : quels sont les indices de maladie relevés, qu’est-ce ce que l’examen recherchera ou comment le traitement agira (ou l’hospitalisation), quelles conséquences sont possibles si je le fais/refuse et si le résultat est favorable/défavorable (en termes de symptômes, prescriptions suivantes).
Le tout sans chiffres ni certitudes, je préfère me fier à un être humain qui prendra le temps de compléter/vérifier si nécessaire en préparation d’un deuxième rendez-vous plutôt qu’à un champion de la réponse qui fuse :-)
– Si je ne semble pas convaincue, selon le temps qui reste je préfère que que l’on cherche à comprendre mes réticences pour y répondre, ou en mode rapide que l’on me dise « JE suis » préoccupé(e) et je serais rassuré(e) de connaître le résultat de ma prescription, ou « JE suis » exposé à des poursuites si vous ne suivez pas cette prescription et que votre santé se dégrade, plutôt que « VOUS devriez » vraiment agir ainsi/commeça. Car je suis très respectueuse de l’avis médical mais très susceptible dès que je sens que l’on m’influence, allergique aux ordres, quoi ;-)
Sinon quand je doute de mes actions/choix, je me rassérène en me rappelant que je ne peux que faire de mon mieux, en fonction des infos et de l’énergie que j’ai à ce moment-là, et qu’il vaut mieux ne pas être trop sévère avec moi-même quand je me « plante » pour garder mon énergie pour m’améliorer : cultiver ce désir de faire de mon mieux à chaque seconde et travailler pour que « mon mieux » progresse peu à peu, devenant plus solide et plus vaste.
Et je paie comptant, non au TPG, continuez à nous informer on souhaite soutenir un fonctionnement équitable et libre !
Merci Jaddo
23 mars, 2015 à 17 h 26 min
Mes petites phrases du matin, avant d’ouvrir la porte des consultations, (ou mon gimini-cricket, quand il se perche sur mon épaule):
1 « mieux vaut un médecin souriant qu’un médecin savant ».
2 Voltaire a raison : le médecin distrait, la nature soigne (Ambroise Paré disait « Je soigne , Dieu guérit! »).
3 « tous nos patients ont un cerveau », et peut être que certains viennent en consultation pour qu’on le leur rende : « c’est votre choix, je le respecte… ».
4 « une pomme le matin éloigne le médecin » (dicton anglais (an apple a day…, commenté par Churchill, dit-on, de la façon suivante : »surtout si on sait viser! »)
5 primo, non nocere
Finalement, mes aphorismes-prières rejoignent tes états d’âmes de ce post: on fait le même métier! Chouette!
Merci Jaddo.
23 mars, 2015 à 18 h 19 min
Je n’ai pas grand chose de plus à ajouter sur tout ce qui a été dit suite à ce post très intéressant, et toujours excellemment bien écrit. Je voulais donc ajouter un commentaire de plus pour que tu battes tous les records de post les plus commentés!
En tant que médecin généraliste (remplaçante pendant 7 ans et récemment installée), je me retrouve dans tout ce que tu racontes si bien.
Un seul conseil dont tu feras ce que tu voudras : n’attend pas trop pour t’installer car c’est encore mieux quand on est chez soi dans son cabinet (et pourtant moi aussi j’étais persuadée qu’être remplaçante fixe dans 2 cabinets était l’idéal)!
24 mars, 2015 à 0 h 22 min
Eu envie de te relire dans un moment de blues et, trop de la chance, tu avais écris du nouveau qui fais du bien et qui redonne la patate: merci! Tu es en fait dans la posture du médecin éthique qui se tire les boyaux entre la Bienfaisance (respect, honnêteté, intégrité et altruisme) qui implique de prendre en compte le sens que le malade donne à sa maladie, à sa vie, à sa mort etc. tout en le combinant avec la non malfaisance ( primum non nocere), le respect de l’autonomie et du consentement aux soins du patient mais aussi avec sa sécurité et le principe de justice en tant qu’acteur du système de soin (qualité et pertinence des soins prodigués, respect de la déontologie, maintien des compétence, non discrimination dans l’accès aux soins..). Si on se positionne dans une approche centrée sur le patient , on est obligé de se demander comment tenir tous ces rennes en même temps… ça me rappelle un mot d’interne a la fin d’une présentation en cours: « Enfin, il faut lui expliquer que l’important dans la vie, c’est d’être en bonne santé », Dit elle d’un air pénétré et convaincu (sans jeu de mot) .Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander » C’est la représentation de qui, ça? » Air un peu désorienté en face… Pour certains l’important c’est de pouvoir continuer à s’occuper de leur conjoint grabataire quitte à en crever avant eux, pour d’autres l’important c’est de s’occuper de garder en vie leur fille psychotique quitte a ce que leur diabète joue avec des % d’HbA1c uniques au monde. Qui est le médecin pour décider à la place du patient ce qui est le plus important pour lui à ce moment là? Alors oui on leur doit une information claire et loyale mais on leur doit aussi de rester à leur coté s’ils ne choisissent pas la route recommandée par les données de la science. Tous ça pour dire que depuis toutes ces années je trouve vraiment que tu es un super super médecin et que j’aimerais vraiment vraiment que mes proches puisent être soignés par des médecins comme toi.Je me permets de te faire une bise confraternelle ;-)
25 mars, 2015 à 8 h 41 min
Salut !
