Vous critiquez les cancéreux.

30 décembre, 2010

On m’a demandé récemment, et je cite avec plein de guillemets : « Vos clients savent-ils que vous vous moquez d’eux sur Internet ? »

J’avais écrit un long truc niaiseux, pis en fait, je pense que je vais m’en tenir à Desproges :

Récemment, à la fin d’un spectacle, dans une ville de province, j’ai reçu dans ma loge un journaliste d’une radio locale (j’ai trop de respect pour la liberté pour appeler ça une radio libre), un de ces zombies mous qui s’imaginent qu’il suffit de flatuler dans un walkman pour faire de la radiophonie. En essayant de brancher son Phîlips à deux têtes sur un magnétophone Henri II, ce mammifère me dit qu’il avait aimé l’essentiel de mon spectacle. Ce qui me rembrunit d’emblée. Et puis, il ajouta – je cite sans fioritures :
– Mais comment que ça se fait que, dans vos sketches, vous rigolez des cancéreux ?
Et d’ajouter, devant ma mine navrée :
– En tout cas, vous critiquez le cancer…

(*Jeudi, une manif de fleurs.)**

Je continue ma croisade pro-pénis.
Après le salutaire message « Foutons la paix aux prépuces des petits garçons », je voudrais le dire : « Foutons la paix aux pénis des grands ».

Messieurs, révoltez-vous contre la gent féminine qui froisse le nez. Vous n’avez pas à vous laver les mains après avoir fait pipi.
Voilà. La peau de la verge, c’est pas plus dégueu que votre cuir chevelu. Sans doute moins dégueu, même.
En terme de microbes, j’entends, hein.
En terme de sensibilité, après, tout le monde fait avec la sienne.

Mais d’un point de vue purement médical :
– l’urine, c’est stérile. Sauf si vous avez une infection urinaire, mais passons. Et par ailleurs, si vous vous débrouillez correctement, vous n’êtes pas censés vous pisser sur les mains.
– la peau du pénis, c’est à peu près autant couvert de microbes que la peau tout court de n’importe où ailleurs.
– la peau du pénis, c’est beaucoup moins plein de microbes que l’anus ou le vagin qui sont de façon naturelle et non pathologique pleins de microbes qui vivent en harmonie en se roulant dans la rosée du matin sur fond de symphonie pastorale (sauf si vous avez une infection, encore une fois : ça devient tout de suite beaucoup moins harmonieux, mais passons.)
– la peau du pénis, c’est beaucoup moins plein de microbes que votre salive ou votre nez.

Donc :

– on se lave les mains avant de manger (pour pas bouffer les microbes qu’on a forcément paluchés à un moment ou l’autre)
– on se lave les mains après avoir fait caca, ou après avoir fait pipi si on est une femme (cause que c’est pas loin du vagin)(si y restait du papier toilette et qu’on s’est essuyé)
– on se lave les mains super souvent si on est malade (on se mouche, on tousse, on se gratte le nez : on se couvre les mains de microbes)
– on se lave les mains un coup de temps en temps en temps normal parce que la vie c’est les microbes et qu’y en a partout de toute façon.
– on se lave les mains dans les toilettes publiques, rapport que la poignée est pleine de femmes et de gens qui font caca.  (et après on sort des toilettes, donc on re-rentre pour se re-laver les mains, puis on ressort et on re-re-rentre, et à la fin on bouffe sa bavette-échalotes froide. Donc on commande un tartare, et on chope un ver solitaire. En fait y a pas d’issue, nous sommes cernés.)

Si Madame vous les brise, exigez d’elle qu’elle se lave les mains à chaque fois qu’elle se touche la joue, qu’elle se remaquille ou qu’elle s’entortille les cheveux autour des doigts.

C’était un message de santé publique. (mais y a un autre post un peu moins stérile (uhuhuh) qui devrait venir dans pas longtemps)

Et les liens des gens qui l’ont dit bien avant moi :
sur Tatoufaux, la perle qui recense les idées reçues de tout poil.
– pour le décalottage : Winckler ici, et Naouri là.
Le marron c’est la terre du chemin.

PS : oh, et tant que j’y suis : on se lave pas l’intérieur du vagin non plus. Sinon on fout le bordel dans la symphonie pastorale, on met le chaos dans le bel équilibre microbien et on se colle une infection qui serait jamais passée par là si on avait pas été autant flippée d’en avoir une.

** J’ai des références obscures si je veux.

Spoiler

25 novembre, 2010

Je suis enceinte.

Théoriquement, je devrais attendre encore un peu avant de vous le dire, le fameux cap des trois mois n’est pas encore tout à fait passé, mais tant pis :  sauf accident vache, je devrais l’avoir, pour finir, ce premier bébé l’année de mes trente ans.
Tout est allé très vite.
J’ai rencontré un homme. Il s’appelle Guy.
Il m’a dit qu’il m’avait remarquée, que je lui plaisais. Il m’a proposé de faire un bébé. J’étais un peu inquiète bien sûr, mais il m’a rassurée. Il m’a dit qu’il en avait déjà fait des tas, que ça s’était toujours très bien passé. Il m’a dit qu’il allait me présenter ses amis, que si on s’y mettait à plusieurs ça pourrait aller vite.
J’ai dit oui.

Ne vous inquiétez pas : je n’ai pas foncé tête baissée, j’ai posé des questions, j’ai tâté le terrain.
J’ai demandé si ça n’allait pas m’empêcher d’écrire sur mon blog. J’ai demandé si j’allais être obligée de lui donner mon nom. Il a dit que ça pouvait se passer à mes conditions, que je pouvais accoucher sous X, que je pouvais continuer à écrire.
Alors j’ai dit oui.

Maintenant que c’est lancé, j’ai la trouille, bien sûr.
Est-ce que le bébé sera comme je l’imagine ? Est-ce que je vais l’aimer ? Est-ce qu’il sera beau, drôle, intelligent ; est-ce qu’il va me ressembler ?
Combien de temps Guy va-t-il rester à mes côtés après la naissance, avant de me laisser le bébé sur les bras pour courir après une autre, plus jolie et plus talentueuse ?
Je sais bien qu’on rêve toutes d’accoucher d’un prix Nobel et que ce n’est pas donné à toute le monde, mais je n’en demande pas tant. Je voudrais seulement qu’il mène son petit bonhomme de chemin et pouvoir en être un peu fière. Et bien sûr, je voudrais qu’il vous plaise. Surtout.

