Fugue.

22 septembre, 2013

Madame la ministre, Marisol chérie, Ma Marisol, Poulette

(Vous permettez que je vous appelle Poulette, Madame la ministre ? Entre femmes françaises influentes selon adopteunmec.com, on est un peu comme unies au sein d’une belle et grande famille, non ? On se tape les côtes avec le coude, pas vrai ? Je vous ressers un peu de gigot d’agneau, Marisol belle ?)

J’ai mis longtemps à me décider à vous écrire, Marisol sacrée.
D’abord parce que vous écoutez pas ce qu’on vous dit.
Causer aux politiques, jme disais, c’est à peu près aussi utile que d’être une femme française influente selon adopteunmec.com, et je doutais fort que ça puisse être aussi rigolo.

Je pesais les pour et les contre, j’atermoiemais, je cherchais des pistes.

Et ce qui m’a décidée, finalement, c’est que pendant que je réfléchissais à tout ça hier soir, l’esprit occupé et mes doigts caressant machinalement le niveau 165 de Candy Crush, comme tous les putains de jours depuis plus d’un putain de mois, le miracle tant attendu a eu lieu. Sugar crush, Madame la ministre.
Je me suis dit que c’était un signe.

Du coup, je vais vous raconter quand j’ai décidé de devenir médecin généraliste.

Il faut commencer par vous dire qu’à la fac, je me révoltais intérieurement quand les profs invoquaient l’ombre froide de la honte suprême, la menace ultime, le châtiment :
« Vous finirez médecin généraliste dans la Creuse ».
« Mais putain, je me disais. Pourquoi ils s’acharnent comme ça ? C’est pas bientôt fini ce racisme primaire ? C’est vrai, à la fin, en quoi c’est moins bien que le reste, la Creuse ? C’est un département comme un autre, merde.»

Ouais. J’étais pas plus maligne que tout le monde, hein.  Je n’avais aucune carte pour l’être.
Ce n’était même pas une opinion réfléchie, pesée. Je n’aurais sans doute pas été capable de l’argumenter bien loin si on m’avait demandé de le faire, c’était juste une certitude évidente, qui ne se questionne pas plus que l’herbe qui est verte ou que Michel Leeb qu’est pas drôle. Médecin généraliste, c’est la honte. C’est comme ça depuis que le monde tourne*.

Je ne savais pas encore ce que je voulais faire, mais le spectre était déjà amputé.
Et puis au fur et à mesure de mes stages, des critères se sont précisés.

En obstétrique, je me suis dit que quand même, voir des gens pas malades de temps en temps, c’était une sacrée bouffée d’oxygène. Je ne me voyais pas réussir à tenir toute une vie avec que des malades super malades, à n’être que dans la mort et dans la souffrance et dans le noir tout le temps. Pour la cancéro, ou la gériatrie, ou les soins palliatifs, il fallait des épaules plus larges que les miennes. J’avais besoin d’être un peu dans la vie, de temps en temps, dans les bonnes nouvelles, les chamallows et le cycle éternel qu’un enfant béni rend immortel.

Aux urgences, j’ai adoré l’ambiance et le travail en équipe. J’ai adoré être la première personne à essayer de trouver le truc qui cloche, à remonter d’un symptôme vers d’autres puis vers un diagnostic, à reconstituer une histoire.
J’adorais passer d’une entorse de cheville à une douleur abdo à un trauma crânien, j’adorais rencontrer plein de gens différents, j’adorais être leur premier contact avec l’hôpital et  un peu « leur » médecin pour un temps. Celle à qui on demande des nouvelles.
Et puis quand même, j’ai réalisé deux choses. D’abord, que se planquer dans les chiottes pour esquiver les cas les plus graves ( j’ai jamais pigé les mecs de Grey’s Anatomy qui se battent comme des lions à jeun depuis deux jours pour s’occuper du pire, ça m’a toujours dépassée ) et être paralysée du corps et de l’esprit par les surplus d’adrénaline allait sans doute être un obstacle mineur à une brillante carrière d’urgentiste.
Ensuite, que c’était quand même un peu frustrant de ne pas savoir les suites. De poser un beau diagnostic sans savoir s’il allait être confirmé. De découvrir des tranches de gens et de vie, d’essayer de dépatouiller des situations et de ne jamais savoir si ce qu’on avait fait ou dit ce jour-là avait changé un peu les choses, et dans quel sens. De ne jamais avoir su si elle avait finalement porté plainte ou s’il avait réussi à arrêter de boire.

