Demandez-vous.
21 septembre, 2015
J’ai connu Mme B. au tout début de mon remplacement chez le Dr Cerise.
Je l’ai très vite pas aimée du tout.
Au bout de ma troisième consult avec elle, j’écrivais dans son dossier : « Moi je trouve surtout qu’elle consulte beaucoup trop souvent pour une femme de 32 ans » . Et la fois d’après : « Il faut arrêter les examens complémentaires ».
Elle était INSUPPORTABLE.
Il fallait l’arrêter trois fois de suite pour une sinusite à la con.
Elle avait encore trooooop mal. Et elle se sentait encore troooop pas bien.
Moi on était en février, et je fumais deux paquets par jour et je crachais un demi-poumon entre chaque deux patients, en me tenant pas sur mes jambes et en étant obligée de m’asseoir par terre parce que tousser me prenait toute la force que j’avais en moi et dépassait celle de tenir juste debout sur mes jambes, et elle il fallait que elle je l’arrête parce qu’elle avait encore trop mal au sinus droit sous l’œil, et puis la tête comme du coton aaaaah ça n’allait pas du tout elle pouvait pas aller travailler comme ça. Ça me rendait folle.
Elle avait obtenu haut la main le record de lapins sur la plus petite durée de temps envisageable.
J’veux dire, la meuf était capable de te poser trois lapins sur la même matinée.
Elle venait pas à son rendez-vous de 8h.
J’appelais, à 9h30, elle avait pas pu venir, elle s’était pas réveillée, vaguement pardon, elle reprenait rendez-vous à 11h45.
À 11h43 elle appelait pour dire qu’elle annulait le rendez-vous de 11h45 et elle en reprenait un à 12h30.
Et puis elle arrivait à 13H12, en disant : « Oui mais on a dû habiller sa Barbie » .
Moi je pétais un plomb. « On a dû habiller sa Barbie » , sur le TROISIÈME rendez-vous de la journée, je me sentais pousser des veines sur mes tempes dont je ne soupçonnais pas l’existence.
Au 12ème lapin, du haut de ma troisième année d’exercice et de mes 30 ans, j’ai tapé du poing sur la table.
Je l’aurais peut-être pas fait pour une autre, mais elle m’agaçait tellement, avec ses bajoues vides et son regard bovin et son « On a dû habiller la Barbie » l’air de s’en foutre totalement, sans dire pardon ou désolée ou mes couilles, j’ai craqué. J’ai demandé son aval à mon chef, et je lui ai dit que les prochaines fois, ce serait 40€ la consult. Voilà. AHAH ! Toc !
J’ai pris mon air docte, je lui ai dit que maintenant ça suffisait, et que pour tous les retards, ce serait 40€.
Je l’aurais fait sans doute pour personne d’autre, mais elle, vraiment, elle me sortait par les yeux.
Elle a hoché la tête et elle a payé 40€ et je me suis dit que j’avais rudement bien fait.
Parce que comme ça JE LUI APPRENAIS, voyez ?
J’ai connu Mme G. au tout début de mon remplacement chez le Dr Carotte. Et je l’ai très vite pas aimée du tout.
Elle arrivait toujours en retard, toujours, elle aussi.
Avec l’air de s’en foutre et des excuses pourries, des j’ai pas trouvé de place pour me garer, et presque à l’entendre c’était de ma faute.
Elle venait toujours pour des trucs qui existent pas, des vertiges qui n’en étaient pas, des douleurs thoraciques merdiques, des gênes respiratoires de mes fesses. Elle exigeait toujours un scanner de tout le corps « pour voir ce qui n’allait pas », parce que c’était quand même pas normal et que dans la tête dans la tête quand même elle voulait bien mais que c’était pas dans la tête de pas pouvoir respirer à ce point-là. Elle voulait qu’on lui dose son magnésium et « tous les acides aminés » pour voir si elle avait pas des carences. Elle arrivait avec 12 minutes de retard en disant que c’était pas grave parce que c’était même pas pour une consultation c’était pour une prise de sang.
Et son arrêt de travail qui n’en finissait pas, qui partait sur une sciatique, qu’on prolongeait pour une sinusite et qu’on re-prolongeait pour une tendinite de la moitié gauche du corps (??).
Quand j’avais réussi à la calmer sur la respiration, elle revenait avec des fourmis dans la moitié du corps et que c’était quand même peut-être une sclérose en plaques parce qu’elle avait lu sur Internet que les fourmis c’était peut-être la sclérose en plaques.
Dans la salle d’attente elle criait et elle apitoyait tout le monde de à quel point elle devait passer avant tous les autres.
Ses enfants faisaient un bruit qui existe même pas sur l’échelle de Richter du bruit ; du coup ça m’allait bien qu’elle passe avant tout le monde même si c’était pas justifié du tout, ça faisait du bien à ma tête.
Les patients avant elle me glissaient en fin de consultation : « Heu, je sais que ça me regarde pas, mais la dame après moi, elle parle pas à son enfant. Enfin j’veux dire pas du tout. En deux heures. Je… je sais pas, je me dis que c’est bien que vous le sachiez, je sais pas, au cas où. »
Et puis elle arrivait sur ses grands chevaux et sur ses plaintes incompréhensibles, ses reproches sur ce que j’avais pas fait alors que sa cousine qui avait la même chose elle avait eu une IRM, et je l’aimais pas.
Et pourtant, ça fait un moment que je vous le raconte, j’aime tout le monde.
J’aime tous mes patients, depuis mes tripes.
J’aime les gros, les moches, les qui sentent mauvais (je crois que j’aime ENCORE PLUS ceux qui sentent mauvais), et allez savoir pourquoi aussi les méchants, les racistes, les homophobes.
Je pardonne des trucs à mes patients que je ne pardonnerais jamais au reste du monde dans le reste de ma vie.
J’ai un puits d’amour à peu près sans réserve.
Et elles deux (et là encore je dis elles deux parce que je vous ai parlé d’elles, mais il y en a beaucoup d’autres que sans savoir pourquoi, sans vraie raison, j’ai haïes), elles deux je les détestais.
Le temps a un peu passé.
