Trois mois.

29 novembre, 2008

Son mari va mourir.
Ils lui ont dit, à l’hôpital.
Ils lui ont dit qu’ils avaient fait tout leur possible, que le cancer était trop avancé, et que les traitements ne marchaient plus, et qu’ils ne pouvaient plus rien faire.
Ils lui ont dit qu’il allait mourir bientôt.
Dans trois mois, tout au plus.
C’est ce qu’ils ont dit.
Trois mois.

Ils lui ont dit que c’était le genre de cancer difficile à traiter. Un cancer de la gorge, agressif. Le cancer du « fumeur-buveur ».
En même temps, étant donné qu’il buvait et qu’il fumait, ce n’était pas tellement surprenant.
Ça faisait longtemps qu’il buvait, des années. Et ça le rendait mauvais, l’alcool.
Il l’avait cognée plusieurs fois, déjà, quand il avait trop bu.
Elle avait pensé à s’évader, quelques fois, bien sûr. Mais c’était son mari. C’était son homme. « Pour le meilleur et pour le pire », comme y disent. Et elle l’aimait, quand même.

Et la voilà, elle, avec son mari qui va mourir. Dans trois mois.
C’est elle qui avait rêvé de s’échapper, c’est lui qui s’échappe.
Elle n’était pas partie jusqu’ici, elle ne va pas partir maintenant qu’il va mourir. Alors elle reste.
Vous connaissez Andy Capp ?

Trois mois. Quatre-vingt-onze jours et demi. Deux mille cent quatre vingt seize heures.
Elle a converti en jours, en heures, en minutes.
Elle a converti en Noëls, en anniversaires des petits, en finales de foot.

Elle lutte contre la part d’elle-même qui est terrorisée à l’idée de se retrouver seule.
Elle lutte contre la part d’elle-même qui est soulagée de le voir partir.
Elle lutte contre la part d’elle-même qui est culpabilisée d’éprouver un peu de soulagement.

Il va falloir apprendre. Apprendre à vivre toute seule, apprendre à refaire des projets, apprendre à imaginer sa vie sans lui. Apprendre à, peut-être, même, en profiter.
Apprendre à continuer à l’aimer, alors qu’il sait qu’il va mourir dans trois mois tout au plus, et qu’il s’est remis à boire  davantage.

Elle est restée à ses côtés, elle lui a tenu la main, et elle a essayé de se construire un avenir sans lui. Elle a pensé à des voyages, elle a pensé à des amies, elle a pensé au club de bridge à côté de la mairie.
Elle a pensé au rendez-vous chez l’ORL, elle a pensé à la prise de sang, elle a pensé à lui acheter le lit télécommandé.

Et puis il a tenu le coup. Plutôt bien.
Plutôt mieux que ce qu’on pensait.
Et puis, trois mois ont passé, et il n’est pas mort.
Et puis six mois ont passé. Et puis un an.

Ça fait maintenant deux ans qu’il n’est pas mort.
Les médecins à l’hôpital lui ont dit que c’était inespéré, que c’était une grande chance.
Ça fait deux ans, et il n’est pas mort.

Et la voilà, avec tous ses projets qu’elle a fait l’effort de construire sans lui, qu’elle ne peut pas vivre et dans lesquels elle ne peut plus l’intégrer. Parce qu’il va mourir, je vous rappelle.
C’est pas parce qu’il s’est arrêté de mourir qu’il ne va pas s’arrêter de vivre.
Elle, elle s’est arrêtée de vivre pour l’attendre mourir, et maintenant qu’il vit, elle n’a plus rien à vivre. Ni l’avenir qu’elle avait imaginé sans lui, ni le présent qui n’a plus de sens.
Elle ne peut plus rien faire, que d’attendre cette mort qui aurait dû arriver et de s’en vouloir pour ça.
Lui, il boit, parce qu’il aurait dû mourir il y a un an et demi, et qu’il n’a plus que ça à faire.