En orthopédie, j’ai  réalisé que le travail en équipe, d’accord, mais que la hiérarchie hospitalière dans toute sa clicheur (clicheur, de cliché. J’aurais pu dire stéréotypie mais ça sonnait moins bien), non.
Que ça me pesait trop de travailler dans un endroit où la pire chose qui puisse arriver soit qu’un externe adresse la parole à un PH.
Que j’en avais marre qu’on me demande à longueur de journée si le piercing sur la langue, c’était pour <insérez ici un mime de fellation> et que ça paraisse une excellente blague très drôle à tout le monde.
Qu’il faudrait avoir la chance plus tard de tomber dans le bon service, où le respect ne s’acquiert pas qu’avec la blancheur de la blouse ou le port du pénis. Je savais qu’il en existait. (Ou alors devenir la grande chefe et imposer moi-même les règles,  mais sur ce point je manquais d’ambition. Et puis ça aurait fait dans trop longtemps.)

En gastro, j’ai découvert que j’aimais bien expliquer les trucs.
Que quand un patient me retenait par la manche à la fin du tour en me disant « Pardon, mais il a dit une rectocolitémoquoi ? », ça me plaisait de m’asseoir au bord du lit et d’expliquer le peu que j’en avais compris. Parce que moi aussi, trois semaines avant, je m’étais dit « Une rectocolitémoquoi ? » et que moi non plus je n’avais pas osé poser la question au chef.
J’ai découvert que finalement je m’ennuyais un peu au bloc.

En réa, j’ai appris à placer judicieusement la trouyoteuse pour qu’elle ne troue ni le début de la ligne du sodium ni celle des bicarbonates (une compétence dont je me réjouis encore aujourd’hui).

En radio, j’ai découvert que je ne voulais pas faire radio.

À ce stade du récit, on pourrait croire que bon, j’étais pas loin de mettre le doigt dessus, quand même.
La fille, elle veut faire un truc de premier recours, où on voit des pathologies différentes et des gens différents, des trucs des fois un peu graves et des fois pas, où on passe du temps à expliquer des machins et où on a un suivi au long cours et des nouvelles des patients, si possible sans être trop étouffée par le système hiérarchique.

Hey bin oui, bin non. Toujours pas généraliste.
Une certitude ancrée est ancrée. On m’avait moulée comme ça.
On m’avait moulée à trouver inéluctables les blagues misogynes (la seule révolte que j’avais eue avait été de finir par l’enlever, mon piercing sur la langue), à n’envisager que l’hôpital comme lieu d’excellence (je me gaussais avec tout le monde des courriers des libéraux qui avaient fait n’importe quoi avant de finir par envoyer enfin leur patient dans un endroit décent) et à penser que bien sûr, un médecin généraliste ça soignait (mal) des rhumes et des gastros.

C’est ça que la fac m’a appris, Madame la ministre.
Et, si j’en crois la lecture de mes confrères ici ou (ou ou ou ou ou ou ou ou ou ou ou là), ma fac ne faisait pas figure d’exception.
(ou alors on était tous dans la même fac et on le sait pas, allez savoir.)
(d’ailleurs c’est quand même rigolo cette obsession pour la Creuse. Pourquoi pas à Berck ou dans l’Oise ? Mystère. Ça doit faire partie des traditions séculaires et des phrases qu’on se transmet de génération en génération…)

Et je cherchais désespérément la spécialité qui cumulerait tout ce que j’attendais.

 

Et puis j’ai découvert enfin ce que c’était qu’un médecin généraliste.
Une seule rencontre du bon bonhomme, et paf. Révélation, illumination, séisme.
Pas à la fac, et pas dans mes stages. J’ai découvert ça sur internet.
C’est internet qui m’a appris la vraie vie, Marisol jolie, est-ce que ce n’est pas délicieusement ironique ?