J’ai arrêté d’écrire « Elle consulte beaucoup trop ! » et « Elle est agressive sans raison… » dans mes dossiers.
J’écrivais « Plaintes multiples habituelles », et je faisais des tours de passe-passe avec du Spasfon et du Laroxyl.
Et puis, quatre ans après, en les revoyant, j’ai vu des notes.
Pas de moi, des notes de l’autre médecin que je remplace, ou de celui qui remplace le même médecin que moi.
Mme B. était cognée par son mari. Tous les jours. Fort.
Quand elle arrivait en retard, elle disait « On devait habiller la Barbie » , parce que si elle partait avec la Barbie à moitié nue, elle s’en prenait une, ou deux. Ou trois, sans raison. Parce que la Barbie était nue. Et que ça elle pouvait pas le dire.
Mme G. a été violée par son beau-père, de ses 6 à 16 ans, dans le silence assourdissant de sa famille.
Moi, Mme B. je lui ai fait payer 40€ ses violences, parce que ça se faisait pas.
Mme G. , je l’ai pourrie, parce qu’elle était incorrecte.
Et toutes les deux, j’avais un truc au fond du ventre qui me faisait les haïr, alors que j’aimais d’amour vrai des gens bien pires sur le papier qu’elles.
Entre deux, j’étais allée sur Twitter. J’avais rencontré des gens, des victimes ou des médecins sensibles, qui m’avaient appris un peu que quand tu détestes une patiente super reloue, peut-être ça vaut le coup de poser la question.
J’ai relu en vitesse mes consultations d’il y a 5 ans, mes réactions du moment, et j’ai eu un peu, beaucoup, à la folie honte.
J’ai revu Mme B.
J’ai lu les violences dans son dossier.
J’ai regardé mon pied gauche, et puis mon pied droit, et je me suis dit qu’il fallait le dire.
J’ai dit : « Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il y a quatre ans, j’ai été un peu dure avec vous, parce que vous étiez toujours en retard… »
Elle a dit « Oui, je me souviens. »
J’ai dit : « Je m’excuse. J’aurais dû me rendre compte, j’aurais dû poser la question, je ne l’ai pas fait. »
Elle a dit, avec toujours son œil impassible : « Oui, vous auriez dû. »
J’ai dit « Je suis désolée. »
Elle a dit « C’est pas grave, merci. Personne ne l’a fait. »
Voilà.
Tout ça pour dire : posez la question. Demandez-vous.
On m’a dit un jour dans une formation « Un gamin que tu as envie de taper, c’est peut-être qu’il est tapé. »
Bin une patiente que vous détestez, c’est peut-être qu’elle est détestée.
Arrêtez-vous.
Demandez-vous pourquoi vous avez envie de la taper.
Demandez-lui si elle est tapée.
Ce sera oui. Souvent.
Préparez-vous.
21 septembre, 2015 à 7 h 32 min
Bravo !
Voilà un discours qui fait chaud au coeur et qui rend le misérabilisme de certains médecins, l’énervement d’autres, le patient bashing de beaucoup, énervants.
Une des solutions est de parler de ses patients à ses associés, collègues, dans un couloir, autour d’une tasse de café, dans un groupe de pairs, et cetera. Pour ne pas méjuger les patients, pour ne pas se laisser emporter par la culpabilité, pour ne pas être trop empathique, pour mieux se promener entre paternalisme et clientélisme.
Ne pas trop s’impliquer non plus et ne pas trop se désimpliquer non plus.
Enfin, et venant d’un anti freudien thérapeutique mais d’un freudien intellectuel, le transfert et le contre-transfert, cela mérite de s’analyser. Entre confrères non freudiens ou freudiens.
Ce billet est à faire lire dans les écoles de médecine car, et je ne peux m’empêcher de revenir à mes dadas, c’est à l’hôpital qu’on apprend à mépriser les patients avec une composante supplémentaire : institutionnelle.
Bonne journée.
21 septembre, 2015 à 8 h 25 min
Billet précieux !
En tout petit en bas, tu parles du 3919. Ils sont très bien, et il faut savoir qu’ils ne gèrent pas seulement les violences physiques…
21 septembre, 2015 à 8 h 56 min
Merci pour ce billet. Vraiment.
Je suis de l’autre côté, côté femmes violentées exaspérantes. J’ai moi aussi loupé quelques rdv, annulé d’autres et, surtout, je n’ai jamais pu consulter sans mon ex dans le cabinet. J’ai été odieuse avec des médecins. J’ai été malpolie. J’ai été mutique ou au contraire je me suis plainte « pour rien ». Parce que j’avais envie de voir quelqu’un qui me dirait pas que c’était du cinéma, même s’il comprendrait pas tout ; parce que j’ai eu envie de voir quelqu’un qui me toucherait pas (parce que les symptômes que j’avais demandaient pas autre chose que les écouter et dire qu’on pouvait rien y faire) ; parce que j’ai eu envie de parler souvent mais que je ne pouvais vraiment pas.
Merci pour ce billet, si précieux. Parce que le jour où j’ai été au bout du bout du rouleau, c’est mon médecin traitant qui m’a recueillie dans mon pire état malgré mes comportements antérieurs. Et je n’oublierai jamais. Il ne m’a jamais frontalement reproché ce qui l’a probablement exaspéré comme vous. Il a juste attendu que je parle.
Merci pour ce billet. On n’oublie jamais les soignants comme vous.
(Tout comme je n’oublierai jamais les maltraitances de certains soignants qui sont intervenus à cette période où je commençais à parler et qui n’ont eu ni patience ni empathie, qui m’ont descendue plus bas que là où j’étais déjà.)
21 septembre, 2015 à 9 h 02 min
Merci pour ce joli billet poignant et utile. Depuis quelques temps j’ai inclus dans mon relevé d’antécédents la rubrique » violences « . C’est pas toujours facile à demander, parfois j’ose pas, mais quand c’est possible, il me semble que la relation qui s’instaure entre le patient et moi est beaucoup plus » honnête « . Plus besoins de faire des efforts démesurés pour cacher les maux et s’en inventer d’autres.