Considérez que vous en êtes tous les parrains et les marraines. Tous ceux qui sont passés par ici, pour me lire, pour me laisser un mot d’encouragement. Ça ne se serait sans doute jamais fait sans vous.
Et malgré tout ce que je vous dois, je vais vous demander encore deux choses.
D’abord, de m’aider à faire diffuser les faire-part, au moment de la naissance.
Ensuite et surtout, pour ceux qui connaissent mon identité, de m’aider à garder l’anonymat sans lequel tout se casserait la gueule. (Aux profs de ma fac notamment, qui ont joué gaiement au téléphone arabe jusqu’ici en me promettant le contraire et en roulant des yeux innocents.)

Je vous tiendrai au courant du développement de la grossesse, en essayant de ne pas devenir trop  monomaniaque.
Si je deviens comme toutes ces mères chiantes qui n’ont plus à la bouche que la dernière en date de leur choupinet d’amour, rappelez moi à l’ordre.

Toinette et Argan

22 novembre, 2010

Je vous avais déjà parlé de la prise rituelle de la tension artérielle, ce truc inutile sept fois sur dix mais auquel il faut quand même faire semblant de s’intéresser, sinon le docteur « il m’a même pas pris la tension ».
Et bien sachez que son équivalent pédiatrique existe. Pardon si je fais un peu monomaniaque de la pédiatrie en ce moment, mais il fallait que j’en parle.

Chez les petits, on est dispensé de tension, soit, mais il faut s’occuper DES DENTS.
Semblerait que les Dents, c’est le truc qui réveille les parents la nuit. J’imagine que c’est la compet’ à la sortie de la crèche. « Moi il vient de faire sa quatrième. Et le vôtre ? »
Les Dents, c’est l’explication ultime de tout et n’importe quoi, et c’est l’obsession des mamans.
J’ai deux problèmes principaux avec les dents.

Le premier, c’est que ça passionne les parents, et que moi, ça m’intéresse à peu près comme un sketch d’Elie Kakou.
Que les choses soient claires et nettes dès le début : je ne sais pas prédire l’éclosion d’une Dent deux semaines et demi avant. Pire que ça : je n’ai pas envie d’apprendre. Je m’en cogne. On s’en cogne de savoir si votre petit a une, deux, quatre ou six Dents en préparation. Vous avez déjà vu un adulte chez qui les Dents n’ont jamais poussé ? Bin voilà, moi non plus. Elles vont pousser, ses Dents. Il va finir par en avoir un nombre honorable, comme tout un chacun.

Quand une mère me dit : « J’ai l’impression qu’il fait une Dent, au milieu en haut y a un petit point blanc, vous pourrez vérifier ? » ou « Il est grognon en ce moment, la nounou m’a dit qu’il devait faire une Dent, vous me direz ? », je me transforme illico en homme politique qui essaie de vous expliquer pourquoi vous croyez que vous payez deux fois plus d’impôts que l’année dernière mais qu’en fait non.
« Ouiiiiiiiiiiii, effectivemeeeeeeeent, il y a un petit quelque chose, mais bon on ne sait pas quand ça va sortir, hein, parfois c’est trompeur, ça peut être dans deux jours comme ça peut être dans deux semaines ou deux mois… Ça varie beaucoup d’un bébé à l’autre vous savez… »
J’ai rien senti, hein. Votre mioche, il a ouvert la bouche deux secondes trois quart, et j’étais occupée à chercher une fente palatine. Je ne saurais même pas à quel âge on est censé avoir sa première dent si ma sœur doublement mère ne m’avait pas rencardée. D’ailleurs, entre le moment où elle me l’a dit et le moment où j’écris ces mots, j’ai oublié.
J’ai bien l’impression que certains médecins savent, au demeurant. Quand je vois dans les carnets de santé « Deux dents », sérieux, je suis épatée. Je ne vois que trois hypothèses :
– soit le type a menti, comme moi, mais c’est quand même beaucoup plus gonflé de l’écrire noir sur blanc que d’embrouiller oralement les parents de circonlocutions hasardeuses et contradictoires,
– soit le type a répété ce qu’a dit la mère « Il a fait sa troisième Dent la semaine dernière ! » pour crâner devant les collègues qui liront le carnet de santé après lui,
– soit y en a vraiment qui savent compter les dents, et qui le font. Mon plus grand respect à eux.

Mon deuxième problème Dentaire, c’est les mythes et les légendes que des siècles d’incompétence relationnelle médicale ont fait fleurir autour des quenottes.
C’est trop compliqué probablement, de dire à des parents qu’on ne sait pas exactement pourquoi le petit a de la fièvre / de la diarrhée /le nez qui coule / les joues un peu rouges / les fesses un peu rouges / une tendance à être grognon depuis quelques jours. Qu’il y a des tas de virus qui donnent un peu de fièvre, que l’examen est rassurant, qu’on ne peut pas dire ce que c’est exactement mais qu’on sait tout ce que ce n’est pas, et que c’est souvent bien suffisant en médecine. Qu’il y a des tas de moments où le transit se dérègle un peu et que c’est la vie. Que l’érythème fessier du nourrisson, des fois ça vient, des fois ça part, que c’est comme ça, que ce n’est pas forcément expliqué ou causé par quelque chose.

C’est chiant, hein, de dire qu’on ne sait pas.
Alors on sait. C’est les dents.
Fastoche, implacable, rapide, efficace. Les parents vous gonflent avec une question un peu naïve au sujet d’un truc sans importance ? Y a du monde dans la salle d’attente ?
C’EST LES DENTS, vous dis-je !

Et puis moi je passe derrière, à essayer de dire aux gens que la fièvre, c’est très fréquent, que les dents, c’est à un moment ou l’autre inévitable, qu’inévitablement des phénomènes courants vont être amenés à survenir simultanément, et que la simultanéité et la causalité, c’est pas tout à fait la même chose, le tout en essayant de garder intactes l’image de – et la confiance accordée à – mon prédécesseur dentophile.