Est-ce qu’il ne faudrait pas essayer de faire un peu en sorte que ce genre de miracle n’arrive pas que par miracle ? Essayer de favoriser les rencontres et la découverte de l’au-delà-des-murs-de-l’hôpital ?
Essayer d’ouvrir les esprits, de dégager les horizons ? Essayer d’apprendre la complémentarité de nos métiers au lieu de la compétition ?
Comment peut-on s’étonner que les cabinets se vident alors qu’on dépense toute cette énergie à imprégner les médecins de l’idée que l’hôpital est leur seul foyer et qu’en partir, c’est fuguer ?

Qu’on se comprenne bien, Marisol adorée.
Je ne veux pas être privée d’hôpital, il est précieux. Il fonctionne parfois de travers et il y a des choses à améliorer, mais je veux l’hôpital.
Je ne veux pas être privée de mes confrères spécialistes, qui me sont indispensables.
Mais je ne veux pas non plus que nous soyons #PrivésDeMG.

Alors je vous dis à demain matin, Madame la ministre.

Avec tous mes égarements,
Jaddo.

* ♪♫ C’est comme ça depuis que le monde tourne, y a rien à faire pour y changer, c’est comme ça depuis que le monde tourne, y vaut mieux pas y toucher.  ♫

40 Réponses à “Fugue.”

  1. Babeth Dit:

    Ce que j’aime avec #PrivésDeMG, c’est qu’il y a plein de nouveaux billets! Contente de te lire, et comme d’hab, j’adore ta prose :-)

  2. Iki Dit:

    Aaaah !
    Je suis bloqué au niveau 165 :(
    Marisol peut m’aider pour ça aussi ?
    Quand elle aura fini avec les choses importantes quoi.

  3. MimiRyudo Dit:

    Délicieux billet, très juste et, pour n’y rien gâcher, très drôle.
    La médecine, c’est comme Candy Crush en fait. Parfois on reste longtemps au même niveau, et puis une rencontre (entre deux pierres précieuses) et plouf, on passe le blocage de « je peux pas faire MG sans déshonorer ma famille, mes amis, ma ville, ma patrie ».
    C’est terriblement flou mais tu as compris, je suis sûr. Bref, quelle aventure ! ;-)

  4. Camille T Dit:

    Je suis en D2 cette année, le début des grands stages et tout et tout… Je ne sais pas ce que je veux choisir pour plus tard, je pense que j’ai encore le temps de trouver ce qu’il me plait.

  5. Cacaligula Dit:

    Ca doit être un peu frustrant, après un billet comme celui-ci, d’avoir des retours sur le style et candy crush.
    Je compatis. Et je chie sur ce système, ou partout, le rêve de gloire personnelle fait perdre de vue ce que nous aimons faire.
    Vous vous battez, pas tellement pour vous, puisque vous avez trouvé votre voie, mais pour les autres et les patients de la Creuse qui méritent aussi des très bons médecins.
    C’est peut-être ça être MG. Merci

  6. Camille Dit:

    Je suis en D2 cette année, le début des grands stages et tout et tout… Je ne sais pas ce que je veux choisir pour plus tard, je pense que j’ai encore le temps de trouver ce qu’il me plait. Plusieurs de mes amis de fac trouvent qu’être MG, « ohlala mais quel manque d’ambition ». Moi ça m’impressionne, savoir qu’on est le premier recours de tant de gens, j’aurais peur de rater qqch de grave. Mais ça m’a tout l’air d’un beau challenge, je crois qu’au fond de moi c’est ce dont je veux faire ma vie.

    PS: « finir MG dans la Creuse », c’est la 1 phrase que j’ai du entendre à la fac en P1.. c’est donc toujours d’actualité.

  7. La Bonne Fée Dit:

    haha ^^ Excellent :D

    J’ai la maladie des os de verre (c’est tellement plus classe et poétique que « ostéogénèse imparfaite » ; et puis j’t’en foutrais de l’imperfection moi, nan mé j’vous jure), j’ai donc énormément squatté quelques services que tu décris, comme les urgences, l’orthopédie, et la radio.
    J’ai donc beaucoup – beaucoup ri en lisant ton billet #TeamHuHuMéCéTropÇaaaaa

    Sauf pour la radiologie. Nous on se marrait beaucoup à la radio. C’était un peu « la cafète-bis », le personnel et les patients de différents services s’y croisaient, ça papotait, ça blaguait, c’était vraiment bonne ambiance.