21 septembre, 2015 à 9 h 04 min
Je suis travailleur social, (très) mal à l’aise avec les violences familiales. Lors d’une formation, les intervenants ont dit qu’il fallait demander à chaque personne que l’on rencontre si elles ont déjà été victimes de violences. Que chaque professionnel du social ou de la médecine devrait le faire, que ça devrait faire partie intégrante de l’entretien ou de la consultation. Une question de base en somme. Depuis, je le fais. Ben fait voir le nombre de personnes qui ont subi des violences… Mais ceci explique justement parfois cela et nous aide à avancer ou à trouver des protections.
21 septembre, 2015 à 9 h 16 min
Merci pour ce billet ! et pour bien d’autres…
21 septembre, 2015 à 10 h 31 min
Coucou Jaddo ;
Il n’y a pas si longtemps que je pose (parfois) la question des violences … et la réponse fait souvent aussi mal qu’un uppercut.
Il y a aussi ces mamans qui s’effondrent en apprenant que leur enfant a été violenté … parce que ça les renvoie à la violence qu’elle ont subie et tue toutes ces années, et que ça renvoie leur propre cécité à celle de ceux qui auraient dû les protéger. Comme des portes longtemps verrouillées qui s’ouvrent enfin, avec douleur, mais qui permettent parfois de comprendre.
Merci pour ce billet, comme d’hab.
21 septembre, 2015 à 10 h 36 min
Je commente pas souvent, mais là, ça fait TELLEMENT écho à la formation à laquelle je suis allée ce week-end… Dès la 2ème ligne de ton billet j’ai pensé aux violences, et je ne suis pas sûre que je l’aurais fait avant cette formation, mais aussi avant Twitter, avant vous tous.
Merci de contribuer à me rendre meilleur médecin.
21 septembre, 2015 à 10 h 37 min
Magnifique billet.
A placarder en A1 dans toutes les facs de médecine de France & de Navarre.
21 septembre, 2015 à 13 h 00 min
Vache, ça pique. Mais merci docteur (j’vous dois combien pour la consult?)
Alors les boulets qui roulent n’importe comment, qui cherchent pas à communiquer avec leur environnement immédiat grâce à leur clignotant (je n’ose même plus le pluriel), pour qui le rétroviseur est juste un « truc qui fait un angle mort qu’on voit pas le feu rouge », pour eux aussi il y’a une explication?
21 septembre, 2015 à 13 h 08 min
Soudain je viens peut-être de piger quelque chose sur deux de nos clientes particulièrement pesantes. Je vais tenter, même si le contexte ne s’y prête pas, d’être plus attentive. Et patiente.
21 septembre, 2015 à 15 h 03 min
Ecoutons notre alarme bidale hein!
Depuis que je suis sur Twitter je m’astreins à poser la question, pour tout le monde, aux urgences. (enfin j’essaie)
Et j’essaie de ne pas dire « Vous n’avez jamais été victime de violence hein? »
Je crois que j’ai toujours peur de la réponse…
Merci JADDO, pour ton blog, dans lequel je me reconnais tant.
21 septembre, 2015 à 17 h 43 min
Encore une fois je suis vu dans la quasi même situation, cette situation ou tu te trouve con, con d’avoir juste été saoulé alors qu’il fallait voir plus loin …
alors j’essaye, je n’y pense pas toujours malheureusement mais j’essaye
merci
21 septembre, 2015 à 18 h 06 min
Cet article fait écho aussi pour moi à une formation avec un spécialiste de victimologie.
Le « demandez-vous » est très judicieux; en effet, il semble que les victimes auraient tendance à reproduire des comportements qui provoquent agacement ou gêne, et c’est bien de se poser la question.
Malgré tout, poser la question à tous systématiquement me paraît compliqué, ça peut aussi être vécu comme intrusif.
J’ai mis une documentation à ce sujet ds la salle d’attente : ça peut permettre éventuellement aux personnes de sentir qu’elles peuvent s’ouvrir sur le sujet…ou d’appeler le 3919.
Merci pour cet article
21 septembre, 2015 à 18 h 37 min
bel article
c’est pas une question facile à poser quand on rencontre de nouveaux patients mais en fin de compte ça peut améliorer leur vie et même la sauver si c’est le cas.
et c’est bien d’avoir reconnu ses erreurs même si ça prend du temps =)
une étudiante en médecine
21 septembre, 2015 à 20 h 58 min
vos histoires me font écho…je travaille en addictologie et je vois ces patientes tous les jours…savoir poser les questions c’est un vrai art…
merci pour cette humilité
21 septembre, 2015 à 21 h 17 min
Tout n’est pas perdu…
Votre billet pourrait illustrer la définition de l’intelligence.
Merci !
Hélène
21 septembre, 2015 à 21 h 35 min
[…] Je vous renvoie également à un autre de ses articles, poignant, sur les patients malaimés : Demandez-vous. […]
22 septembre, 2015 à 8 h 39 min
« Et maintenant je vais vous poser une question que je pose à tous mes patients. Est-ce que quelqu’un, dans votre vie, vous a déjà fait du mal ? »
C’est la question qu’une médecin m’a posée alors qu’elle constituait mon dossier médical au début d’une première consultation à son cabinet. Sur le moment, la question m’a surpris (sans me déranger le moins du monde).
Maintenant je comprend mieux.
22 septembre, 2015 à 12 h 29 min
Il y a 20 ans, alors que j’étais jeune fille, ma très gentille médecin me demandait systématiquement en regardant mon maquillage d’un air suspicieux si j’étais victime de violences.
Interloquée, un peu vexée (mon maquillage était-il si vilain ;-) ?), je me suis très vite dit que c’était une très bonne habitude qu’elle avait là…
On n’imagine pas, quand on n’en est pas victime, le nombre effrayant de personnes qui ont besoin d’aide.
22 septembre, 2015 à 13 h 44 min
Intéressant, surtout dans le « milieu » médical où 90% des médecins spécialistes pensent plus à vous faire payer l’addition ( la plus salée possible ) qu’à vous soigner correctement,…
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir mais « on » marche depuis pas mal d’années dans l’autre sens !!!
22 septembre, 2015 à 15 h 04 min
Ouahou! Un médecin généraliste qui dit ça!! Quel plaisir, quel soulagement, merci pour votre humanité.