Alors oui, bien sûr, c’est pas un bien gros drame, de dire aux gens que c’est les dents. C’est un petit mensonge, c’est parfois pour la bonne cause, c’est parfois parce qu’on sait que les parents vont mieux comprendre cette explication et en être davantage rassurés qu’avec mes envolées lyriques de sauveuse du monde qui est meilleure que tout le monde sur la simultanéité et la causalité.
Moi aussi, j’ai mes petits mensonges (ne serait-ce que vingt lignes plus haut, quand je n’arrive pas à me résoudre à dire « Je sais pas compter les dents et jm’en fous »), j’ai mes petits raccourcis faciles, et je ne me permettrai pas de jeter la pierre.
Mais voilà, fallait que ça sorte, bordel : c’est pas les dents.

Merci aux courageux

17 novembre, 2010

Hop.

Comme je suis une grosse feignasse, mais que ça mérite quand même largement d’être dit, et que j’ai des supers copains qui se sont cassé les bouclettes à ma place…
Concernant l’histoire qu’en plus de les traumatiser avec les chats, les crudités, la mayonnaise, la viande, les œufs, la charcuterie, le CMV, les crustacés et la lune en mars, on s’en va culpabiliser nos femmes enceintes avec le Doliprane :

– y a mon ami Borée qui en parle ici

– y a mon amie aux yeux ouverts qui en parle là. (Elle commence son article par « Non mais c’est quoi cette psychose », ça vous donne un indice.)

– y a mon ami le CRAT qui en parle aussi. J’en profite pour un tip au femmes enceintes / allaitantes : le CRAT est votre ami. Si la notice du médicament dit un truc, si le médecin dit un truc, si le pharmacien dit un truc et que le CRAT dit autre chose : c’est le CRAT qui a raison.
Pas possible de vous mettre le lien direct, tapez « Doliprane » dans le moteur de recherche, vous trouverez la mise à jour que je vous copie sauvagement ci-dessous.

    Une étude publiée dans Human Reproduction jette le trouble sur une éventuelle augmentation des cryptorchidies chez les enfants dont les mères ont pris du paracétamol et d’autres antalgiques légers en cours de grossesse.

  • Cet article comporte trois parties : une étude épidémiologique, une expérimentation animale in vivo et une autre ex vivo.
  • L’étude épidémiologique a été réalisée par interrogatoire de femmes enceintes au 3ème trimestre sur leur consommation d’antalgiques au cours des deux 1ers trimestres de grossesse. Les garçons ont ensuite été examinés à la naissance à la recherche d’une cryptorchidie.
    • La fréquence des cryptorchidies n’est pas significativement augmentée chez les femmes ayant consommé un antalgique en cours de grossesse, ni chez les femmes ayant consommé spécifiquement du paracétamol, de l’aspirine ou de l’ibuprofène.
    • Les cryptorchidies ne sont pas augmentées par la prise de paracétamol au 1er ni au 2ème trimestre (l’étude n’inclut pas le 3ème trimestre).
    • Ce n’est que chez les enfants des mères ayant pris du paracétamol pendant plus de 15 jours au 1er et au 2ème trimestres que l’on retrouve une augmentation des cryptorchidies à la naissance. Aucune information sur leur sévérité, ni sur leur évolution n’est fournie (alors qu’elle est spontanément favorable pour une grande proportion entre l’âge de 1 et 3 mois).
  • Le nombre important de données manquantes dans la partie épidémiologique et la méthodologie insatisfaisante, doublée de résultats non concluants pour les parties expérimentales, ne permettent pas d’établir à ce jour un lien de causalité entre la prise de paracétamol en cours de grossesse et une augmentation de la fréquence des cryptorchidies.
  • Le bénéfice du paracétamol en cours de grossesse reste au 1er plan, quel que soit le terme de la grossesse

Voilà.
Mangez du Doliprane et faisez l’amour.

Le fax est cassé, bisous !

26 octobre, 2010

On lit des choses passablement déprimantes sur l’avenir de la médecine générale, ces temps-ci.
Que tout va foutre le camp ma bonne dame, que la sécu va péter, que les médecins partent à la pelle et ne seront pas remplacés, que le système de soins va s’écrouler.
Que ça va être le chaos, que ça va être la guerre, que les petits vieux mettront des coups de cannes aux petites vieilles pour leur voler la place chez le médecin, qu’il faut tout ré-inventer avant de nous retrouver assis sur un tas de cendres. Tout reconstruire. Rien que ça.
Moi qui ai la flemme d’aller acheter un canapé…

Ça m’emmerde passablement. J’ai eu mon lots d’emmerdements, j’ai eu mon lot de réformes à éponger (les « années test », c’était toujours pour ma gueule…), j’ai mangé mes 9 neuf ans d’étude, j’ai fait ma jolie course d’obstacle en bon petit poney appliqué. Si c’est pour passer enfin la ligne d’arrivée à l’aube d’Hiroshima, je dois avouer que sur sur une échelle de 1 à 10, ça ne me fait pas chier qu’à moitié.
Le truc, c’est qu’ j’ai pas d’idée M’sieurs Dames. Pire que ça, j’ai pas d’opinion. Les syndicats, les débats sur la sécu, sur les ministres, sur les finances, ça m’en cogne une sans bouger l’autre. J’ai pas appris à penser à si grande échelle. J’ai essayé d’apprendre à soigner les gens et à m’occuper de mes malades, et c’est déjà bien assez dur comme ça. Vous m’excuserez de ne regarder que mes pieds ; c’est que si je ne les regarde pas, je trébuche et jme casse la gueule.
Je sais bien que j’ai tort. Je sais bien. S’occuper de ses malades, c’est bien joli, encore faut-il vivre dans un système qui le permet, et encore faut-il se battre pour ça. Je sais.
J’aimerais être de celles qui vont au front, de ceux qui mènent la bataille ; je pense que je ne suis simplement pas taillée pour.

Alors à mon petit niveau, grimpée sur ma petite échelle, je vais faire comme d’habitude : je vais vous parler de mon petit nombril et vous raconter pourquoi moi, je ne m’installe pas encore.

1) Je ne m’installe pas parce que j’ai pas ma thèse, de une. Ce qui, vous me l’accorderez, est une raison à part entière. J’ai beau twitter régulièrement des offres alléchantes « Achète thèse de médecine générale, même médiocre. Bon prix. PS : je couche. » , j’ai beau attendre de voir si elle serait pas livrée en cadeau bonus avec les 10k points de hauts-faits sur Wow, j’ai beau attendre de voir si par hasard elle s’écrirait pas toute seule vu qu’elle me doit bien ça, cette salope, le constat reste le même : j’ai pas ma thèse. Hop.