    Mais ça, c’était avant.
    Y’a 20 ou 30 ans de ça.
    Quand l’hôpital il avait pas l’air touuut mouru, comme maintenant. Quand on bizutait encore les nouveaux avec du bleu de méthylène dans le gobelet de café. Quand on pouvait encore faire des bonhommes à crête avec les gants en latex et un marqueur, sans (se voir accuser de) mettre en péril le sacro-saint budget.
    Quand l’hôpital était pensé comme un lieu de vie, pas comme un pôle d’excellence / de compétition ni une entreprise ou un simple « prestataire de services ».

    Mais je n’ai pas connu que l’hôpital, j’en profite donc pour faire des bisouilles à paillettes aux êtres naïfs, irresponsables, dépourvus d’ambition et incompétents que sont les médecins généralistes :D (et spécialement ceux de la Creuse, évidemment)

    Au plaisir de te relire, et de croiser tes collègues dans leur cabinet :)

    #TeamJamaisSansMonMG

  8. drkalee Dit:

    Mais je suis tellement fierté d’être citée dans un billet de Jaddo! La personne par qui j’ai découvert la blogosphère médicale et qu’il y avait des gens qui pensaient comme moi!
    Juste merci. Et super billet, mais bon ça, ça va sans dire! ;-)

  9. Lumina Dit:

    « Vous finirez médecin généraliste dans la Creuse. » ça m’a bien fait marrer cette phrase… Si les profs de toutes les facs de médecine sont comme ça, on est pas rendus…
    Ce billet est génial (comme tous les autres.. :D)
    Encore bravo et merci! :D

  10. Iki Dit:

    @Cacaligula :
    Cher Caca,
    Ce n’est pas parce qu’on digresse pour détendre l’atmosphère que l’on ne trouve pas le fond sérieux et important (il me semble avoir utilisé ce mot d’ailleurs…).
    Point de frustration à avoir de ce côté.
    Libre à vous de dramatiser.

  11. Oraki Dit:

    Ah si seulement tous ces cris, ces SOS de mes blogueurs préférés pouvaient être entendus.
    J’aime vous lire et toi en particulier (je te tutoie parce que on a le même âge, à peu de choses près, le même métier, exactement, et tu dis si bien tout ce qu’on pense, mes amis bébés généralistes et moi même que, si tu le veux bien, tu fais un peu partie de ma bande) car avec vous j’ai l’impression qu’on finira par y arriver, à nous sauver, sauver notre avenir et nos patients
    merci

  12. wain" Dit:

    Comme Babeth, je trouve que le truc positif, c’est l’éclosion de billets de qualité… mais bon…

    ici ce n’est pas un désert médical. Enfin, plutôt, ce n’est pas la Creuse. C’est même plutôt un coin sympa, la mer à 10min, ça le fait.
    mais au fil des ans, je vois mon super MG qui pousse, plus souvent qu’avant, qqs soupirs de fatigue. Il a choisi MG. Il aime clairement son métier. Et nous, nous apprécions bcp notre MG. Mais.
    Maintenant, pr prendre RV « non urgent », il faut compter 3 à 4S de délai. Alors ok, renouveler une ordonnance de médocs anti-migraine, ce n’est pas urgent. Mais c’est parfois un peu complexe d’anticiper qd tombera le besoin de renouvellement. Et ça fait un brin mal voire plus si on se plante.
    Qd on patiente ds sa salle d’attente , très régulièrement, il passe la tête et s’excuse de partir sur une urgence.
    Et ds notre campagne, une urgence pas grave ds le village d’à côté, il faut compter 2x15min de route, on va dire.
    (pour le patient, c’est infiniment mieux que d’envisager une solution liée à l’hôpital, qui lui est à 30 bonnes minutes de route) .
    Ns le voyons finir tard. Très tard ou trop tard, question de point de vue.
    Zapper des vacances qd l’hiver est super rude en virusàgrippedhomme .
    Et ns lui en sommes reconnaissants. Parce que les autres cabinets, pour la plupart « ah on ne prend pas de nouveaux patients » .
    Mais surtout et avant tout parce qu’il fait son métier avec bcp d’humanité, il n’est pas là par dépit, il est là parce qu’il l’a choisi, et ça, ça change tout.
    Alors c’est clair : nous avons cette chance là, et nous préfèrerions ne pas être #PrivésDeMG .