Je suis psychologue clinicienne en libéral, 33 ans, et moi aussi, j’aime mes patients. Beaucoup.
Alors vos lignes me vont droit au cœur.
J’ai l’impression qu’une longue carrière de confessions intimes et de belles relations avec vos patients vous attend. Vous allez vous régaler, vous allez aider.
Merci beaucoup pour ce témoignage.
22 septembre, 2015 à 17 h 40 min
Je me le prends en pleine poire. Ce ne sont pas des adultes mais des enfants que j’ai en face de moi, et clairement, la phrase m’apparaît vraie et me fait beaucoup réfléchir.
Il faut un certain recul pour s’en rendre compte.
J’ai 30 ans et peut-être pas assez de ce recul nécessaire mais j’y travaille chaque jour.
Merci
22 septembre, 2015 à 18 h 03 min
[…] La suite sur : http://www.jaddo.fr/2015/09/21/demandez-vous/ […]
22 septembre, 2015 à 20 h 58 min
Pour ceux qui en ont la possibilité, les groupes Balint aident vraiment à avancer quand les relations sont difficiles avec certains patients.
Pour Justine, il serait peut-être utile d’aller voir ce que pensent ou disent les généralistes qui n’écrivent pas dans des blogs. Peut-être aurez vous des surprises (moi c’est votre « ouahou » qui m’a surpris…)
22 septembre, 2015 à 21 h 28 min
Je me demande : faut-il que nous patients nous demandions aussi si le soignant en face qu’on ne peut pas saquer a subi des violences dans sa vie/son enfance/etc. ? Après tout, il s’agit d’une relation humaine cqfd les deux pôles ont autant de réalité. Je me souviens d’un spécialiste qui me pleurnichait dans les bottes à chaque RDV en m’expliquant à quel point j’étais courageuse. Je n’avais pas 30 ans, il m’énervait, j’ai fini par lui demander où était le courage à s’adapter à une déficience immunitaire merdique à laquelle on ne pouvait rien. Il a fondu en larmes en balbutiant « si vous saviez… ». Oui, quoi ? En fait, ai-je fini par comprendre, ça se suicidait sec dans les rangs de la dite déficience immunitaire. Et donc, j’étais le rayon de soleil, la fille qui sauvait la mise. En fait, juste la fille qui n’y avait même pas pensé. Je suis sortie de là furax, la barque surchargée du malheur des autres qu’il m’avait collé sur le dos. Et n’y suis plus retournée, ce qui n’est pas bien méchant.
Ceci dit, y’a aussi des « soignants » (les technos, les machines à fric, les Grands Chefs) dont franchement, j’espère de tout cœur non seulement qu’ils aient beaucoup souffert dans leur enfance, qu’ils souffrent beaucoup dans leur vie quotidienne mais aussi qu’ils souffrent atrocement dans les années à venir…
23 septembre, 2015 à 9 h 56 min
Merci Jaddo pour ce temoingnage et pour tous les autres !
Je me retrouve dans la plupart de vos histoires partagées.
23 septembre, 2015 à 11 h 48 min
Enfin un médecin dont on gardera un bon souvenir et qu’on ne considère pas comme un gros con…Je me permets de dire cela car je travaille avec des médecins et ceux-ci sont souvent des gros cons incultes avec une très haute opinion d’eux-même.
23 septembre, 2015 à 12 h 14 min
et j’ajouterai tous bourrés d’idées préconçues !
23 septembre, 2015 à 13 h 53 min
Attention nzo, ça semble contagieux
23 septembre, 2015 à 21 h 27 min
Merci pour ce billet si humain, si bienveillant et si bourré d’intelligence ! Vous allez faire de nous de meilleurs soignants !
24 septembre, 2015 à 7 h 58 min
Merci Jaddo pour ce très beau billet !
Deja en tant qu’externe, j’ai pu être confronté aux violences conjugales aux urgences mais sans avoir (encore?) reçu de formation à ce sujet. Pas facile.
Quand on assiste pour la première fois à une consultation pour violences conjugales, on ne peut s’empêcher de penser à tous les patients à qui on aurait du poser la question…
Une amie partie en stage aux États-Unis me racontait que tout patient qui se présentait aux Urgences avait le droit à la question « Do you feel safe at home? », au même titre que « did you ever smoke? »
Ça me semble une bonne façon de commencer la discussion !
24 septembre, 2015 à 11 h 05 min
@BabyDoc Bonjour, je ne suis pas certaine pour ma part d’apprécier ce genre de question, que je trouve à la fois formelle et intrusive. Formelle: qui va aller raconter sa vie à un quidam croisé aux urgences? Intrusive: de quoi je me mêle? Bref, ça relève quand même de la psychologie de bazar.
24 septembre, 2015 à 11 h 36 min
Mon mari a subi des violences, et lorsque notre fils a eu 3 ans il a senti qu’il glissait lui aussi vers des réactions disproportionnées.
Notre généraliste nous a écoutés et guidés pour une prise en charge psychologique qui a permis un retour a la « normale » , même si la consolidation est fragile depuis l’arrivée du deuxième.
Cette période difficile nous a permis de nous rendre compte que, si la prise en charge des « violentés » est assez simple via toutes les associations qui existent (simple d’accès, j’entends, pas forcément dans la démarche), il est beaucoup plus difficile de trouver des assos ou groupes de soutien pour « violents latents craignant le passage a l’acte ».
Avez vous des pistes pour nous?
Merci d’avance pour vos infos, et merci Jaddo pour ce blog :)
24 septembre, 2015 à 21 h 58 min
c’est si vrai , et même si la patiente ne réponds pas oui à la question alors qu’elle est victime de violence, elle saura que le soignant n’est pas dupe. et pourra venir en parler plus tard quand elle sera prête… ( histoire vécue)
24 septembre, 2015 à 22 h 14 min
Non il ne faut pas que cette question soit systématique…
Car elle doit être posée par quelqu’un qui a la volonté d’aider…
Autrement, une victime ne se laissera jamais aller à la confidence…
On a tellement l’habitude de se blinder qu’il faut vraiment que le thérapeute, médecin ou psy, soit authentique et sincère dans cette question…
Et ça, ça n’est pas donné à tout le monde…
Merci Jaddo pour ce très beau témoignage…
25 septembre, 2015 à 5 h 03 min
Être systématique n’empêche pas d’être sincère et authentique, si ?