Il y a deux parts de moi qui commentent. La première, c’est celle dont le médecin généraliste a un jour écrit une lettre aux médecins du CHU, disant que je ne voulais pas être hospitalisée. Je lui en suis infiniment reconnaissante (et pour moi, il n’y avait même pas de chien à garder, c’est dire…).
La seconde, c’est l’étudiante vétérinaire qui te suit depuis des années et en qui tous tes écrits raisonnent si fort à chaque fois. Parce que nos patients ne sont pas les mêmes mais que tu m’as quand même appris plein de trucs, le genre qu’on n’apprend pas à l’école… J’espère que tu ne le prendras pas mal, d’ailleurs, je sais bien qu’on fait pas le même métier (!) et que les enjeux sont différents.
Et je crois que pour toutes les fois où tu m’as soulagée de ressentir certains trucs (des trucs pas normaux, genre de l’empathie), là tu viens de me mettre une grosse claque. Parce que le coup du patient amputé (même si comme l’a dit un commentaire, il y a toujours des soignants pour exagérer dans l’autre sens), je risque de le faire aussi un million de fois.
Bon je sais pas trop pourquoi je t’écris, peut-être parce que d’habitude je partage tes articles sur les réseaux sociaux et je reçois pas de réaction, alors je cherche un autre moyen de déverser mon trop-plein d’amour (euh, n’aie pas peur hein, c’est une façon de parler). Et peut-être aussi pour te remercier pour tout ce que tu as ajouté à ma formation. Tous ces trucs qu’on m’apprendra jamais ailleurs, peut-être.
25 mars, 2015 à 11 h 44 min
Si un médecin gentil c’est un médecin qui veut le bien de son patient et pas seulement celui de ses analyses, alors je vote pour le médecin gentil.
Je ne suis pas sûre de vouloir d’un médecin super compétent qui se fout de savoir comment je vais vraiment, moi, au delà de ma NFS et de mon ECBU. Je ne veux pas d’un médecin qui veut me guérir avant d’essayer de me soigner.
25 mars, 2015 à 15 h 32 min
Petit problème, milady Jaddo : Taper du poing sur la table, « jouer la méchante-parce-que-là-faut-se-bouger » pour un patient, c’est faire ce que fait déjà la société à trèèès grande échelle : infantiliser sa population. La considérer inapte à s’occuper d’elle-même.
Peut-être en se répétant comme un mantra « je ne peux pas soigner les gens contre leur volonté, je ne peux pas sauver quelqu’un de lui-même… », ca marcherait, non ? :)
D’autant qu’aller à l’encontre de cela, c’est déjà commencer à se prendre pour Dieu, et j’ai cru comprendre que certains médecins avaient un problème avec ça…:D
Je rejoins Rosen et son commentaire sur la nécessité de s’adapter continuellement, chose en réalité nécessaire à toute forme de vie si elle souhaite vivre en harmonie, depuis la bactérie jusqu’au footballeur en passant par le koala ou l’archéoptéryx et même par le trader (nan, pas le trader en fait)
Essaie pas d’être méchante, tu te feras surtout du mal à tenter de sauver des gens contre leur gré, je ne peux pas savoir si tu es douée dans ton travail mais je pense sincèrement que tu n’y seras pas meilleure si tu te « fabriques un personnage » que tu n’es pas pour cela.
Adaptation : Mettons que tu demandes à ta gentille enceinte diabétique « Et est-ce que tout le monde vous a bien bassiné avec tous les risques possibles pendant des plombes ? », si elle te fait cette tête là : http://images5.fanpop.com/image/photos/32000000/Sheldon-sheldon-cooper-32005604-480-270.gif alors dis-toi que c’est bon, tu peux te permettre de te réjouir avec elle. Si elle te répond « Ah parce que c’est risqué, une grossesse ??! », alors peut-être que là un petit rappel n’est pas inutile…
N’oublie pas que quoi qu’il arrive, ton taf/ta vocation implique suffisamment de responsabilités pour que tu trouves TOUJOURS quelqu’un pour tenter de t’en mettre plein la gueule, med-spé, chirurgien, patient, copain/femme/maman du patient, etc, etc… Quoi que tu ai fait. Ou tenter de faire. Et je t’avoue que c’est vraiment là un coté de ton métier merveilleux que je ne t’envie pas. :3
Et n’oublie pas que c’est grâce à toi que j’ai une petite idée de ce qu’il y a dans la tête du médecin qui me voit arriver avec un poignet fracturé en lui disant que j’ai ça depuis une petite semaine, et que c’est un peu embêtant parce que j’ai mal et que je suis artisan et que mes passions sont le karate et le dessin :)
Et que je ne laisse pas s’angoisser tout seul, et que sauf erreur chirurgicale (ou de diagnostic) grave je ne lui mettrais jamais dans la tronche (et ne permettrais pas à quelqu’un de le faire en mon nom) qu’il fallait me soigner même si je ne voulais pas !