  13. Delphine Dit:

    Vous savez quoi ? Je suis généraliste et je vis en Creuse ! C’est dingue,non ? Et pourtant je ne suis pas originaire d’ici ( je viens du Cantal !!! ) mais quelle est belle ma vie : un métier formidable, un beau département, une qualité de vie très enviable, des patients très attachants …que rêvez de mieux ?

  14. Delphine Dit:

    …et cet été mon externe est partie en me disant : c’est ce métier que je veux faire ! No comment …!

  15. Magali Dit:

    Excellent! Tant sur le fond que sur la forme, j’adore!! Mais je regrette infiniment que de tels billets aient besoin d’être postés… Espérons qu’elle vous entendra enfin.

  16. DrSelmer Dit:

    Génie. Vraiment. #CCDJ

  17. Estelle Dit:

    Chère Jaddo,

    Je suis interne en MedGé comme on dit et je finis en novembre mon internat (je commence la vraie vie sous peu, #jaitrèspeur).
    Pendant toutes mes études, j’ai vécu la même chose que toi, à la fac tout d’abord, pressée par les profs et les chefs, priée de tourner autour des spé pour choisir celle qui convient (l’orthopédie m’a tentée mais j’en avais aussi un peu marre des blagues très fines, trop de finesse tue la finesse), parce que la MGé c’est pour ceux qui ratent l’internat…

    Puis, le concours passé, je me rends à l’évidence: c’est ça que je veux faire, d’abord, et personne ne me dira quoi faire, d’abord -bis-
    Je commence fièrement mon internat, ça y est, je vais enfin faire ce que j’aime (enfin j’espère que j’aime parce que vu le peu de contact qu’on a eu avec les MGé pendant l’externat…).
    J’alterne alors les services hospitaliers, dans l’indifférence la plus profonde. Les chefs ont le temps pour les « spé », mais les MGé, eux… Tu comprends, le temps est précieux, autant qu’il soit rentable.
    Un matin de novembre, j’arrive aux urgences d’un grand hôpital parisien et là, on m’accueille par un « Tu veux faire quoi dans la vie ? », auquel je réponds « Médecine générale »; « Et sinon, tu as pensé à faire de la vraie médecine ? »

    Je décide alors de fermer les écoutilles, de faire mon chemin et surtout de ne pas oublier ce jour.

    Dans deux mois, je serais MGé et je les emm…
    Et le pire, c’est que j’adore ça…

    Merci pour ce billet, tellement réel,et vive la Creuse.

  18. na_nouche Dit:

    La creusen c’est parce que c’est le département avec la plus faible densité de population (=TrouPaumé × 10000 !!)

  19. fafaro Dit:

    J’ai fini par googler « femme française influente selon adopteunmec.com », parce qu’à la première référence, je n’ai pas trop percuté, mais à la deuxième, je me suis dit que ça devait vraiment exister, ce classement.
    Félicitations pour cette place de 92ème femme française la plus influente selon adopteunmec.com !
    Être plus influente que Claire Chazal, ce n’est pas rien !

  20. Jean Bon Dit:

    DESC Médecine générale ? Spécialiste du générale en particulier (mais pas de l’amiral…)

  21. bellemeremaman Dit:

    et pourtant quelle belle profession en effet. Le médecin généraliste, nous suite des années, voit grandir nos enfants. J’ai toujours cette sensation bienveillante qu’il prend soin de nous. L’élitisme de notre société m’écœure…

  22. Eve Dit:

    à la fac de Nîmes on ne nous menaçait pas de finir dans la Creuse, mais en Lozère…
    chacun ses ploucs !

  23. Dr1m50-40kgstoutemouillée Dit:

    Juste, drôle, forcément bien écrit, tellement vrai, parfait..comme d’hab en somme.