Si la question vient trop tôt, au mauvais moment, l’idée restera qu’il y a un endroit où la porte peut être ouverte.
(Après, je ne sais pas ce que vous entendez par « systématique ». « Posée toujours par quelqu’un que ça intéresse » n’est pas pareil que « Posée par tout le monde même ceux qui s’en foutent ». Mais ceux qui s’en foutent ne poseront pas la question, je pense.)
25 septembre, 2015 à 10 h 34 min
« Systématique » serait, comme le note Babydoc pour le Canada, que « tout patient qui se présentait aux Urgences avait le droit à la question », c’est-à-dire inscrit dans un protocole, en rajoutant une case à cocher. Donc là, même ceux qui s’en foutent vont poser la question.
Les soignants, surtout à l’hosto, débitent déjà tant de baratin mécanique & protocolaire, l’œil ailleurs et le chronomètre en main. C’est le système, OK. Mais est-ce bien utile d’en rajouter une couche ? D’autant qu’à nouveau je ne vois pas de quel droit un urgentiste lambda inconnu pourrait se permettre de poser une question aussi intime.
25 septembre, 2015 à 13 h 33 min
Merci beaucoup pour ce post, même si je n’arrive pas à comprendre l’histoire de la barbie mais c’est peut être mieux (?)
Mon grain de sel par rapport à la question en anglais aux urgences US: d’abord le contexte est différent, la culture commune aussi.
Ensuite la question est « simplement »: vous sentez-vous en sécurité chez vous?
Donc, soit tu as envie de parler soit pas, mais elle n’est pas intrusive, un simple tout va bien suffira. Elle me surprendrai (vu que nous n’avons pas le même référentiel que les américains) mais elle ne me dérangerai pas.
26 septembre, 2015 à 4 h 17 min
Bonjour et bravo pour votre franchise. Je travaille dans le social et le sociologue culturel depuis bientôt 10 ans avec des publics avec des vécus et parcours très difficile. Je suis » habituée » aux situations hallucinantes et pourtant … une collègue avec laquelle je travaillais au quotidien, qui élevait ses enfants seule et était toujours dans le « tout va bien ». Nous déjeunons ensemble et nous voyons hors travail. Un jour pour une raison qui m’échappe, pour une fois rare où nous mangions seules sans chefs ni autres collègues. Je m’aperçois qu’elle boiouille. Je sais que son ex ( le pèe des gosses)a déserté et se pointe de temps à autre. En faisant notre petite vais elle en riant on blague et je lui donne une légère tape dans le dos, elle se decompose. Elle est très affirmée et n’est pas tendre avec les tire aux flancs. Je me retourne face à sa réaction et je lui demande, au moins il ne te bat pas ( mi figue mi raisin ), bah si, nous avons beaucoup parlé et je ne l’avais rien sur le porter plainte. Je travaillais loin, je suivait une formation et minimum 2 fois par semaine c’était commissariat à toute heure et la police refusait de prendre acte ne serait ce qu’une main courante. Là c’est moi qui devenait menaçante au bout de X commissariats de porter plainte pour non assistance à personne en danger… une fois ça marche pas d’autres.
Merci à vos côtés pour ce message. Les types qui frappent aux endroits cachés par les vêtements encore une piste.
27 septembre, 2015 à 17 h 53 min
Jaddo, vous êtes un médecin humain. Aussi quand vous posez la question vous êtes forcément empathique… j’ai passé de longs moments à lire vos posts, et oui, vous êtes assurément un médecin à qui on pourrait se confier.
Pour ma part j’ai vécu l’inceste. L’inceste que l’on appelle à juste titre « le crime invisible ». Tellement invisible que même nous victimes avons du mal à croire à ce qui s’est passé.
C’est un phénomène extrêmement courant chez les victimes de l’inceste.
Nous traversons une longue période de déni durant laquelle nous REFUSONS d’admettre ce que nous avons vécu.
Et croyez moi, l’agresseur et ses complices dans la famille FONT tout pour minimiser la chose de leur côté. Nous faire croire que c’est « normal », nous culpabiliser, nous imposer la loi du silence, et pire encore… bien pire…
Révéler la chose que ça soit à un médecin ou à un psy peut s’avérer un parcours du combattant pour nous.
Nous sommes submergés par la honte, la culpabilité, et nous ne sommes pas encore reconnu comme victime.
Alors en face, il nous faut impérativement ressentir de l’écoute sincère et authentique, car autrement rien ne sort de notre bouche.
Et moi, avant de pouvoir ENFIN révéler à un médecin ou un psy, je mentais. Je répondais « non tout va bien »…
Parce que je sentais que la personne en face n’était pas si impliquée que ça…
Parce que recevoir un secret aussi lourd et complexe n’est pas à la portée de tous les médecins et thérapeutes.
Et pour bien d’autres raisons…
Ça n’a pas été le cas pour moi mais j’ai lu beaucoup de témoignages de victimes de l’inceste qui se sont faites remballer par le médecin ou psy, davantage culpabilisé(e)s… quand ça n’a pas été une opération de « minimisation des faits »…
Oui.
C’est une réalité.
Certains médecins et psys ne sont pas forcement soignants sur ce sujet complexe de l’inceste… et c’est un euphémisme…
Alors oui, comme le dit Sybille, poser systématiquement la question sans un lien de confiance entre le patient et le thérapeute, ça peut être contre-productif dans notre cas… je ne sais pas pour les autres…
Pourtant oui Jaddo vous avez raison : ceux qui s’en foutent ne posent pas la question…
D’ailleurs les médecins qui lisent votre blog sont à mon avis très humains… et encore une fois merci pour votre témoignage qui fait un bien fou…
Mais, en matière d’inceste, il faut que les médecins & psys soient bien au courant des immenses difficultés et souffrances qu’une révélation entraîne.
Parmi tous les thérapeutes que je vois, un d’entre eux minimise : « ooooh mais faut aller de l’avant hein, pas rester coincée dans le passé… faut passer à autre chose etc. »
Très compétent dans son domaine.