Comme l’a dit Platon : « Stay yourself, keep it real, babe »
Et comme toujours, merci de partager avec nous :)
25 mars, 2015 à 16 h 26 min
Hello Jaddo,
Nous les patients, nous avons tendance à vous propulser au rang de Dieu, de sur-homme. On arrive dans vos cabinets avec nos petits ou grands maux additionnés d’angoisses et tout ce qu’on attend de vous c’est un miracle. Finalement tout ce que tu nous dis c’est que tu es un être humain et je crois que nous l’oublions tous un peu. Tu sais Jaddo, ton article m’a fait redescendre sur Terre jusqu’à maintenant j’attendais de mon médecin qu’il me soigne et soigne ma famille à toute épreuves. En moi , c’était plus qu’une évidence, mon médecin a appris, il sait tout. C’est lui le savant, le Dieu, qui doit savoir tout sur tout et avoir réponse à tout en toutes circonstances. Mon médecin devrait être capable de faire LE choix exact en défi de toute variable humaine. Il devrait résonner avec toute sa connaissance sans que son ressenti surgisse. Comme si le ressenti et les sentiments étaient une faiblesse. Je crois que j’avais érigé la médecine comme une science devant être innée et parfaitement infusé au diplômé qu’est mon généraliste. Dans cette idée peu importe l’avis personnel de mon Doc et pas de place a son jugement personnel, j’attendais juste qu’il restitue sans faille ses connaissances sur mon cas ou celui de mes proches. Merde….je suis une cruche tout n’est pas question de science mais bien aussi de ressenti et jugement. JADDO je m’excuse auprès de toi car au fond si tu te poses autant de question c’est que tu dois avoir beaucoup de pression. Je ne suis peut-être pas la seule patiente a avoir eu cet état d’esprit et ce n’est pas la meilleure manière de vous gratifier. Tu as ouvert mon regard sur mon médecin. Tu n’es pas Dieu, tu es une femme qui a longuement travaillé pour pouvoir pratiquer la médecine. Tu es gentille et dans le fond c’est bien que ça paraisse dans tes prises de décisions, c’est toi, ta façon d’être. Je suis mère et j’apprends à ma petite fille que c’est important d’être soi même, qu’il ne faut pas réprimer ses sentiments pour plaire aux autres. Je lui dit qu’elle a le droit de douter, pleurer, être en colère car nous ne sommes pas des robots. Je lui apprend des valeurs simple que je n’ai même pas été en mesure d’appliquer. JADDO si tu es gentille, restes le, ne changes pas ta personnalité pour être un robot. Je me sent primaire, dénuée de toute raison, d’avoir pu attendre de mon médecin qu’il soit magicien et restitue froidement ses connaissances en laissant sa personnalité à l’entrée de son cabinet. Tu fais au mieux, tu n’es pas Dieu ou robot, tu es une femme médecin un être humain. MERCI (j’espère que tu seras indulgente et ne prêtera pas trop attention à mes soucis d’orthographe).
26 mars, 2015 à 17 h 18 min
merci :D
26 mars, 2015 à 23 h 01 min
Je crois que ce n’est pas une question de gentillesse. Enfin pas que. Je crois que la gentillesse c’est noble, mais qu’il s’agit d’autre chose.
Il s’agit d’altérité, un peu, même si ce n’est pas que ça.
Voir l’autre comme un humain, tout autant que soi, une personne. Ne pas mettre de hautes barrières qui protègent mais qui rendent inhumain. Face à face, pas dessus/dessous. C’est se mettre en danger. Ecouter, entendre, respecter, se dire qu’on n’a pas la vérité absolue, c’est se mettre en danger.
Et c’est noble. Et courageux.
Ca grandit celui qui le reçoit comme celui qui le donne.
C’est humain.
C’est beau aussi.
C’est aimable et moi je t’aime parce que tu es médecin et que tu existes.
Je crois que quand on est médecin on est toujours sur ce fil, le danger, et si je loupais, et si j’avais su, et si et si. Des fois on se dit qu’on aurait peut-être dû insister pour qu’il aille à l’hôpital. Mais d’autres fois on se dira peut-être qu’on n’a pas entendu ce que le patient n’a pas dit mais qu’il ne l’a pas dit tellement fort que peut-être on aurait dû entendre, par exemple.