  24. Sypp76 Dit:

    Ben voilà , j’ai intègre une super maison médicale en 90, crée en 72
    Nous sommes partis à 23(médecins généralistes spécialistes y compris radio , paramédicaux , ambulancier avec oxygène en moins de 5 mn )
    Nous allons arriver à moins de 10 l’an prochain et nous allons devoir licencier , des bureaux sont inoccupés et les derniers des mohicans ont plus de 50 ans et on est fatigués
    On a vu notre maire mais on est des nantis jo gagnons le smic en1/2 journée alors on va pas pleurer !!!!
    On a vu le directeur de notre ARS mais on va ps se plaindre maintenant lors que le plus sur reste à venir ( en 2023 ça va être apocalyptique alors les gars la maintenant vous mêlez pas commencer à pleurer !
    Je suis la gérante de la SCM et je m’en fous de l chaudière mais quand même qd je deshabille un nourrisson c’est mieux qd il n’y a pas de givre sur les carreaux !
    Et puis il faut que je m’occupe de ma rampe d’accès qui a un degré près n’est pas aux normes handicapes ….. alors qu’on fait encore de visites à domicile pour moins cher que le plombier pour pas qu’il ait du mal à venir , notre handicapé !
    Et puis les génériques !!!!!!! Ben pourquoi la sécu rembourse plus cher le gramme de médoc selon la boîte???
    Un gramme de paracetamol ça vaut tant
    Un gramme d’amox ça vaut tant
    Ils savent pas compter? Copier le boulot du copain c’est légal c’est même obligatoire parce que ça les arrange? On brûle les fausses rollex mais on accepte la copie des médoc?
    J’ai essaye de redonner des médoc chers intacts que des patients m’avaient rapportés à l’hôpital du coin ou ma copine est pharmacien , Ben elle a eu un blâme du conseil de l’ordre car pas de traçabilité
    Au fait on pourrait inventer un nouveau réseau de pharmacien : recycleur de boîte entamée
    Parce que tout mettre à l’incinérateur même le nexavar qui coûte un bras c’est qd mm très con

    Vive la médecine générale , que vivent nos patients ( faut pas oublier qu’on produit les emplois de demain car avec ts les dépendants qu’on va avoir , au moins les aides de vie ce sont des emplois qu’on délocalisera pas )

    Vous allez pas le croire mais mon boulot je l’aime et je veux pouvoir continuer à soigner les gens

  25. Jean Bon Dit:

    @Sypp76
    A propos des emplois d’aidants aux vieux dépendants, en fait leur délocalisation existe déjà…
    Plus exactement, les vieux sont exportés ailleurs, pour que le coût de la main d’œuvre d’aidants soient moins cher qu’en Allemagne (pays de l’est et pays asiatique pour ce pays…) et accessoirement plus empathique que nous… (un peu comme les noirs qui ont le rythme dans la peau)

    A lire : http://www.slate.fr/lien/64247/allemagne-maisons-retraite-etranger
    mais aussi sur un dossier du monde diplo de je sais plus quand sur la fin de vie.

  26. Vero Dit:

    Magnifique! J’en pleurerais presque…. Continue Jaddo, tu nous manques trop sinon!

  27. Julien Dit:

    Merci Jaddo!
    Et je confirme, j’ai choisi la MG, je suis heureux, et j’emmerde les cons qui me dénigrent.
    Je ne changerai de spécialité pour rien au monde!
    Et mon job m’apporte au moins autant que ce que j’apporte aux gens.
    Je m’estime très chanceux. Chanceux d’avoir su m’écouter en fin de D4, d’avoir eu le recul suffisant pour ne pas sombrer dans le système internat/ENC. J’aurais pu passer à côté de ce métier, de cette vie.
    Bise en passant, content de te relire à nouveau!

  28. Lisou Dit:

    Coucou Jaddo !
    Je suis en troisième année de médecine. J’ai commencé ces études en voulant travailler à l’hôpital, des images de Dr House plein la tête (tout en étant consciente que ça n’était pas la réalité, évidemment), et rêvant de travailler en équipe.
    J’ai été très rapidement déçue par l’hôpital : j’ai un peu l’impression qu’on est loin du bel esprit d’équipe et que tout le monde se tire dessus pour être le meilleur-médecin-du-monde. Bon, c’est peut-être radical de dire ça au bout d’un stage infirmier et d’un stage de sémio, mais c’est comme ça. L’externat me permettra d’être fixée (en ce moment je découvre un service de gériatrie où l’ambiance a l’air correct).

    Je tenais quand même à te dire qu’en lisant ton blog, je me suis rendue compte de pas mal de choses : j’ai découvert que tu avais de vraies relations avec tes patients, construites sur plusieurs mois / années… Et ça, c’est vraiment beau ! Savoir qui sont les gens, pouvoir les percevoir dans leur globalité (ou en tous cas davantage que ce qu’on perçoit en hospitalisation de semaine). Je ne sais pas si je choisirai la médecine générale comme spécialité, j’ai encore le temps… Mais en tous cas, tu m’as réellement donné envie de laisser cette porte ouverte pour mon futur. Merci pour tout ce que tu m’as apporté, et pour ce que tu apportes à beaucoup de monde.