2) Je ne m’installe pas parce que pour le moment, j’adore absolument ma façon d’exercer. Pour le moment, je fais des remplacements fixes : tels jours chez le Dr Carotte, tels jours chez le Dr Cerise. Et c’est assez simple : j’ai tous les avantages de l’installation et aucun de ses inconvénients.

– Je n’ai pas à courir à droite et à gauche, me réhabituer à chaque fois à une nouvelle façon de faire, à un nouveau logiciel, à de nouveaux patients, essuyer leurs regards déçus et surpris, recopier des ordonnances avec lesquelles je ne suis pas d’accord parce que ça ne sert à rien d’essayer de révolutionner une affaire qui se passe sans moi. Bref, je n’ai pas à prendre de train en marche.
– J’ai ma patientèle, à moi, de gens que je suis et que je revois régulièrement. Les gens qui veulent me voir, ils savent quels jours venir, et ils viennent ces jours là. Je les suis, sur la durée, en vrai. Je peux construire des choses avec eux, comme un vrai docteur qui a sa plaque dorée sur le pas de la porte.
– Je ne gère absolument rien. C’est d’un repos indécent. Le loyer, la femme de ménage, le secrétariat, les emmerdes avec la sécu : repos. Quand le fax est cassé, je prends un post-it, j’écris « Le fax est cassé, bisous ! » et je le colle sur le fax. Ou alors « Il n’y a plus de formulaires de demandes d’ALD, il faudrait en commander, bisous ! ». J’ai deux chèques par mois à encaisser, je n’ai pas besoin d’avoir un compte professionnel à la banque. Les impayés (les chèques sans provision, ou le bon quart des consults CMU que la sécu ne paiera jamais) c’est le médecin que je remplace qui me les paye de sa poche. (Ouais, je sais, c’est dégueulasse)
– Parce que les médecins que je remplace sont fabuleux, je ne suis jamais seule. Quand un dossier est difficile, je peux leur en parler. Je peux suivre leur travail, je peux voir ce qu’ils font, je peux continuer à apprendre en toute sécurité. Quand un patient me gonfle, je peux lui suggérer habilement de revenir plutôt les jours où je ne suis pas là. Quand une situation est merdique, je sais que j’aurai une autre paire d’yeux pour m’aider à la gérer.
– Je n’ai aucun engagement. Si après-demain, l’envie me prend d’aller remplacer 6 mois en Martinique pour plonger et me pogner la gueule au Ti Punch, je peux. Bon, ça n’arrivera pas parce que les médecins que je remplace sont fabuleux, et que je ne leur ferai pas ce coup-là, mais sur le principe, je peux. ((Corollaire : ils peuvent aussi me dire après-demain qu’ils n’ont plus besoin de moi et que je dois arrêter de les remplacer. Ils ne me feront pas ce coup-là parce que je suis fabuleuse, mais sur le principe, ils peuvent.))
– A l’heure où ma vie personnelle n’est pas encore construite, je ne m’enchaîne nulle part. Si mon amoureux de demain habite à Marseille, je peux aller poser ma plaque à Marseille.
– J’ai le confort monumental de bosser à mi-temps. Et encore, un petit mi-temps. Et ça, pour jouer à Wow écrire sa thèse, c’est quand même le luxe absolu. Pour aller à la banque / chez le coiffeur / à la poste aussi.
– Bosser à mi-temps, ce n’est pas confortable que pour aller à la poste. C’est aussi confortable pour prendre le temps de faire ses demande d’ALD au calme, rappeler les patients pour prendre de leurs nouvelles, organiser une hospitalisation, se renseigner sur le syndrome de Drogfur Marlingbourg qu’une patiente nous a sorti de derrière les fagots, se restaurer après une journée trop remplie et attaquer la suivante sereinement. Je suis hyper admirative des médecins qui bossent à temps plein et qui continuent à faire du bon boulot sans finir par avoir envie de prendre un patient pour taper sur l’autre.
– Oui, je gagne suffisamment ma vie. Certainement pas pour longtemps, certainement pas assez pour une vie de famille, mais pour ma vie d’étudiante attardée qui n’a guère d’autres dépenses que ses sorties, ses clopes et sa connexion internet, c’est tout à fait assez.

Alors, oui, si je m’installais, j’aurais la fierté d’avoir un joli ordonnancier à mon nom et une jolie plaque dorée dans la rue. Je les prendrais en photo et je les enverrais à Maman. Jusqu’ici, je m’en passe.
Alors oui, si je m’installais, je mettrais ce que je veux dans la salle d’attente, je m’organiserais comme je veux, j’aurais des gants à ma taille et de quoi faire des frottis. Mais encore une fois, il suffit de bien choisir les gens qu’on remplace pour que leur système colle à peu près au nôtre.
Alors oui, si je m’installais, je n’aurais plus à entendre « Ah… C’est pas le Docteur Carotte aujourd’hui… Bon… Bin comme je suis très malade, je vais venir quand même, hein… »

Que les choses soient claires : oui, à terme, je veux m’installer. Je veux tout ça. La plaque dorée, MES patients encore-plus-à-moi, mes règles, mon organisation. Et à terme, plus que des Mme Pouteau.
Mais j’ai le temps.
La vie m’a suffisamment gâtée jusqu’à présent, je sais qu’un jour elle m’amènera des choses qui me donneront envie de me poser, là et pas ailleurs, avec ces gens-là et pas d’autres.
Pour le moment, j’ouvre grand les yeux, j’apprends et j’attends.

Pauvres pécheurs

25 septembre, 2010

Allez, un post rapide, juste pour énerver ma sœur.

L’autre jour, je reçois une jeune patiente, 23 ou 25 ans peut-être, avec son tout nouveau bébé.
Une petite fille qu’elle m’amène à deux semaines de vie, et qui a patienté sagement 2 bonnes heures dans ma salle d’attente, sous le regard placide et dans les miasmes des huit patients d’avant qui devaient se dire par devers eux qu’elle avait qu’à faire la queue COMME TOUT LE MONDE et que eux aussi ils en avaient marre d’attendre et que de toute façon donner des sous aux clochards si c’est pour qu’ils s’achètent à boire merci bien ma bonne dame mais trop bon trop con.