Je crois que ce qui est arrivé aurait tout à fait pu arriver avec un médecin pas gentil paternaliste autoritaire. Parce que le patient il peut aussi parfaitement dire « oui oui » et ne pas aller à l’hôpital. Ou y aller et en sortir. Ou, ou, ou.
Je ne suis personne, je ne suis pas médecin, je suis juste une patiente. Qui n’aime pas trop les médecins, en plus, sauf certains, quand même.
Mais je sais que le respect de l’autre en face en tant qu’autre ce ne sera jamais une erreur. Jamais une faiblesse. C’est une force.
29 mars, 2015 à 16 h 56 min
Hello Jaddo,
Je ne suis que patiente, mais depuis ma première grossesse j’ai vu une tripotée de docteurs, généralistes, gynécos, sage-femmes, chirurgiennes (ma fille a été opérée à la naissance d’une malformation digestive), pédiatres…
Je me souviens de la chirurgienne qui a opéré ma fille, qui hausse le sourcil quand je lui dis qu’on a changé de pédiatre, à cause d' »incompatibilité d’humeur », qui dit : « c’est curieux, comme les gens ont besoin d’une affinité spéciale avec leur généraliste/pédiatre… » Ben oui.
Et je vais te dire, nous les patients, on choisit. On choisit le docteur qui nous fait du bien. Il se trouve qu’on a des affinités différentes selon les personnes, et après avoir essayé divers généralistes / pédiatres / gynécos, on choisit la personne qu’on a envie de voir. Parce que sa déontologie / façon de soigner correspond à nôtre vision des choses. Parce que son caractère nous fait du bien.
Voilà, la première pédiatre qu’on a vu elle écoutait pas ce qu’on lui disait, elle nous prenait pour des c***, elle argumentait pas quand on lui posait une question, elle semblait plus préoccupée par la beauté du bébé que par sa santé, et je ressortais de consultation sur les nerfs. Notre nouveau pédiatre, j’ai tendance à ressortir de consultation apaisée.
Et j’adore ma généraliste (que quand elle voudra bien s’occuper de ma fille, je serais bien contente).
Et après plusieurs approximations/essais, j’ai trouvé la sage-femme pour mon suivi gynéco.
Donc bon, je pense que tes patients savent qui tu es, te respectent pour la façon dont tu les soignes (et respecter leur choix, leur donner les cartes pour qu’ils choisissent, c’est aussi soigner !), du coup ne culpabilise pas trop.
Après, tu peux aussi t’adapter à ton patient, certains angoissent plus vite que d’autres n’est ce pas… Être capable de cerner celui qui ne vient voir le docteur qu’en dernier recours, de celui qui vient au moindre bobo en pensant qu’il a le cancer, c’est aussi important pour bien soigner je pense.
Et à toi de dire : « Oui mais s’il vous arrive quelque chose de grave, qui va s’occuper de votre mère/chat/enfant ? », et de demander, « Mais vous avez pas un voisin / ami qui peut vous aider ? » et de parler des aides qui peuvent exister, de la CAF, de la sécu, des associations. L’assistante sociale de l’hôpital m’avait bien aidée, lorsque ma fille a été hospitalisée. Mais, si les infirmières et autres ne m’en avaient pas parlé, j’aurais même pas su qu’elle existait et j’aurais pas eu l’idée d’aller la voir. Note aussi qu’on a beau nous dire les choses, on ne se rend pas toujours bien compte (« ça ne peut pas m’arriver à moi » « oui bon il exagère peut-être un peu » « de toutes façons ils aiment nous stresser les docteurs, ils veulent pas prendre de risques » => c’était un peu ce que je pensais quand on m’a dit que mon bébé in utero avait un problème. Deux ans après, je me dis que ma fille est une miraculée, ce dont je ne me rendais pas compte au moment de sa naissance, quand nous avions la tête dans le guidon. Après, « se rendre compte » je ne sais même pas si ça m’aurait aidée. Peut-être que « ne pas se rendre compte », me mettre des oeillères à moi-même, ne pas poser les questions qui fâchent, et croire que de toutes façons on allait s’en sortir, c’est ce qui m’a aidée le plus. Mais, je ne saurais jamais :) )
Enfin bon, dernière chose : l’erreur est humaine, et nous patients le savons aussi. Ce que j’attends du docteur, c’est qu’il s’occupe de moi du mieux de ses capacités et tout en respectant ma personne (ou mon enfant) et mes choix. Et en m’informant. J’attends de mon/ma docteur(e) qu’il/elle ait un minimum d’esprit critique. Je ne m’attends pas à ce qu’il/elle soit infaillible. Et après, moi c’est moi, j’en connais des angoissés qui veulent que le docteur décide tout pour eux, leur donne des médicaments même si ya pas vraiment besoin, leur prenne la tension au début et à la fin de consultation, etc…
Personnellement en tant que patiente, je pense que tu dois être une bonne (une excellente) généraliste : tu as l’esprit critique, tu es à l’écoute de tes patients, tu te remets en question, et je pense que vu que tu as quelques années de médecine derrière toi tu dois quand même en connaître un rayon en anatomie, médicaments, maladies en tous genres etc…
Aie confiance en toi :)
(Désolée pour les notes en vrac, mais parfois je pense que les docteurs peuvent gagner à savoir ce que pensent leurs patient(e)s)
29 mars, 2015 à 19 h 12 min
Cela fait du bien de retrouver chez d’autres ce que l’on ressent : peut être un trop plein d’empathie, on se met trop à la place du patient et on le rassure comme nous on aimerait l’être si on se trouvait à sa place. On prend trop en compte les difficultés qu’il va rencontrer par notre faute en lui imposant des examens, consultations spécialisées, trajets (les gens peuvent habiter loin, les spécialistes et surtout les hospitaliers ont tendance à l’oublier parfois) hospitalisations etc… tant pour lui même que pour son entourage. Mais justement c’est parce que l’on connait les patients, familles, habitations que l’on peut se projeter et en tenir (trop) compte. Certains vont garder une distance suffisante ou exagérée et se cacher derrière des prescriptions, analyses et des chiffres. On ne soigne pas des chiffres mais des personnes.