    Bisous ! C’est l’histoiiiire de la viiiie !

  29. Lou Dit:

    Bonsoir, bonsoir !
    ca n’a rien à voir avec les commentaires précédents (que j’avoue ne pas avoir lus), c’est juste que je ne savais pas trop où écrire…

    Voilà, c’est un peu mon moment love de la journée, je voudrais dire à Jaddo qu’étant en première année de médecine, je la lis pendant mes pauses et que ça me donne l’impression de faire de la vraie médecine et que ça me permet de conserver ma motivation tous les jours !!
    Alors voilà, merci beaucouuuuuuuuuuuuuuuuup !!
    Lou.

    PS : J’ai ton livre aussi ! :)

  30. LBV Dit:

    CE qui est toujours terrible c’est de voir qu’un jeun médecin a vécu la même chose que nous à 15 ou 20 ans d’intervalle et que de tout jeune continue al ‘heure actuelle de vivre encore et toujours cette tyrannie de l’hospitalo-centrisme. La plupart s’y soumet même après avoir « Choisi  » la MG et c’est trop triste. Pourtant les choses changent un peu avec le stage de MG en 2ème cycle ( vous savez celui qui est obligatoire depuis des lustres et que personne n’a mis les moyen pour qu’il soit juste possible : bilan chez nous on arrive péniblement a offrir cette possibilité a un gros tiers des externes). EN effet il ne produira pas que des futurs MG mais permet d’avoir des représentations moins négatives de notre métier et de sa complexité. Une des dernières externes que j’ai eu était perdue , elle voulait arrêter la médecine , se disait qu’elle ne pourrait pas trouver sa voie. Elle ne comprenait pas par exemple les injonction du genre  » t’as passé trop de temps avec la patiente qu’est ce que t’as foutu ?  » « elle avait besoin de parler elle était triste »  » « t’es pas son psy tu fais ton observ’ et c’est bon » BOn.. même pas profité de revoir avec elle ce qui lors de l’entretien aurait pu l’orienté vers un syndrome dépressif, ben non on est en gastro on va pas jouer au psy ou faire de la prise en charge globale… non juste arrête de parler avec les patients t’es pas là pour ça.
    Arrivée en MG elle se rend compte qu’on peut parler qu’on peut surtout écouter et qu’on a le droit de s’intéresser. Elle se dit que ça lui plait bien et le stage avance. Au moment de la réunion de validation elle nous dit que ça lui a beaucoup plus mais qu’en fait elle a trouvé elle veut être psychiatre. Et moi je dit Super: un psychiatre qui sera surement un peu moins « chimiologue » et un peu plus thérapeute c’est déjà ça de gagné. Mon actuelle veut bien faire de la MG mais a Paris ( dommage pour la creuse!) Pour tous les autres les statistique de notre responsable des stages sont clairs: soit il sont confortés dans leur idée de faire de la MG soit ils étaient venus pour voir et ayant vu ils ne mettent plus la MG comme chois impossible après l’ECN. LE choix par l’échec va bientôt disparaitre j’espère!!
    Sinon JAddo c’est quand ton installation? tu sais qu’au bout d’un an tu peux prendre des externes? au bout de 3 ans des internes:un terrain de stage trop top ou on devient un bon MG tout en améliorant son niveau de jeux!Le rêve de tout étudiant!
    Amitiés
    LBV

  31. sel13 Dit:

    Yes !!! Moi c’était la menace de la Lozère. Un max de « t’as pas d’ambition » ,  » gaches ton talent »……
    Je suis installée depuis 6 ans directement après l’internat. J’adore mon métier. Juste mega frustré qu’une consultation soit mon cher qu’une coupe chez le coiffeur et que le déplacement a domicile soit pas le quart d’une moitier d’un déplacement d’électricien ou de plombier …. alors oui quand on se plaint on nous repond que quand même faut pas exagérer car on est des nantis.

    Comme jaddo au fur et a mesure de mes stages j’ai compris qu’il était vital pour moi d’être généraliste. Mais je suis dégoûter de la manière dont on nous traite…..