Trois mois, ils avaient dit les médecins à l’hôpital.

J’arrive au cabinet avec un bon gros quart d’heure d’avance, mais il est déjà là, à m’attendre devant la porte.
Il n’a pas rendez-vous, mais il m’explique dans un français approximatif que le Dr Carotte lui a dit ce matin de repasser cet après-midi pour avoir « l’ordonnance pour sa radio ».
C’est un peu surprenant, étant donné que le Dr Carotte sait bien que c’est sur rendez-vous, cet après-midi, vu que c’est lui qui a fait le planning.
Bon… Entrez toujours, que je dis, on va essayer de dépatouiller ça.
Ca strouve (ça strouve !), le Dr Carotte aura vraiment laissé une ordonnance de radio sur le bureau avec un post-it : « Pour M. Rachis« …
Évidemment, ça strouve que dalle. Il faut donc repartir pour un tour, pour essayer de comprendre de quelle radio on parle, de quelle douleur, et depuis quand, et est-ce qu’il y a déjà eu des radios, et quand, et de quoi. Deux-trois bricoles après (le vaccin pour la grippe et le renouvellement des médicaments, et un ou deux autres trucs, et les vitamines pour être en forme l’hiver), j’ai déjà un petit quart d’heure de retard et pas de sous (« Ah mais je paye jamais moi !! ») (« Ah, bah ok, ça va alors ! »).

Pour le premier-déjà-deuxième quart d’heure, je reçois un jeune homme, pour une douleur intercostale banàlacon, après une séance de muscu un poil trop musclée. C’est pendant que je rédige l’ordonnance qu’il me raconte l’anecdote du moment : ça fait deux fois, à quelques semaines d’écart, qu’il perd un bout de son champ visuel. Un coup à gauche, un coup à droite, et pouf ça revient normal, alors ça l’a pas inquiété. Ah pis avec des drôles de fourmis dans le bras en même temps, sa femme avait bien raison de lui dire qu’il était hypocondriaque.
Ahah.  Si vous voulez bien, vous allez vous re-déshabiller, d’accord ?

Pour le deuxième-déjà-quatrième quart d’heure, ils sont 5 dans la salle d’attente.
Alors bon, je sais bien que j’ai une demi-heure de retard, mais ça fait beaucoup de gens quand même.
Y a celle en avance qu’est pas contente parce qu’elle va être en retard (je sais, je sais madame, je suis désolée, mais là j’ai eu des merdes…) et y a celle qui sait que c’est sur rendez-vous, parce que le secrétariat lui a dit, mais elle est venue quand même, parce que de toute façon « Y en a pas pour longtemps ». (Y en a jamais pour longtemps pour personne, mais je ferai ce que je peux pour vous, attendez si vous voulez, on verra si quelqu’un a du retard, mais je ne peux rien vous promettre, sauf la place à 19h30 ce soir… C’est vous qui voyez…)