Alors il vaut mieux être » gentil » et se laisser embarquer dans des réflexions qui ne torturent que notre propre cerveau que d’appliquer une médecine standardisée et donc déconnectée de la réalitée..
J’ai de plus en plus l’impression de passer mon temps à freiner l’anxiété des patients, angoissés par une information mal digérée, s’exprimant par une demande exponentielle d’examen. La surmédicalisation guette notre société alors il est bon de rester gentil …
30 mars, 2015 à 22 h 47 min
Mouais.
Je ne vois pas à quoi ça sert de vouloir se faire aimer à tout prix, du moins de la part de ses patients.
Car une bonne partie est idiote, infidèle, inconsciente… Et tant donner de soi pour se faire aimer, pour de telles déceptions (même s’il y a bien sûr quelques belles histoires), moi, je ne supporte pas. En plus je ne suis pas assez sociable et empathique pour remporter le prix du public… Ah mon amertume quand les propriétaires du chat méchant qui était bien sûr en plus cas de merde auquel j’ai fini par m’attacher et que je surveillais attentivement offrent des chocolats à l’étudiant qui fait bonne figure plus qu’à l’attentionné timide… Je le maintiens, les gens sont ingrats (je suis pas médecin mais -presque- véto et contrairement à celle plus haut, je trouve nos métiers plus proches, au delà du statut de soignant)
Par contre pour la nana de 46 balais, avec moult maladie qui décide malgré tout de procréer, je suis désolée mais c’est une égoïste finie. Déjà être prêt à refourguer ses tares génétiques ça me dépasse, avoir des enfants aussi tard également (et je parle en connaissance de cause… Avoir 20 ans et voir ses parents vieillir et s’approcher dangereusement de la mort, c’est pas vraiment le pied d’avoir ces sensations quand on débute dans la vie. Et d’autres aspects mais qui sont peut être plus dépendant de mon cadre familial plus que de l’âge auquel on m’a conçue…)
Non, c’est trop facile de toujours être le/la gentille de l’histoire. Ce côté puant de notre société qui valorise des attitudes comme la tienne, alors qu’elles sont totalement dangereuses ! Une copine juriste me parlait de ce côté peer pressure auquel ils font face lorsqu’ils bossent en groupe. Socialement on valorise le pardon, la seconde chance, blablabla… Et dans un exercice où un condamné pour pédophilie trouve un travail dans une école primaire, les petits juristes en herbe laissent filer. Je digresse, ça n’a rien à voir mais qu’est ce que ça m’énerve !
Je suis sûrement trop à l’opposé, je me complais dans la contradiction, je me réjouis qu’on ne m’aime pas, que j’effraie, par mon aplomb, ma fermeté et mes idées inconventionnelles… J’ai plus l’impression de mentir, de me mentir, et je m’en suis sentie soulagée ! Néanmoins je comprends que ça ne corresponde pas à tous et qu’être hors des meutes déplaise :)
31 mars, 2015 à 13 h 46 min
Bonjour Youpi,
vous êtes amère quand les chocolats sont offerts à celui qui fait bonne figure, et vous vous réjouissez qu’on ne vous aime pas… est-ce que vous réalisez que c’est la même chose, qu’on n’offre justement pas de chocolats aux gens que l’on n’aime pas ? :-)
Vous me semblez adopter une position entière, sincère et courageuse, mais qui ne vous rend pas heureuse et n’est pas reconnue. Je m’y reconnais un peu, il y a quelques années ;-)
Moi j’ai remarqué que c’est vraiment difficile d’être le/la gentille de l’histoire, c’est-à-dire de rester attentif et présent quand on désapprouve, d’exprimer sa désapprobation sans la cacher ni un faire un gros « coup de massue », de se montrer avenant et respectueux sans paraître incompétent, louche ou mielleux. C’est un exercice sacrément difficile, mais quand on s’en rapproche, quelle surprise ! Contrairement à la logique, on est plus heureux que quand on a le dernier mot ou que l’on tait son opinion, l’autre aussi, et l’autre répond à notre opinion, l’a enfin entendue, la valorise, parfois même en devient plus convaincu que nous !
