Prenons une plage.

7 juin, 2009

Un lecteur a laissé récemment, dans les commentaires, ce lien : http://www.stethonet.org/news/blues.php?cat3=4244

Merci à lui.
Prenez quelques minutes pour aller lire, et prenons, donc, une plage de la côte basque ;  je n’ai rien contre les basques.
Un vent force 7 et, voyons grand, dix mille personnes en train de se baigner.
Sur ces dix mille personnes, mille sont au delà de la ligne de sécurité. Les vagues y sont plus fortes, les courants plus pervers, et, statistiquement, elles ont toutes un risque de se noyer non négligeable.
A la lunette, un des CRS voit mille personnes en train de se potentiellement noyer.
Il se tourne vers son collègue et dit : « Boarf, Léon, allons plutôt nous en jeter une et mater les gonzesses ».

Ce qu’ils firent.  Dix personnes, qui étaient en train de commencer à effectivement se noyer, moururent.

Quatre se noyèrent bel et bien. Sur les six autres types, qui étaient partis pour se noyer en toute bonne foi, deux se firent piquer par un banc de méduses mortelles qui aimaient bien les plages basques, deux virent flotter non loin un vague bout de bois qu’ils prirent pour un aileron de requin et firent une crise cardiaque, un se prit un pot de bégonia sur la tête laché négligemment par un pilote de boing 747 qui n’aimait pas les bégonias, et le dernier, dépressif, décida de plutôt s’étrangler avec son slip de bain, puisqu’il était visiblement par trop quelconque de mourir par noyade sur cette plage-là.

Sur une autre plage, les CRS n’aiment ni les bières, ni les gonzesses, et sont bien déterminés à sauver les mille bougres. Aussitôt qu’ils les ont avisés dans leur lunette, ils appelent leur chef, qui envoie son escouade anti-noyade sur le coup.
Cint cenq zodiacs sur la rive font vrombir leurs moteurs, et se lancent à la rescousse des pauvres futurs potentiels noyés.

Pour les attraper et les faire sortir de l’eau, ils les happent avec le dernier super lasso électronique à tête chercheuse. Le lassotage est douloureux, violent, mais d’une efficacité redoutable. Bon, de temps à autres, la tête chercheuse passe à côté du noyé et ramène un espadon à la place, et, d’autres temps à autres, un faux contact électrocute le noyé. Mais c’est très rare.
D’autres fois, plus fréquentes, le lasso n’arrive pas à saisir les noyés par le torse, et les tracte sur le zodiac par ce qu’il a pu attraper, ce qui n’est pas sans conséquences malheureuses.
Mais les CRS le savent bien : ce sont les risques du métiers, et c’est avec fierté qu’ils ramènent 9 994 types bien vivants sur la rive, le SLEATC n’ayant certes électrocuté personne ce jour-là, mais ne pouvant rien contre les pots de bégonias les crises cardiaques et les méduses.
85 pénis seulement ont été sectionnés ; on les range soigneusement dans une boite en plastique pour les remettre à leurs propriétaires respectifs plus tard, histoire qu’ils puissent les enterrer avec les égards qui leur sont dûs.
Les CRS appelent leurs copains de la plage d’à côté, et se gaussent : ils ont 4 morts de moins sur leur plage à eux.

Pendant les 20 années qui vont suivre, l’escouade anti-récidive-de-noyade passera une fois par mois chez les 9 993 types restant (un dépressif dans le lot s’est jeté du troisième étage de son immeuble), pour leur balancer des seaux d’eau glacée sur la gueule en pleine nuit, et leur plonger la tête dans les toilettes histoire de leur apprendre à retenir leur respiration.
La télé-opératrice les appellera tous les jours à des heures variées pour leur rappeler qu’ils sont des noyés potentiels, et que, peut-être, un jour, ils se noieront dans d’atroces souffrances. Elle ajoutera « gniark gniark », parce que c’est sur son script, et raccrochera.

Surveillez la plage si vous voulez, moi je vais boire une bière.