    Ah oui j’ai des internes et c’est extra. C’est ma manière a moi de travailler pour m’image de la médecine générale libérale. Jaddo, Tu devrais essayer . C’est cool.

  32. sel13 Dit:

    Ah oui j’ai oublié : ton livre c’est le cadeau de fin de stage de mes internes….

  33. Uberklaus Dit:

    C’est beau, c’est beau, c’est vrai.
    Et fort joliment tourné.Bravo à toi et tous les blogueurs engagés que je découvre petit à petit, des fragments de ma vision de la MG avec les mots pour le dire.

  34. Rosalie Dit:

    Moi dans ma fac, c était médecin du travail à Vesoul la honte suprême….probablement parce qu aucun prof n avait jamais passé le periph’…
    Après être passée par les même phases de doute ( mais n avoir jamais atteint ce point de perfection trouillotesque ( quel talent Jaddo!)), j ai apprécié la médecine générale. Mais le courage qu il faut pour affronter seule un patient compliqué , chiant, gravissime, antipathique-rayez la mention inutile-, m à manqué.
    Maintenant je fais des urgences dans le Nord.
    Mais je suis toujours autant atterrée par mes jeunes (et moins jeunes) collègues qui attendent l avp de la mort qui tue en pestant contre les petites sorties smur certes moins glorifiantes, mais o combien rassurantes…
    Merci de me faire partager tes états d âmes!

  35. La vie en presque rose Dit:

    J’en suis au niveau 147. J’y perds tellement de temps que je ne viens plus te lire. Et pourtant. J’aime bien me dire que des MG comme Jaddo existent. Remarque, je viens de m’en trouver une, là, je me demande si c’est pas sa soeur. Ca m’a pris du temps et beaucoup d’essais avec des MG pas du tout du tout à mon goût, mais là, ayé, c’est bon.
    Euh, Jaddo, comment qu’on passe le niveau 147 ? Ma MG, elle joue pas. Elle peut pas être parfaite.

  36. durepaire Dit:

    Bravo. J’aurais aimé vous lire il y a quelques années , quand les bancs de la salle de TD ou les néons d’un service hospitalier m’étaient si hostiles d’un coup .
    Mais aujourd’hui c’est encore mieux .

  37. durepaire Dit:

    Et pour pourquoi la Creuse serait le creuset de tous les fantasmes de rejet ?
    Hum!! Un trou au milieu un peu vers le bas et en plus qui s’appelle creux , il en faut moins que ça pour réveiller les fantasmes d’un petit garçon devenu grand professeur de Médecine .

  38. claire Dit:

    Merci jaddo
    C’est incroyable à chaque fois que je te lis, je pense mais elle est dans ma tête ou quoi? Tous tes articles ressemblent énormément à ce que j’ai vécu jusqu’à ton ou mon ou notre aversion pour la liste compliquée des ATB,(j’attends ton billet sur les antihypertenseurs…)
    Je suis installée en médecine générale mais je me suis surtout lancée dans les médecine complémentaire car on se sent frustrée de mettre des antalgique dans la douleur , des antiinflammatoire dans l’inflammation et des antidépresseur dans la dépression… Avec l’acupuncture, la micronutrition j’ai ouvert d’autre portes qui permettent de soigner sans médicament et surtout de traiter la cause plus que le symptôme. je suis sûre que cette voie t’épanouierais énormément.

  39. Théobald Dit:

    La religion que je préfère, c’est le terrain.

    Je doute que puissent advenir des vérités médicales sans babtous au long cours, de Paris à la Creuse en passant par la Touraine.

  40. Eric Dit:

    Et ben moi en réanimation j’ai failli arrêter médecine au cours de mon 1er stage dans cette discipline il y a de cela tout juste 20 ans….
    Je suis aujourd’hui plus âgé et devenu réanimateur à mon tour! Les praticiens qui m’ont mené la vie dure à l’époque m’ont appris à lire, à parler, à être rigoureux….
    La suite fut tout aussi dure – et promis je ne suis pas trop masochiste.
    Mais la réanimation j’y trouve encore une forme de plaisir intellectuel, technique et bien sûr humain!!! Permettre aux proches d’accepter l’inacceptable…
    Bien à vous chère Jaddo dont j’aime tant la plume.

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