Je vous encourage à continuer à penser par vous-même, et à chercher les voies les plus créatives quand vous sortez des chemins battus, pour parvenir à se distinguer plutôt que se dissocier, toute la nuance est dans la non-violence et on en est soi-même le premier bénéficiaire ou la première victime.
Et je parie que vous recevrez des chocolats de la part de gens à qui vous aurez pourtant exprimé votre plus entière désapprobation, en remerciement de votre intégrité attentive et non agressive ;-)
Passez une belle journée, Youpi
3 avril, 2015 à 12 h 24 min
enceinte à 46 ans…j’ai quand même de mal à comprendre qu’elle le garde, mais on va me dire que c’est son choix, et c’est sûrement vrai.L’essentiel, c’est que le médecin a fait son job en présentant les risques.
4 avril, 2015 à 0 h 44 min
https://www.youtube.com/watch?v=zNRVyoDuqrg
5 avril, 2015 à 12 h 26 min
Je n’aime pas mon médecin, parce qu’elle n’est pas sympathique, mais j’en changerais pour rien au monde parce qu’elle est compétente et directe, et que c’est ça que j’attends chez quelqu’un qui doit s’occuper de ma santé. Elle me dit ce dont j’ai besoin et pas ce que j’ai envie d’entendre, et je suis pas là pour être amie avec.
5 avril, 2015 à 22 h 20 min
Bonjour !
Peut-être, tu pourrais faire un peu de théâtre ?… Parce que à un moment donné, il te manque peut-être un spectre plus large d’expression des choses.
Je dis ça parce que j’ai souvent été très sensible, chez le doc, à une façon gentille de dire quelque chose de pas gentil, et vice-versa…
Assouplir et élargir un peu la façon de dire les choses ?
Merci à toi en tous cas, tu écris très bien, je suis libraire, à te lire !
f.
6 avril, 2015 à 13 h 34 min
Je suis un hurluberlu qui croit encore à ce mythe stupide de liberté et de responsabilité. Donc, deux choix: soit mon médecin décide pour moi, me prive de ma liberté et assume toute la responsabilité, quoi qu’il arrive. Pour le patient, c’est confortable, parce que les mauvais choix peuvent coûter cher (un pied, par exemple). Et que l’on peut être content d’en vouloir à quelqu’un d’autre des erreurs qui vous touchent.
Ou bien, je décide pour moi, avec l’aide et le conseil d’un médecin. Et je préfère çà, moi, parce que ce serait peut être un peu lourd à porter, d’être le médecin maman de tous les patients. Parce que je suis un adulte qui essaye de conserver le peu de libertés que lui laisse gouvernemaman.
Parce que ce que j’attends d’un médecin, c’est de m’expliquer ce qui est de son domaine de compétence et me laisser le questionner jusqu’à ce que je forgé ma décision.
10 avril, 2015 à 21 h 15 min
Bonjour Jaddo,
Juste pour te dire que j’ai soutenu ma thèse ce matin et qu’il y avait une ligne de remerciements juste pour toi dans mon manuscrit <3
Je le glisse ici car moi aussi j'ai un problème de gentillesse, facteur de risque prépondérant d'amputation de mes patients…
À bientôt,
Julie VDB (de Paris 5)
11 avril, 2015 à 0 h 32 min
Bonjour Jaddo.
Je suis infirmier libéral à la campagne.
Je viens de découvrir ton blog, et de lire cet article (le reste je le découvrirai plus tard).
Je veux juste que tu saches que je serais tellement content de pouvoir travailler avec des médecins aussi nuls que toi! Ce serait un vrai vrai bonheur!
Je comprends ta maladie, j’ai un peu la même.
C’est qu’en fait, je n’ai jamais cru qu’on pouvait guérir quelqu’un contre son gré. Je ne crois pas aux victoires thérapeutiques autres que juste que tout le monde soit content.
Tu sais, on n’évite pas la vieillesse, la maladie, la mort. Un type, il y a deux mille six cent ans, a juste rappelé que si l’on regardait qu’on n’échappe pas à la périssabilité des choses, et bien on vit parfois mieux.
Et que dire de l’extrème violence de tous ceux qui tentent de maîtriser le réel avec des « si » qui découpent ce réel en tranches pour mieux le resservir sous la forme qui les arrange?