Mais JAMAIS de la vie je ne laisserai cette personne me guider pour gérer mon trop lourd fardeau.
Nota Bene :
Les psychologues/victimologues Muriel SALMONA et Martine NISSE (sur Paris) assurent chacune des formations auprès des médecins et psys sur ce sujet si difficile… et qui concernent 3 millions de français…
27 septembre, 2015 à 21 h 57 min
Un grand classique, c’est bien écrit, mais çà reste malgré tout une sorte de « voyeurisme médical » comme il s’en créé de plus en plus sur les blogs spécialisé dans ces témoignages. Ces histoire de patients, au bout d’un moment, çà devient quand même lourd.
Mais bon, tout le monde dit bravo, tout le monde est content, tout le monde en redemande de ces histoires, c’est la vie.
27 septembre, 2015 à 23 h 06 min
Bin, c’t’à dire que c’est un blog médical.
Du coup, y a des histoires de patients.
Sinon y a des blogs de cuisine et de maquillage et de tuning et de musique et de cinéma, vous savez.
27 septembre, 2015 à 23 h 26 min
Terriblement touchant, ce témoignage. Et oui certains patients sont difficiles, certains patients souffrent terriblement puis certains médecins sont démunis devant tant de souffrance, parfois difficiles a cerner.
Je viens de faire vivre à un docteur quelques moments difficiles, voir très difficiles, je m’en rend compte et je lui ai expliqué le pourquoi. Il en fera ce qu’il en veut mais au moins il a eu l’explication et cela aidera peut-être pour d’autres.
Pour l’inceste il y a l’association AIVI qui est une super association où les victimes existent, elles sont entendues, conseillées, et anonymes …. une mine d’information.
Il FAUT continuer à parler de ces histoires, il faut faire entendre la souffrance pour essayer de la soulager, aussi bien pour le patient qui souffre que pour le docteur qui lui est démuni parfois, cela peut même amener une certaine souffrance pour celui ci , tout formé qu’il est.
Merci pour ce billet.
28 septembre, 2015 à 19 h 14 min
Pascal, si ça vous énerve, je me demande si vous-même n’êtes pas concerné par les violences. Si vous fréquentez ce blog, c’est que vous y trouvez un intérêt?
28 septembre, 2015 à 21 h 23 min
« Arrêtez-vous.
Demandez-vous pourquoi vous avez envie de la taper.
Demandez-lui si elle est tapée. »
Voilà des mots qui font échos pour moi dans un autre domaine. Petits élèves de maternelle, dans un milieu pas toujours facile.
« Demandez-vous pourquoi vous avez envie de le/la taper. » En France, on ne qualifierait pas cela de maltraitance, mais de là où je viens, si (la Suède). Et on sent les enfants qui connaissent la violence, elle seule est leur mode de dialogue. C’est ‘comme s’ils faisaient exprès’ de vous mettre à bout de nerf. C’est ‘comme s’ils faisaient exprès’ de vous saboter les activités de la classe. Est-ce parce qu’ils ne savent pas faire autrement ? Détruire pour exister, aller au contact par la confrontation ? Une gifle comme une caresse ? Toujours est-il que je suis une jeune enseignante bien démunie…
28 septembre, 2015 à 21 h 31 min
[…] les mots de Jaddo, médecin qui bloggue et que je lis de temps à autre. Voilà des mots qui font échos pour moi […]
29 septembre, 2015 à 12 h 00 min
Malade psy, dès que j’ai lu les premières lignes de votre texte, les retards multiples sans raisons bien valides ça a fait tilt! Notez que c’est pas garanti, mais c’est un bon signe… En période de dépression lourde, je suis systématiquement en retard chez le médecin ou ailleurs, certains jours je rate mon rdv parce que j’ai pas l’énergie d’y aller. Y compris chez le psy. Et si mon médecin me dit « payez double », j’accepte. Parce que je me sens coupable.
Quand on est à zéro, on a pas d’énergie pour gérer ses gosses, sortir de chez soi devient difficile. Chez le médecin, on déballe tout, mais comme on a pas le courage de déballer le problème essentiel, parce qu’on a honte de la maladie psy, on dit qu’on a mal sur plein d’autres trucs.
Mais je comprends qu’on soit très chiant(e) pour un médecin, surtout si ce n’est pas un psy. En général le psy détecte ce qu’il y a et agis. Et notre souffrance n’excuse pas tous nos comportements.
30 septembre, 2015 à 0 h 52 min
Pascal B-Eisenstein lol
1 octobre, 2015 à 17 h 56 min
Quel bon blog !
Ce genre d’histoire m’est arrivé aussi… Je travaillais dans une boulangerie, me marrait bien avec le patron, sans doute un peu facho sur les bords, mais sympa et amène. La patronne pas aimable par contre, une gueule de déterrée, toujours à raconter sa vie triste… Elle me racontait notamment comment elle était tombée du lit ce matin (bleus l’appui), qu’elle était à l’hôpital hier mais qu’ils ne savaient pas trop ce qu’elle avait… Et moi complètement aveugle à tout ce qui aurait dû m’alerter, il a fallu qu’une collègue me le dise le dernier jour.
Et bien cinq ans après, j’ai toujours honte, d’avoir rigolé avec lui, de ne pas l’avoir aidée, elle, d’avoir cédé à ce reflexe si facile de rejet de ceux qui ne semblent pas « faire l’effort » d’être sympas.