Ma deuxième-déjà-quatrième-et-quart, donc, elle a sa sciatique qui revient. Et qui ne passe pas. Et, me dit-elle d’emblée, tout au bout de sa phrase sans avoir respiré : « Maintenant ça suffit je veux la piqûre ».
J’hésite un quart de seconde à partir sur le mode « Non mais je sais bien que vous avez mal, mais on va pas vous piquer tout de suite, quand même, vous pouvez encore servir ahahahahah », mais l’air revêche du mari, haut comme deux rames de métro et solidement planté sur la chaise d’à côté, m’en dissuade.
L’espèce de guerre des tranchées qui s’est déclenchée après, c’était probablement de ma faute.
Au moins en partie. J’ai dû mal attaquer le coup. J’ai dû mal sentir, j’ai dû mal aborder les choses, j’ai dû ne pas piger un truc.
Ca n’a pourtant pas l’air d’être une insulte si grave, de dire que c’est aussi efficace par la bouche qu’en piqûre, même si on croit souvent l’inverse. J’ai dû mal l’amener.
J’ai sincèrement cru, à un moment, que le type allait me cogner, de tous ses poings d’un demi-mètre cube pièce. Il s’est mis à parler, très vite, très fort, sans s’arrêter, sans respirer. Ça devait être un truc de couple à eux, de parler sans respirer. Qu’il ne mettait pas mes compétences en cause (effectivement, il devait SUPER PAS les remettre en cause, étant donné qu’il l’a dit six ou sept bonnes fois), mais qu’il ne savait pas ce qu’on avait « nous les jeunes » avec les piqûres, et que si ça avait été le Dr Carotte, il l’aurait déjà faite, et on en serait pas là, et que sa femme savait quand même mieux que moi ce qui était bon pour elle. Comme j’ai sincèrement cru qu’il allait me frapper, comme j’étais fatiguée, comme j’étais lâche, j’ai cédé. M’en fous, moi, que tu préfères te cogner 4 séances de piqûres douloureuses dans le cul. C’est ton cul.
Juste, moi, j’ai envie d’aller far far away m’enterrer avec mes couettes.

Du coup, la personne suivante est mon troisième-déjà-sixième quart d’heure.
Et là, ils sont sept, dans la salle d’attente.
A avoir entendu l’autre demi-tonne qui s’époumonait sur mon incompétence.
Les quatre normaux de mon planning en retard, la fille qui est venue quand même pour qui y en a VRAIMENT pas pour longtemps, et les deux autres qui n’ont pas rendez-vous non plus.
La première se met à gueuler parce qu’avant c’était pas sur rendez-vous, le vendredi, et que le Dr Carotte l’aurait prise entre deux, lui, et que c’était quand même un comble de devoir choisir quand on tombait malade ; la deuxième me jure que c’est pour une urgence, de tout son teint rose et de toutes ses dents blanches. Celle qui est venue quand même et pour qui il n’y en a vraiment pas pour longtemps regarde fixement ses pieds quand la n°6 et la n°7 sortent en claquant la porte.

Mon troisième-déjà-septième veut un arrêt de travail parce que sa boîte va couler et qu’il lui faut du temps pour retrouver un emploi.
Mon quatrième-déjà-huitième veut un arrêt de travail parce qu’elle a quitté son fiancé et qu’elle ne peut pas aller travailler avec des yeux pareils.
Mon cinquiète-déjà-neuvième veut un arrêt parce qu’elle vomit tous les matins depuis sept mois, et que son allergologue lui a fait passer une radio de l’estomac pour voir si c’est pas une allergie au céleri. (Je n’invente rien) (Et je n’invente pas non plus le « cinquiète« , que je découvre, que je n’avais pas prévu, qui est sorti comme ça et que je ne peux pas me résoudre à corriger. Il y a des lapsus précieux.)
Mon sixième-déjà-dixième est amené par sa mère pour son rhume et son vaccin. A la fin de la consultation de la fille, la mère me demande si je peux lui faire un arrêt de deux jours parce que le Dr Carotte lui avait dit il y a deux jours que si ça allait pas mieux dans deux jours il lui referait un arrêt de deux jours.

Mon septième-déjà-onzième quart d’heure est la fille qui est venue quand même et pour qui il n’y en a vraiment pas pour longtemps. Elle s’assied, elle se met à pleurer, elle me dit que sa grand-mère vient de mourir et que depuis elle ne mange plus et qu’elle ne dort plus et qu’il lui faut quelque chose pour dormir. C’était évidemment ça qui n’allait pas prendre longtemps. C’est toujours ça, qui ne va pas prendre longtemps. C’est toujours ça, ce pour quoi « on ne va quand même pas déranger le docteur ». Alors que pour un rhume, on a le droit. Mais pas quand on va trop mal pour manger et pour dormir.
Ça, ce c’est rien, ce n’est pas vraiment être malade. Et donner un truc pour dormir, ça prend moins de temps que donner un truc pour moucher son nez. Forcément.