Bref.
Comme toujours, je commence par prendre des nouvelles de la maman : l’accouchement, le moral, la rencontre avec l’enfant, tout ça. Parce qu’en 2010, une jeune mère se doit d’être dégoulinante de joie et de bonheur sur fond de symphonie pastorale dans la rosée du matin, et elle doit trouver sa fille magnifique sinon c’est une mère indigne parce que l’instinct maternel c’est pas pour les cochons. À la rigueur, elle a parfois le droit d’être un peu fatiguée mais seulement avec décence.
Du coup, je prends toujours nouvelles. Au cas où.

Pour cette maman-là, ça ne s’est pas si bien passé. Malformation digestive découverte chez le bébé à l’écho du 3ème trimestre, hospitalisation pendant toute la fin de la grossesse pour d’autres raisons, début du travail un peu prématuré à 34 semaines, césarienne en urgence et départ immédiat de la petite pour le bloc opératoire où on a réparé la malformation digestive qui l’aurait empêchée de s’alimenter. Si je peux me permette un avis de non-maman, ça me paraît quand même un peu hard à avaler, surtout pour une si jeune femme et pour une première grossesse.
Malgré ça, les choses se passent bien. La mère réussit à tenir le coup, le père aussi, la rencontre avec leur fille se passe bien, et tout ce petit monde réussit même l’exploit d’un allaitement maternel exclusif (en dépit d’un personnel hospitalier qui penchait plutôt pour un allaitement au biberon histoire de pouvoir mesurer le nombre de décilitres ingurgités quotidiennement). Bref, tout roule.

Évidemment, un bébé un peu prématuré opéré à J1 d’une malformation digestive, vous vous doutez qu’on surveille le poids attentivement. À la PMI, en l’occurrence. Et là, comme je m’apprête à pourrir la PMI, je préviens histoire qu’on ne me tombe pas dessus : je n’ai rien contre les PMI. Les PMI sont gentilles, les PMI sont belles, les PMI sont mes amies. Des fois on y fait du bon boulot. Là, juste, non. Ça aurait pu être un médecin, ça aurait pu être un pédiatre, ça aurait pu être pas mal de monde vu le niveau général de la connaissance de l’allaitement maternel chez les soignants en France.

Bref, ma patiente se présente régulièrement à la PMI pour faire peser sa petite, avec son allaitement maternel qui se passe bien, ses seins qui vont bien et sa petite qui prend du poids très honnêtement, en tétant un peu comme elle veut quand elle veut, avec une maman qui donne un peu le sein comme elle veut quand elle veut, sans que personne ne souffre de pleurs, de douleurs ou de problèmes de sommeil ou de surmenage quelconques.
Mais, tenez-vous bien le scandale est à vos portes, la mère allaitait PLUS DE DIX MINUTES PAR SEIN !

Alors, ils lui ont fait comprendre, à la PMI… C’est mal de donner le sein plus de dix minutes de chaque côté, malheureuse ! Et qu’elle allait avoir des crevasses et que ses seins allaient finir par brûler dans les feux de l’enfer pour l’éternité et que ce serait bien fait pour eux. Et qu’il fallait laisser TOUJOURS au moins deux heures entre deux tétées. Parce que la gourmandise est un péché aussi, on ne le dit pas assez, et que ça allait faire un enfant capricieux.
Bien embêtée, ma patiente, parce qu’en deux fois dix minutes, elle a pas l’impression de pouvoir donner tant que ça.
La fois d’après, la petite avait pris moins de poids. Ma patiente toute contrite a suggéré de compléter, peut-être, du coup, par des biberons ?
Mais oui ! qu’on lui a dit à la PMI… Puisque vos seins abrutis ne sont pas capables de nourrir correctement cette enfant dans les 7 x 2 x 10 minutes imparties, donnez-lui donc des compléments.
La petite, elle les a vomis tout ce qu’elle pouvait, vos compléments.
Et la fois d’après, du coup, elle en avait perdu, du poids.
Alors on me l’a envoyée se coltiner 2 heures dans ma salle d’attente.

Cette anecdote est d’une banalité déprimante. On part quand même d’une histoire qui va bien, où tout se passe bien, où tout se passe même mieux que ce qu’on aurait pu espérer dans nos rêves les plus fous, et parce que ça ne colle pas aux petites cases à la con dans lesquelles des petits cerveaux à la con ont voulu à toute force et à tout prix faire rentrer l’humanité entière, on ruine tout. On part d’un truc qui va bien, et on le fait tourner au désastre.  C’est juste atterrant.
Et c’est la même histoire toujours renouvelée, pour plein de choses. Pendant la grossesse, on se nourrira de capsules protéinées désinfectées pour éviter la salmonellose, puis on nourrira son enfant au sein 2x7x10 minutes, à cinq mois et 12 jours on commencera la diversification en donnant 13,8 grammes de haricots verts, on tirera sur les pénis pendant 37 secondes dans l’eau tiède tous les soirs pour les décalotter proprement et on ne prendra JAMAIS son enfant avec soi pour une nuit dans le lit parental parce que ça fabrique des délinquants.

Ça suffit. Merde. J’aime les cases, ok, mais pas à ce point.
Autorisons-nous une marge de bon sens autour des règles.
Il n’y a pas UNE façon de faire, il y en a autant qu’il y a de familles, qu’il y a d’histoires, qu’il y a de rencontres.
Collez-zy pas des frites et du coca mixés dans le biberon à 3 mois, c’est tout ce que je vous demande.
Écoutez-vous, faites-vous confiance, écoutez VOS limites. Votre enfant ne sera pas capricieux parce que vous l’avez pris avec vous dans le lit un soir ou parce que vous ne l’avez pas « laissé pleurer » ou parce que vous lui donnez le sein quand il a faim. Si vous respectez vos limites à vous, si là, ce soir, non là vraiment j’en peux plus je suis trop fatiguée je me lève pas, ça se fera tout seul.
Un caprice, ce n’est pas aller au-delà des cases décrétées par le Professeur MesCouilles, c’est aller au-delà de vos limites. En vous faisant confiance les règles se placeront d’elles-mêmes, et ce seront de bonnes règles.
Et envoyez chier les médecins.