5 octobre, 2015 à 15 h 36 min
Quelle belle réflexion quelle belle analyse
Bravo pour cette lucidité
C’est tellement vrai ce que vous dites
Perso je suis militante au planning familial de Poitiers 86
Nous formons les médecins generalistes en fin de formation et nous travaillons beaucoup sur leur peur de dire les mots d’entendre les choses et je suis tout a fait d’accord sur le fait de poser la question : avez vous été victime de violences
Vous pouvez l’arranger a votre manière mais il faut demander
Nous recevons les femmes qui se plaignent du non accueil des médecins en matière de violences
Et arrêtons de parler d’intimité c’est comme l’amour
Par amour et dans l’intimité les femmes et quelques hommes sont humiliés battus violés rejetés etc…….ça suffit
Ouvrons les yeux regardond les choses en face
Les personnes non victimes se fichent un peu que vous leur posiez la question mais les autres sont tellement soulagées
Et puis comme l’a dit une ou un de vous faut être en empathie quand on la pose
7 octobre, 2015 à 11 h 51 min
Merci Jaddo, pour cette histoire et pour toutes les autres. Mais bon c’est vrai hein c’est pénible toutes ces histoires de patients… mais tellement nécessaire pour qu’on finisse pas tous par péter les plombs! ;-)
9 octobre, 2015 à 16 h 44 min
Etant pédopsychiatre, je ne peux qu’applaudir et inviter à étendre la liste des questions systématiques à celles sur la maltraitance infantile. A noter d’ailleurs que la violence conjugale en est une forme maintenant reconnue et bien documentée pour les enfants exposés.
Poser la question à des parents s’ils ont déjà été en contact avec l’aide sociale à l’enfance pour eux-mêmes dans leur enfance ou plus tard en tant que parents est bon moyen et passe très bien dans le cadre d’un entretien systématisé. Il ne faut juste pas avoir peur de la réponse.
9 novembre, 2015 à 23 h 43 min
J’applaudis et je réfléchis. Pour se souvenir que chacun peut avoir ses soucis. Pour se rappeler comme je le dis souvent qu’on ne peut juger sans vivre, sans savoir qu’est ce qui a été vécu par la personne.
Pour garder à l’esprit que tout peut être plus profond que ce qu’on pense à première vue !
15 novembre, 2015 à 23 h 19 min
Merci Jaddo pour tes billets. J’ai l’impression de faire ma formation de futur médecin à l’hopital, en garde, dans les bouquins mais aussi beaucoup dans les blogs de médecin.
Quelques histoires de chasse pour bien penser aux pathologies aux tableaux sournois, et surtout des histoires comme celles ci qui donnent à reflechir.
Je retiens le « sentez vous en sécurité à la maison » de Babydoc, à la fois pour des personnes victimes de violences et pour quelques petits vieux qui remarqueront que quand même prendre un bain, c’est un peu glissant et un peu dangereux …
Et ça donne envie de faire des formations, parce que même avec toute l’empathie du monde, sans quelques pistes, on peut être bien maladroit face à des situations de ce genre.
Merci encore,
Agathe
16 novembre, 2015 à 18 h 30 min
Bonjour,
Dans le cadre d’une formation sur les violences pour des professionnels de santé, nous aimerions citer votre billet. C’est possible?
Merci,
Marianne et Charlotte
Planning familial 94
18 novembre, 2015 à 22 h 03 min
@Marianne : bien sûr que oui, j’en suis honorée.
25 novembre, 2015 à 12 h 51 min
Bravo pour ce billet. Effectivement, nous sommes là pour croire nos patients, nous n’avons pas (encore) de hiérarchie qui nous impose le contraire sous menace de perdre notre boulot. Après 40 ans d’exercice (MPR hospitalier, puis libéral depuis 30 ans) je les crois encore. Je les crois d’autant plus que la qualité de vie au travail ne s’est pas vraiment améliorée en 40 ans… Alors tiens bon et surtout ne dévisse pas ta plaque !
Je diffuse dans le réseau des associations familiales laïques qui regroupe un bon nombre de représentants d’usagers dans les établissements de soin.
28 novembre, 2015 à 18 h 24 min
J’ai honte de dire comme vous jaddo que celà fait 20 a s que j’exerce et celà fait seulement
Trois ans que je demande devant tout symptôme sui se répète ,même banal, devant des patients genre tamalou qui reviennent sans cesse, des mamans qui consultent sans arrêt avec leur gosse
s’ils ont été victime dunpagression , d’un deuil traumatique, bref d’un psycho traumatisme.
Il m’a fallut tout ce temps ppur comprendre que deux tiers de nos patients ont vécu des événements qui ont déclenché des mecanismes dissociatifs(cf les travaux de pierre Janet repris par les americains se referer à l’ouvrage « le soi hantté’)
Et poser la question a modifié toute ma prise n charge et permis comme vous d’être empathique avec ces me michu qui oublient le rdv (partie emotionnellen qui ne veut pas. Venir qui a peur) ces messieurs agressifs, les tamalou(partie emotionnelle du corps qui dit le trauma en le masquant) et je pourrai en faire un blog mais je n’ai pas votre talent!!
Mais que fait la fac qui fais de nous des tronches et des cerveaux bien remplis mais qui ne nous apprend pas à dénicher ce que dit leur corps de ce qu’ils ont subi car leur inconscient hurle ce que la conscience ne peut dire !
30 novembre, 2015 à 19 h 30 min
merci Jaddo pour ce billet; j’ai compris; je vais essayer promis.
et à docoeurdu16 c’est quoi cette leçon de morale aux ennervés, tu dois pas connaitre le burn out du soignant supergentil( un gros paquet dans toutes les disciplines) on montre du doigt le misérabilisme et énervement des copains qui s’enfilent 50 consult dans la journée, et qui n’ont pas le temps de prendre un thé et leurs collègues non plus . Non mais je m’enerve contre les donneurs de leçons qui veulent en plus qu’on rallonge le programme des étudiants, ce dont ils ont besoin c’est d’un allégement , de temps personnel pour récupérer pas de prêchiprêcha.
parce que les médecins en galère t’en connait pas? des suicidés demain t’en a jamais connu?
bien sûr il y a des patient en danger ,ne pas les reconnaitre à tous les coups c’est possible surtout si on s’est fait pourrir plusieurs consult précédentes le même jour , et qu’on a travailé 6j /sem parceque les 2 collègues sont absents.