Mon huitième-déjà-treizième râle à cause de l’heure et quart de retard, et que quand on prend rendez-vous, c’est pas pour être pris avec une heure et quart de retard. (Oui, c’est très très vrai. Et je suis vraiment désolée. D’autant que le Dr Carotte fait payer un dépassement pour les rendez-vous, précisément pour le confort supplémentaire de ne pas attendre. Vraiment, vraiment désolée.)
Lui, il n’aime pas ça, attendre. La preuve, il vient TOUJOURS sur rendez-vous, c’est bien qu’il n’aime pas ça. Il a la CMU, il ne les paye pas, les 3 euros de dépassement du rendez-vous, et il n’aime pas attendre.
Lui, il a un rhume, et il veut un bilan et une prise de sang « complète » parce qu’il est encore malade, que ça lui fait ça tous les hivers et que c’est quand même pas normal d’être malade TOUS les hivers.

Mon neuvième-déjà-quatorzième voulait des antibiotiques, mon dixième-déjà-quinzième aussi.

A la fin de mon dernier et dix-septième-déjà-vingt-troisième, j’ai fermé la porte, j’ai fermé les volets, je me suis assise et j’ai pleuré.
Et puis après, je suis rentrée chez moi jouer à Wow.

Premier jour de vrai remplacement.
Je suis grande. Je suis forte. J’ai presque pas de couettes.

Je passe le matin pour me familiariser avec le cabinet.
La toise est là, les feuilles d’AT sont là, les gants XL sont là, les gants à ma taille sont à la fabrique de gants. Bon, ok, ça devrait rouler.
Le Dr Cerise me montre comment on allume l’ordinateur, comment on accède aux dossiers, comment on transfère et comment on reprend la ligne téléphonique.
Ok ok ok.
Parée.

Début d’après-midi, les rênes sont à moi.
Quand j’arrive, il y a déjà pas mal de monde dans le hall. J’enfourne le tout dans la salle d’attente, et c’est parti mon kiki.
J’allume l’ordinateur, je ne me trompe que deux fois dans le mot de passe, je reprends la ligne de téléphone, ok, tout roule.

Première consultation.
Le téléphone sonne.
Une seule sonnerie, pas le temps de décrocher.
Après quelques minutes, le téléphone resonne.
Une seule sonnerie, pas le temps de décrocher.
Après quelques minutes, le téléphone reresonne.
Oui, toujours une seule sonnerie, chut, laisse moi tranquille maintenant.

Avant le deuxième patient, je jette un oeil à l’engin.
Il y a un « 15 » qui clignote, avec une petite enveloppe qui clignote aussi. Je bidouille quelques trucs, j’appuie sur des touches avec des téléphones verts, des enveloppes et des téléphones rouges dessus, j’essaie d’écouter les vraisemblables quinze messages, je n’entends rien, mais bon, l’enveloppe a l’air de s’arrêter de clignoter.
Et le téléphone me laisse tranquille pendant la deuxième consultation.
Ok, je suis trop forte. Tout roule.

Pendant le troisième patient, le téléphone rereresonne. Deux fois une seule sonnerie.
Je peste : « Raaah, je ne sais pas ce qu’il a, ce téléphone, à sonner toutes les 5 minutes, je n’arrive pas à le faire taire, je suis vraiment désolée ».

La gentille mère de famille en face de moi se tait quelques secondes.
Elle prend une brève inspiration, et, très gentiment, me dit :
« Ça, je crois que c’est l’interphone mademoiselle ».

Ahahahah.
Ok.
Tout roule.

J’ai rencontré Mme Pouteau pendant un remplacement qui vient de se finir.