Bon, parce qu’on me l’a gentiment demandé (jaddo vous faites chier à pas pas poster // jaddo qu’est ce que tou fou? on attend!!! //  jaddo essaie de pondre un article par semaine! aies pitié de nous ^^ // jaddo j’ai adoré tes postes ! googlars ), et parce qu’on va essayer de maintenir un rythme à peu près décent, allons-y pour la cinquième.
La cinquième cérémonies des Googlars, comme le titre l’indique. C’est à dire, pour ceux qui ne seraient pas familiers du concept, le bêtisier des requêtes Google qui ont amené de braves internautes égarés dans la jungle sans pitié du net sur mon blog. (Vous pouvez commencer par lire les précédentes par ici, si le cœur vous en dit.)
Comme j’engrange depuis un moment, je dois avouer (sans vouloir anticiper et vous faire courir le risque d’un effet paradoxal de mauvaise surprise après avoir été alléché) : y a du lourd.

Catégorie « Ils sont venus me faire coucou gentiment », et c’est bien naturel que je réponde :

le jeudi c’est naze, jaddo c’est mieux
Ah, j’aime bien le jeudi, moi.
jaddo les couettes dont j’aime les incertitudes
une consult’ jaddo ?
j’adore jaddo
jaddo dodo
Coucou vous :)
www.jaddo.fr jaddo or peux or tu or dire or à or ma or formatrice or d’ifsi or qui or n’a or pas or la or vérité or infuse or qu’elle or ne or sait or pas or guider or pour or le or memoire or de or fin or d’etude? or merci
Formatrice d’ifsi : vous n’avez pas la vérité infuse et vous ne savez pas guider pour le mémoire de fin d’études. De rien.
ah ben je suis contente jaddo, espèces de dresseuse d’ours, vous aller poster à nouveau
Bin on va essayer :)
Jean-Pierre Jeunet doit faire un film avec Jaddo !
On est bien d’accord.

Catégorie « Ils sont venus me faire coucou », et ils inventent la drague via recherche Google :

Sous catégorie « Trop mignon » :
déclarer sa flamme à jaddo par google
Pas comme ça :

Sous catégorie « Moyen mignon » :
jaddo la pute
jaddo rrr je veux une sucette
jaddo rrr bouche à pipes
jaddo suce t-elle des ours?
jaddo suce t-elle bien?
jaddo rrr fais l’amour à la caméra
jaddo rrr bouche à pipes pas à clopes
jaddo fait des trucs aux ours
jaddo mange moi la moule mayonnaise

Très cher lecteur fidèle de mon blog, je suppose que c’est toi aussi qui cherche « leonie seins » ? Si c’est le cas, je ne saurai que trop te conseiller d’approfondir tes recherches, délicieuses au demeurant, dans ce sens et uniquement dans celui-là. Je subodore que la sous-catégorie « Moyen mignon » de la catégorie « Ils sont venus me faire coucou, et ils inventent la drague via recherche Google » disparaîtra à la prochaine cérémonie, histoire que maintenant ça va bien maintenant la tête. Merci quand même de ta précieuse participation.

Catégorie « Ils sont venus me faire coucou », et ils se posent de drôles de questions :

qui se cache derrière medecine man ? docteur jaddo peut-être ?
Ah non, vraiment non, je jure.
jaddo sait-elle faire l’hélicoptère avec ses couettes?
Moyen bof.
les ours peuvent-ils dresser des médecins généralistes?
Moyen bof. Dépend des ours je dirais. Je vous ferai signe quand j’aurai trouvé le mien.
faut-il un doctorat en medecine pour etre dresseuse d’ours?
Oui.
jaddo il est ou ton terrier d’ours médecin docteur?
Je dirai pas.
photo jaddo
Je montrerai pas.
comment avoir plus confiance en moi avec jaddo
Mmmm. Heu. Mmmm.
jaddo t’es un ours blond?
Non.

Catégorie « Les ours, on sait toujours pas combien il en reste dans le monde, et maintenant on se pose d’autres drôles de questions. »

images rigolotes d’ours qui font les fort
Je suis désolée mais j’ai trouvé qu’un sanglier.
l’ours, i vous aime. mais, je ne pourrais pas withstand… 的出处
D’acc.
jeux tirer sur ours courant après femme
Je veux pas dire, mais c’est chelou comme jeu.
combien d’ours brun reste t’il dans le monde
Y en a un qui a trouvé combien il reste d’ours EN TOUT dans le monde et qui veut faire une soustraction.
Et y en a un qui n’en peut plus, qui est au bord du gouffre :
combien reste il d’ours ?
combien reste il d’ours dans internet?
combien reste il d’ours sur mon parking?
combien reste t il d’ours dans mon bol?


Catégorie « En médecine aussi on se pose des drôles de questions » :

a quoi sert le releveur du pied
Attention la réponse va te paraître dingue…
– medicament extranase a quoi sa sert
Bin c’est comme le releveur du pied : c’est comme son nom l’indique.
quelle medicament peu remplacer art50
L’Extranase.
Enfin bon en même temps je dis du mal, mais :
ma chienne a été sauvée par l’extranase
\o/

comment ouvrir flacon xylocaine
La réponse est : en s’arrachant la moitié de la main. C’est pas con en même temps, comme le flacon est trop gros pour une seule suture et qu’il faut le jeter après ouverture, autant avoir deux sutures à faire…
peut-on traiter un avk avec une médecine douce
Ça dépend de la taille de sa bouche.
une boule de pastis pure est elle conseillée en cas de gastroenterite
Moyen.
se gratter les couilles porte un nom medical
L’orchidoscratchie ?
lequel-est-ce? porte nu nom medical
C’est celui-là !
a quoi ressemble le movicol
Le sachet blanc, là ! Avec la poudre blanche, docteur !
pourquoi mettre la betadine dans l’oeil
Mais oui, POURQUOI ??
comment faire pour faire semblant d’etre malade devant son medecin
Fastoche. « Docteur ce matin j’ai tout vomi et j’ai eu la diarrhée. »
que peut on avoir quand on est enceinte qu’on a peur d’une bete et qu’on se touche le ventre
La frousse.
comment atterire al’hopitale sans mourir
Je cherche encore.
peut on faire l’amour avec une péricardite
Si elle est super sexy, pourquoi pas.
mon docteur à décliner le renouvellement du médicament médiator
Il a eu bien raison. Demande lui de l’Extranase.
impression de servir à rien externe
Je sais :-( Essaie de trouver comment on peut atterrir à l’hôpital sans mourir, ce sera déjà énorme.
qu’est ce que sa fait si, le grain de boté pisse di sen
Bon là j’ai de la peine, parce que je suppose que c’est déjà toi qui te demandais il y a quelques mois « c dangereux 1 petit grain de beauté c normal qui pent ?? » et du coup j’imagine ces longues semaines de questionnements inquiets. Va voir ton médecin pour te rassurer. Vraiment.