Si vous étiez venus trois mois plus tôt, on ne vous aurait pas coupé le pied.
Me rappelle ce patient, qui clamait haut et fort : « tous ces cons, qui disent que je suis diabétique, ils n’y connaissent rien! »…disait-il en mangeant son chocolat avec sa tranche de pain devant son verre de rosé frelaté par lui-même!…bon, on en a coupé, des bouts, après….mais il n’a porté plainte contre personne. Il n’y aurait pas pensé tout seul.
Donc oui, il y a les patients, et il y a ceux qui savent tout mieux que tout le monde, sauf qu’ils ne le voient pas, le patient, dans son quotidien cru de tout les jours, et ils ne comprennent que la réalité qui se passe entre les quatre murs de l’hopital. Où, bien sûr, tout le monde prend son traitement, tout le monde respecte les règles hygiéno-diététiques, tout le monde il est un bon patient qui rentre dans les cases normatives des procédés des bonnes pratiques. Un patient qui validera le contrôle qualité, bref, un patient qui fera pas chier le système, quoi!
Et un patient qui fait pas chier le système, c’est un patient propre, sans bavure, aux pathologies conformes à ce que les bouquins y zécrivent. Et pis c’est tout! Quant à sa vie, ses désirs, ses peurs, ses résistances incoercibles, son délire total, ses ignorances et limites que c’est toi qui les entend et te les farcit et que personne ne veut en entendre parler, bah oui, c’est toi qui vit avec, et après tu rentres chez toi et vas dormir, que ce soit résolu ou pas.
Me rappelle ce patient, qui me montrait l’ordo du médecin traitant, puis me montrant la ligne du béta bloquant, me dit : »ah, mais çui là, j’en prend que la moitié-il y en avait un de prescrit-mais je l’ai pas dit au docteur »…ceci depuis probablement des mois, si ce n’est des années. Quand il est mort l’année d’après, personne n’a porté plainte. Il a bien vécu quand même. Et sa femme n’en a jamais voulu à personne.
Dans un bureau c’est plus dur, car on est un peu extrait du réel, ça met la barre plus haute…à domicile on culpabilise moins, car c’est le territoire du patient.
Mais oui, peut-on, doit-on soigner quelqu’un contre son gré?
En tous cas, tous mes encouragements, merci pour ton témoignage, c’est bien de témoigner de la vie réelle. Je te souhaite tout le meilleur.
Et continue d’être ce que tu es. C’est bien les gens qui sont comme eux-même.
De tout coeur.
L.
12 avril, 2015 à 22 h 06 min
Franchement, ouais, franch’ment… je vais vous dire, Jaddo…
Moi je suis thérapeute, voyez… et il n’y a pas un seul jour (ou alors un sur 30) où je ne me pose pas de questions sur:
1. si ce que fais en thérapie est bien.
2. si ma manière d’écouter est la bonne; la plus congruente
3. si j’ai pas fait une erreur dans l’analyse.
4. si j’ai pas vu quelque chose qui était une évidence
5. si je suis même pas au courant de mon contre transfert… alors que je pratique depuis trois ans…
6. si je suis pas nulle, archi nulle, et si je dois pas quitte le métier pour le bien être de la société.
7. c’est dire qu’en ce moment, je ne vais pas bien. En effet. Ca c’est bien analysé
7Bis. Mon métier est ma vie. je suis doublement supervisée.
Vous voyez le truc.
Alors je vais vous dire… le fait que vous vous identifiez à un presque pas bon médecin est l’indice même que vous réfléchissez sur votre pratique, que vous écoutez, que vous respectez une éthique.. que vous mettez en question… et que donc vous êtes un putain de bon médecin.
Des médecins autoritaires, j’en connais… hélas… et ils sont vraiment à chier.
Ils prescrivent, ils ordonnent, et pas que via des ordonnances.
Et c’est pas ça qu’on attend d’un médecin.
Amener quelqu’un à prendre conscience de la nécessité d’une hospitalisation fait partie du boulot du médecin.
Je suis sûre que si grand danger, urgence il y a, vous n’hésiterez pas un seul instant à hospitaliser. En cas d’urgence vitale.
Quant à moi, je ferais bien de tenir un blog aussi. Ce soir, ça va pas trop fort. Ouais, y en a des qui ont le regard moins glauque, y compris parmi les topinambours.
Quand on en vient à penser à quitter le métier pour lequel on a tant investi, bah là, moi j’dis… bah pourquoi???? bah parce que j’ai un tel degré d’exigence envers moi, que bah là…
Bah des fois, les thérapeutes y vont pas bien.
Longue vie à ce blog.
13 avril, 2015 à 16 h 35 min
Bonjour JADDO et à tout les lecteurs et lectrices de votre blog.
Je lis ce blog depuis que je suis externe en médecine et 4 ans plus tard je suis toujours là, dans l’ombre, sans le moindre commentaire.