Un solide petit bout de femme, de 85 ans, avec ce qu’il est d’usage d’appeler « un caractère trempé ».
Pleine de médicaments pour le coeur, pleine de facteurs de risque pour un infarctus qui finira peut-être (sans doute ?) par arriver. C’est encore assez rare, ces femmes âgées qui ont le profil typique de « l’homme à risque cardio-vasculaire ».
On en a toute une fournée en préparation, mais aujourd’hui c’est toujours, encore, un profil plutôt masculin.
Elle s’est arrêtée de fumer sur le tard, mais elle s’est arrêtée. Et pour le moment, elle vit sa vie avec ses patchs de trinitrine et ses trois anti-hypertenseurs.

On s’est rencontrées, donc. Un peu de pleine face. Un peu, oserais-je le dire, comme un coup de foudre.
La première fois, elle m’a dit que je-ne-sais-plus quel médicament idiot lui donnait des effets secondaires pas possible, et qu’elle ne le prenait pas. Sur un ton presque de défi, genre « Et si vous n’êtes pas contente c’est la même chose ».
« Je suis bien d’accord avec vous », je lui ai dit.
Ca l’a surprise de ne pas se faire engueuler, je crois.
Mine de rien, elle s’est mise à venir les jours où je remplaçais.

Avec elle, tout était simple.
Elle me reposait. Je pouvais lui dire le fond de ma pensée, brute, sans l’enrober de politiquement correct, de diplomatie et de sucreries. Pas besoin de l’amadouer. On parle, je donne mon avis, elle donne le sien, j’explique les plus, les moins, et elle décide.
Et je suis souvent d’accord avec sa décision, mais il faut bien dire que c’est souvent la même que la mienne ; alors ça aide, forcément.

Je crois que je la reposais aussi.
Et, avec nos bagages différents, nos compétences différentes et nos vies différentes, on partageait la même vision des choses. Et du même coup, la même médecine.

Et du coup, la médecine était simple, et nous laissait un peu de temps pour le reste.
Nous avons eu beaucoup de sourires en coin, beaucoup de sous-entendus, beaucoup de clins d’oeil. Elle avait une malice et une pétillance increvables.

Une fois, elle m’a dit que, de temps à autre, elle se disait qu’un jour, peut-être, dans quelques années, elle refumerait.
Qu’à son âge, il fallait bien mourir de quelque chose, et qu’elle préférait que ce soit d’un infarctus propre et bien rangé plutôt que d’un cancer qui s’éternise.
Je crois que j’ai dit quelque chose comme « Ce ne serait pas très professionnel de ma part de vous dire que je suis d’accord, n’est-ce pas ? »
Elle a souri. Elle a dit : « Non, pas très. Ne le dites pas. »

Effectivement, ce n’était pas très professionnel. Que voulez-vous ? A elle, je ne pouvais pas dire autre chose. Et j’aurais dit n’importe quoi d’autre à n’importe qui d’autre.

L’autre jour, mon dernier après-midi dans ce cabinet, elle était dans la salle d’attente.
Elle ne savait pas que c’était mon dernier jour.
Je ne savais pas que ça faisait déjà un mois que je lui avais fait son ordonnance pour un mois.

Elle savait que je n’allais pas tarder à partir, néanmoins, et elle a glissé la question, sur le ton de la conversation : « Vous comptez ouvrir un cabinet dans le coin ? »
Hélas non, Mme Pouteau, mais vous me manquerez aussi. Que j’ai dit. Dans ma tête. Parce que des fois, je peux AUSSI être professionnelle, je vous signale.

Et puis, au moment de partir, elle a dit qu’elle revenait dans 10 jours pour son vaccin contre la grippe.
Je lui ai dit qu’elle verrait l’autre médecin, dans 10 jours, parce que c’était mon dernier jour aujourd’hui.

On s’est serré la main longuement, et en partant, elle m’a dit cette phrase fabuleuse :

« Bien sûr je ne peux pas vraiment, mais… J’aurais presque envie de dire qu’on s’est bien amusées toutes les deux ».