Et ce semestre, la palme de ma recherche-préférée-à-moi-que-j’ai aura été décernée à une requête de la catégorie « Médecine », et c’est avec beaucoup de tendresse que je l’attribue à :
mes dents sont parti en avant apres un toucher rectal


Catégorie « Macha Béranger » :

comment dire gentimen a kelkun kon é stresser actuellemen
Ma chérinette d’amour, je t’apprécie beaucoup et tu as d’immenses qualités, et je suis un peu stressé actuellement.
je pense que mon prenom sybille me porte malheureuse
Dans tes moments de désespoir, pense que tu aurais pu t’appeler Clitorine.
est ce que la femme est interessé si elle est malalaise à l’egard d’un compliment
Non. Elle est juste mal à l’aise, et c’est mauvais signe.
cherche pute sans interet financier
Recherche ardue s’il en est.
quelle crie peut on dire quand ton fait l amour
Oh oui oh oui. Classique, facile et indémodable.
« envie d’être enceinte » plage vacances érotique
C’est un plan qui se tient.
Je vais essayer de te brancher avec :
des mecs qui bandent a la plage


Catégorie « Gneu ? » :

apres dresseuse bourses
Presque !!
diagnostique du burnout irrespectueux
Tout se perd ma bonne dame.
urgent chaussures neuves qui grincent
A mooooi ! A l’aaaaaaide ! Viiiiiiiite !
comment s’appelle lé découpage d’une journée ?
Mmm. Des heures ?
cage chasteté embolie
Les dangers insoupçonnés de la cage de chasteté.
les films pornographiques courte pour les médecins
Avec 75h par semaine, on suppose qu’ils sont trop occupés pour en voir des longs.
un jour le prof vous a chargè de faire un devoir lors classe le soir vous vous prèpariez à le faire .or vous dècouvrez avec suprise que quelqu’un l’avait dejà effèctue
Hommage à toi qui es resté 22 minutes sur mon blog. On comprend que tu n’aies pas le temps de faire tes devoirs de classe.
mon sperme dans le vagin a ma belle-soeur sans pilule
Ah bah bravo.
naissance du temps avec beaucoup de choses je ne fais pas un titre trop long pour google qui va avaler tout ca, on va voir si ce que j’ai ecrit ca donne quelque chose, apres tout je n’ai pas beaucoup ecrit! :)
Ca a donné mon blog. Pour une raison mystérieuse. Les voies de Google sont impénétrables.

Catégorie « Urssaf ! » :

Forcément, il fallait s’en douter. Avec un sujet aussi riche ne pouvait manquer d’arriver une foultitude de requêtes.
Je vais essayer de les classer dans un joli crescendo dramatique.
Et personnellement, je prends le nombre de requête comme une pétition à part entière.

1) Quand même, je me questionne…
quand l’urssaf a-t-il été informatisé ?
En 1912. Ca explique pourquoi aucun téléconseiller n’est capable de trouver la moindre réponse à la plus simple des questions. Tous ceux qui savaient utiliser le système informatique sont morts ou séniles.
paye d’un téléconseiller a l’urssaf
Trop cher.
medecin urssaf cotisations pas clair
Non, pas clair, non.
que preleve l’urssaf sur mon compte ?
DES SOUS !

2) J’ai un problème, mais je ferais mieux de pas me plaindre…
urssaf ne me demande rien
virement par erreur de l’urssaf sur mon compte
erreur urssaf paye deux fois
– les urssaf ont oublie de ma faire payer
urssaf associé paye mais moi non

3) J’ai un problème…
problème avec urssaf
(Quatre occurences)
probleme remboursement urssaf
retard transfert dossier urssaf
changement adresse problème urssaf
problème changement adresse urssaf
comment réussir à joindre l’urssaf
urssaf ne me rembourse pas mon avoir

4) J’ai un problème, et ça me pèse !
urssaf téléphone raccroche
impossible de joindre l’urssaf par téléphone
quand etre remboursement ursaaf
durée silence urssaf
l urssaf ne m envois pas mon attestation de versement quel droit ?
j’ai reçu l’avis de passage controle urssaf 3 jours avant que faire ?

5) J’ai un problème et je vais pêter un plomb.
j’ai peur du controle urssaf
marre urssaf
marre de l urssaf
marre organisation urssaf
control urssaf du n’importe quoi
urssaf c’est trop chère
c’est con de l urssaf
urssaf existe vraiment ?
arret prelevements automatiques de urssaf
Ah, on vous avait prévenus !

6) Je pête un plomb.
quitter france sans acquitter urssaf

Vous m’avez sans doute déjà lu râler contre les certifalacon, il me reste mon plus beau à vous raconter.
Mon plus beau certifalacon, j’y ai été confrontée il y a quelques années, depuis l’autre côté de la barrière, quand on m’a demandé, avant d’avoir l’insigne honneur de commencer mes fonctions d’Interne des Hôpitaux de Bip, de faire certifier que je :
– remplissais les conditions d’immunisation contre l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite
– remplissais les conditions d’aptitude physique et mentale pour l’exercice des fonctions hospitalières.

Jusque là, tout va à peu près bien.
Comme je suis sage et bien élevée, je lis toute la feuille jusqu’au bout, avec application, même les petits caractères tout en bas. Qui m’apprennent que :
« Le certificat médical doit être établi par un médecin hospitalier » (…)
« Qualité du signataire (préciser la qualité) : PH, CCA, Assistant des hôpitaux, Attaché ».

Parce que pour dire que j’ai ni la gale, ni la tuberculose, que mes vaccins sont à jour et que je ne suis pas une psychopathe qui rêve d’assouvir une sombre vengeance à grands coups de tronçonneuse dans la tête des patients, faut être médecin hospitalier. Parce que pour dire que je peux exercer mes fonctions d’interne en médecine générale, on ne peut pas être médecin généraliste.