Heureusement qu’il y a des gens supérieur qui ne le font pas ça remonte le niveau ( je blague)
5 janvier, 2016 à 13 h 32 min
Bravo pour votre billet. Il me fait penser a un Ted Talk que j’ai vu sur un medecin qui parle de ses erreurs medicales. Non pas que vous ayez fait une erreur, vous avez fait de votre mieux a chaque etape et vous etes un etre humain imparfait (et a priori un excellent medecin je pense), c’est tout. Mais il est important pour des gens dans la profession medicale de parler des situations qu’ils ou elles rencontrent et ou ca se passe mal, parce que comme ca, non seulement la personne dans la situation apprend, mais aussi tous ceux autour d’elle. Les medecins doivent pouvoir parler de ca, et aussi des erreurs qu’ils commettent (inevitables pour un humain), sans honte et sans reproches. Pour notre bien a tous. Le Ted Talk: https://www.ted.com/talks/brian_goldman_doctors_make_mistakes_can_we_talk_about_that
5 janvier, 2016 à 13 h 34 min
PS le Ted talk dont je parle ci-dessus a des sous-titres en francais disponibles (cliquer sur Subtitles)
1 février, 2016 à 14 h 31 min
[…] Jaddo et […]
21 février, 2016 à 16 h 33 min
https://youtu.be/5mmKxaG_EtY
18 juillet, 2016 à 15 h 49 min
Encore une merveille, Jaddo… cela faisait un an que j’exerçais la médecine générale dans ma campagne… Elle en était à sa 4ème pharyngites en 3 semaines… Cette fois, je ne sais pas pourquoi… l’instinct? Je fais mon examen pas plus parlant que les autres fois et me tournant vers elle une fois retournés à mon bureau, je pose mes coudes sur le bureau pulpe des doigts les unes contre les autres (ma femme dit que je fais toujours ça quand c’est important!) et je demande : « Et sinon comment ça va chez vous, dans votre travail ou dans votre vie privée »… et là avec l’appréhension d’un « en quoi cela vous concerne t-il? » je la vois s’effondrer en larmes pour enfin se libérer de sa souffrance psychique liée à son divorce. J’ai soigné sa dépression et ses angoisses (probablement mieux en l’écoutant qu’avec les médocs) mais elle n’a pas refait de pharyngite ! Votre post et ce témoignage me rappelle le livre « médecin de la personne » (Paul Tournier) que j’ai lu avant d’entrer en médecine (et qui m’avait convaincu que c’est ce que je voulais faire de ma vie) : toujours voir la personne qui se cache derrière la maladie !
13 août, 2016 à 0 h 25 min
Ex-prof, j’ai connu l’élève insupportable qui-sait-pas-la-chance-qu’il-a-d’avoir-accès-à-l’éducation, en plein d’exemplaires et de variantes.
Et aussi le totalement-abruti-complètement-largué-qu’on-se-demande-comment-il-est-arrivé au-collège-celui-là-c’est-pas-possible-bordel-c’est-quand-même-pas-compliqué-ce-qu’on-lui-demande. Qui sortait un cahier de son sac, les jours fastes. Cahier qui était celui d’histoire, peut-être, ou de maths, ou d’anglais, ou d’autre chose, va savoir. Qu’il ouvrait n’importe où, pour commencer à écrire au milieu d’une page les phrases au tableau. Pas toujours dans l’ordre. En n’importe quelle couleur. Sans la date. Ou alors avec la date au milieu. Ou juste un bout de la date. Qui voyait pas pourquoi on lui demandait s’il allait arriver à se relire (« Ah, il faut relire? » Ben oui, sinon pourquoi tu écris? « Ben je sais pas, vous avez pas dit d’écrire? »). T’es jeune prof et tu fais quoi? Ben en fait, pas grand-chose, parce que c’est pas ton rôle, hein, de te mêler d’autre chose que de tes cours, on te le répète assez, que tu peux pas sauver le monde et que « l’empathie, c’est la pire ennemie du prof » (j’invente pas). Oui, mais ce gamin, c’est pas de profs qu’il a besoin, là… C’est pas qu’il a un QI d’huître, y’a aut’chose les gars, et lui faire copier « je dois venir en classe avec ms affaires », je vois pas en quoi ça va l’aider…
Je l’ai appris 15 jours avant la fin de l’année, ce qu’il y avait. Le môme, d’origine asiatique, il avait perdu ses deux parents dans un accident de voiture à 4 ans. Il était dans la voiture. Orphelinat, adoption par un couple de Français. Déracinement, réadaptation plutôt très bein réussie. Jusqu’à cette année-là, où il entrait en 6e pendant que sa mère adoptive entrait à l’hosto pour la première d’une longue série de chimios inutiles…
10 octobre, 2016 à 12 h 12 min
Merci
21 janvier, 2017 à 21 h 52 min
Interne de médecine générale et actuellement en centre de santé, on nous a conseillé ce site, que je trouve assez bien fait : http://declicviolence.fr/bibliographie.html
J’appréhende toujours autant mais je me sens un peu moins « bête » face à mes patientes pour leur parler de la suite… Si ça peut en aider d’autres…
19 mai, 2017 à 9 h 24 min
Merci pour le partage.
Ne dit-on pas qu’en médecine , il n’y a quasiment pas d’urgences , mais des médecins pressés?
En hommage aux « MERS »
Notre Mer
Notre Mer qui es si bleue
Que ton Nom soit partagé
Que ton horizon nous fasse renaître
Que ta volonté et ta miséricorde nous acceptent
Offre-nous aujourd’hui notre Triton de ce jour
Comme une trompette de la renommée
Et non plus comme un cercueil
Pardonne-nous nos défaites et nos deuils
Comme nous pardonnerons à nos bourreaux
Et ne nous soumets pas aux quotas
Mais délivre l’ Europe de ses peurs et de ses carcans
31 juillet, 2017 à 13 h 47 min
Je suis enseignante. J’aime beaucoup mes élèves comme vous vos patients. Mais j’avais moi aussi, en particulier depuis trois ans une élève difficile, toujours dans le « contre-pied », parfois agressive puis mutique, cherchant le conflit souvent. Je vous lis là, et je me dis que je suis peut-être passée à côté de quelque chose…Elle ne sera plus chez nous l’année prochaine, mais je me sens mal car j’ai vraiment l’impression d’avoir raté la bonne question.
9 novembre, 2017 à 16 h 03 min
Grand bravo pour ce blog très intéressant, bonne continuation :)
24 février, 2018 à 23 h 55 min
[…] Jaddo et […]