Lorsque je lis « Faire n’importe quoi pour que les gens m’aiment. » Je vois là un immense égo qui à besoin d’être satisfait.
Lorsque je lis le reste du billet, je ne retrouve pas cette racine profonde dans vos actes mais plutôt l’importance de placer l’individu au centre de la décision de soin.
Merci,
Life is a journey,
Love is a purpose.
Osho
14 avril, 2015 à 16 h 40 min
@ Pierrot
Citation de Osho?
Euh…
20 avril, 2015 à 3 h 28 min
CCher Raythebuck,
Je suis confus, il s’agit vraiment d’une citation d’un de ses livres (Le secret). Mais je ne serais dire si il en est l’auteur. Probablement pas d’ailleurs, cependant je n’ai pas trouver la réponse à cette question.
Si vous connissez son auteur je serai curieux de la savoir.
Amicalement
24 avril, 2015 à 14 h 19 min
Vous avez probablement de meilleurs connaissances que moi dans le domaine mais c’est le mode de fonctionnement de tout individu. Etant enfant, on cherche des règles pour comprendre le monde qui nous entoure, elles nous viennent de nos joies, de nos traumatismes, de nos parents, de la religion…
Les règles que l’on se fixe enfant, nous orientent vers une idéologie et une certaines visions des choses. Quand des éléments contraires à ces règles se manifestent, la plupart des gens nient la réalité et vivent leur vie. Arrivés sur leur lit de mort, ils regrettent, trouvent qu’ils ont été stupides etc…
J’essaie de me connaître du mieux que je peux, de voir quelles sont les règles que j’applique, d’où elles me viennent, ce qu’elles valent, quelles sont leurs conséquences et si je peux les accepter. Quand je suis dans une situation difficile, je fais le point sur mes défauts et j’essaie de les confronter sur comment ils peuvent affecter ma décision pour ensuite appliquer la solution qui me semble la plus juste.
22 mai, 2015 à 12 h 24 min
Putain de bon blog ! Encore de quoi lire des heures au lieu de bosser, merci.
19 août, 2015 à 12 h 35 min
J’aime beaucoup ce billet, ça me fait me poser beaucoup de question, en tant qu’individu (je ne suis pas médecin). Merci de vous livrer avec tant d’honnêteté.
En tant que patiente, j’ai enfin trouvé le médecin qui me correspond et je crois que c’est grâce à plusieurs facteurs combinés : 1) sa personnalité (attentif, à l’écoute, hyper cool avec les enfants : mon fils adore aller chez lui, bref, gentil) 2) évidemment, sa compétence en médecine (il voit juste même dans des trucs que les autres ils comprennent rien) 3) sa capacité à s’adapter à ses patients.
C’est sûrement ça la grande qualité chez un médecin, après sa compétence spécifique médicale, bien sûr. Ce médecin a bien compris que je n’aimais pas trop les médicaments, que je n’accordais qu’une confiance très limité dans les stats et recommandations produites par les labos pharma et les institutions.
Je suis rationnelle, si on me sort une stat, je veux connaitre les conditions de réalisation, les commanditaires etc. Je ne veux pas qu’on me prenne pour une truffe, en me balançant des conclusions comme des paroles d’évangile, juste parce que je ne suis pas médecin et que donc, je suis censée n’y rien comprendre.
Il a bien entendu ma réticence face à la vaccination. Et il ne m’a pas forcé ; il m’en a parlé de manière sérieuse mais sans se mettre en position de dominant ou de prosélyte. Il m’a conseillé des sites à consulter pour bien comprendre. Après plusieurs visites, ses arguments ont fait leur chemin et je vais faire vacciner mon fils contre certain trucs. Il a donc réussi, en étant gentil et patient, là où les pédiatres n’avaient réussis qu’à me braquer plus fort (en me traitant d’inconsciente, généralement).
Donc, un grand merci aux médecins gentils et compétents, qui font le métier le plus beau et le plus dur du monde (avec les profs ;) ).
30 décembre, 2015 à 16 h 42 min
En tant que patiente, j’ai un petit truc à dire.
Un jour j’ai du aller chez mon médecin traitant, parce que ça n’allait plus. J’en suis ressortie avec un arrêt et du N******. Que je n’ai pas pris, la notice m’a trop effrayée.
Maintenant je vais chez un autre, et la dernière fois j’y suis allée pour une douleur bizarre, ou il m’a prescrit une radio que je n’ai pas faite, parce que je n’avais plus mal.
Je continuerais à aller chez ce deuxième médecin, et je continuerais à ne pas aller chez le premier. Parce que le deuxième discute, explore, convainc, dit quand il ne sait pas, et quand il sait.
Bon il est gentil, mais ce n’est pas le propos, le premier aussi est gentil. Juste que voilà, derrière les lunettes en face du médecin il y a un cerveau, et parfois, ça fait du bien quand on s’adresse à lui. Merci :)