Je pense que je dois être à peu près la seule fille sur terre qui ait tiqué. Rapport que personne sur terre ne lit les petits caractères tout en bas, sans doute en partie. Mais surtout rapport qu’un certificat, quand on bosse à l’hôpital, ça s’obtient de la manière suivante :
Entre deux patients, on chope du coin la blouse de Marcel.
« Hey, Marcel, on lui dit (s’il s’appelle Marcel, sinon on s’adapte), dis voir, me faut un certificat, tu peux signer ? ». Marcel répond généralement que oui, mais vite fait parce qu’on l’attend au box 5 pour réduire la luxation d’épaule qui gueule. On tend la feuille, Marcel signe et atteste que vous êtes apte à la gym / au saut en parachute / à la plongée sous-marine sous glace à -150m / au canyoning sous AVK dans la vallée des piranhas.  Une fois la feuille signée et dûment tamponnée, Marcel ajoutera parfois : « Heu au fait, t’es le nouvel externe de réa c’est ça ? »

Toute révolutionnaire que je suis, je le décide dans un grand mouvement de révolte extatique : « Ça ne se passera pas comme ça avec moi ! »
« Les cons. Les sombres cons. Et bin ils vont voir ! » me souviens-je m’être dit.
Et je décrète que puisqu’on me demande un truc absurde, je pousserai l’absurdité à son bout, et que si je n’obtiens pas gain de cause pour faire signer mon certificat par le médecin généraliste du coin, je passerai par une voix légale et normale pour obtenir un certificat d’une main hospitalière.
Tu sais, la fille qui décide d’une révolution qui ne va emmerder qu’elle. C’est beau. C’est foutrement pathétique, mais quelque part, deep deep down, c’est beau.

Bref, me voilà en quête d’un rendez-vous officiel pour une consultation officielle avec un authentique médecin hospitalier. Mmm. J’appelle qui ? La médecine du travail ? La médecine, heu, du sport ? Y a une service dédié aux certifalacon, à l’hôpital ?
Pour résoudre cet épineux problème, j’appelle le bureau des internes qui demande le papier.
Je tombe sur une dame à qui je demande quel est le service compétent pour me délivrer la damnée sigature.

La dame m’a conseillé la bouche en cœur de me pointer aux urgences de n’importe quel hôpital, en expliquant que j’étais externe, et qu’on « ne me ferait pas de problème ».
Je lui ai dit que je sortais d’un stage aux urgences, que j’avais assez pesté contre les urgences-qui-n’en-étaient-pas pour ne pas aller emmerder mes collègues en plein mois d’Août, et qu’il était hors de question que je profite de mon statut pour obtenir un passe-droit quelconque. (Tu sais, la conne qui décide de faire une révolution qui n’emmerde qu’elle ?)
J’enchaîne en demandant pourquoi morbleu on a décidé d’ajouter cette clause ridicule, et pourquoi on ne peut pas se faire faire le certificat par son généraliste.

Sa réponse a été magnifique.
C’était : « Bin parce que bon, déjà, c’est un généraliste. »
Ce qui, vous l’admettrez, est un argument de poids.
Ensuite, parce que je crois qu’au fond elle était un peu démunie, puisqu’on ne lui avait jamais posé la question en 4 ans de bons et loyaux services, elle a ajouté : « Et heuuu, bin si c’est un médecin généraliste, ça peut être un certificat de complaisance. »

Mon bon Marcel, laisse-moi me gausser ?

Puis la discussion s’est embourbée. Ceux parmi vous qui ont déjà eu affaire à un employé de la Poste qui vous expliquait que non, on ne peut pas acheter de colis à la poste et qu’il faut fabriquer soit-même son colis avec du chatterton et une boîte de chaussures me comprendront. Ça a été une suite de « C’est comme ça et pis c’est tout », « Écoutez c’est une obligation légale, si c’est la loi c’est la loi » et « Je n’ai plus rien à vous dire ».
Les choses injustifiables, forcément que voulez-vous, c’est difficile à justifier.

Je vous passe le détail de la suite. J’ai fini par prendre un rendez-vous à la médecine du travail, dans le bureau glauque d’un recoin d’un bâtiment glauque quelque part dans le centre hospitalier.

On a pris ma tension, on m’a demandé si j’étais une psychopathe qui rêve d’assouvir une sombre vengeance à grands coups de tronçonneuse dans la tête des patients, j’ai dit que non, on a signé mon papier.
Tu sais, la conne qui décide de faire une révolution qui n’emmerde qu’elle ?

Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir eu le courage d’écouter le conseil d’un ami (Béni soit son nom) qui m’avait dit : « Sinon, tu vas voir le doyen, tu dis que tu es inscrite et qu’il te faut un certificat par un médecin hospitalier, et qu’il est le seul que tu connaisses. »

Histoire de faire une révolution qui emmerde au moins une autre personne que moi.

Prélude

7 août, 2010

Un mot pour dire l’auto-consternation avec laquelle je regarde les jours défiler et ma page d’accueil ne pas changer.

Je vais un peu spoiler ma prochaine cérémonie des Googlars, mais sachez qu’on m’y dit :
– jaddo  vous faites chier à pas pas poster
– jaddo qu’est ce que tou fou? on attend!!!

Bin ouais, jmexcuse de partout. Moi aussi j’attends. Pis chais pas.

J’ai des tas d’histoires, tous les jours. Qui m’émeuvent, qui m’énervent, qui me meuvent, qui m’exaltent. Pas toutes, bien sûr ; certaines consultations sont à peu près aussi excitantes que de passer la soirée à manger des moules mayonnaise tièdes dans un restaurant d’autoroute français avec Jean-Claude Bourret qui vous explique les montants compensatoires. (Je triche sur Desproges éhontément, mais faut bien avouer que c’est à peu près la perfection de la description du moment non-bandant.)
Bref, des fois, je m’interroge en me disant « Zut alors, pourquoi j’écris plus ? M’arrive plus d’histoires ? Ça me touche moins qu’avant ? »
Double que nenni.

Bref : je sais pas, vous m’en voyez toute contrite, et je vais essayer de reprendre la main.

Pas plus tard que tout de suite.
Alors je sais, ça va être un post où je râle encore, avec mon fanion de généraliste à la main. Mais en même temps, quand je râle, ça râle, quand je râle pas, ça râle, alors disons que j’emmerde les râleurs et que je vais continuer à raconter des histoires.