« Je veux qu’on la change d’hôpital. Je veux qu’elle soit vue par un autre cardiologue. Sinon je vous préviens, je porte plainte. C’est non-assistance à personne en danger. Je vous préviens. Si elle meurt, je me tue, je vous préviens. »

Mlle Yasmine me prévient.
Elle n’est pas prête à voir sa mère mourir, pas prête du tout.
Et pourtant, sa mère va diablement mourir. Bientôt, sans doute, même si bien sûr je ne peux jurer de rien.
Je sais juste que le meilleur cardiologue de la ville n’y changera rien.

Mlle Yasmine sait bien qu’elle va mourir, que ça arrivera, un jour.
Juste, pas maintenant. C’est trop tôt, elle n’est pas prête. Pas encore.

Quand sa mère est tombée malade, elle a tout quitté, tout arrêté.
Elle s’est mise à mi-temps, d’abord. Et puis quand elle s’est rendu compte que le salaire de son mi-temps passait tout entier dans les frais pour payer quelqu’un pour s’occuper de sa mère quand elle travaillait, elle s’est arrêtée complètement.
Elle a pris sa mère chez elle.
Elle l’a nourrie, changée, bercée. Elle l’a massée avec des crèmes et des huiles que j’aimerais bien connaître ; je n’ai jamais vu une peau aussi douce et belle chez quelqu’un d’alité aussi longtemps.
Elle la posait au sol quand elle allait faire les courses, pour qu’elle ne tombe pas du lit en son absence.
Elle mettait des oreillers et des couvertures partout, et elle partait faire les courses en vitesse.

J’étais appelée de temps en temps au chevet de Mme Yasmine.
« Elle respire mal » , « Elle ne mange plus » , « Elle a de la fièvre » .
A chaque fois, dieu du ciel, elle était vivante. Si peu. Suffisamment pour sa fille.
« Elle a froid » , qu’elle me disait.
Il faisait 58° dans l’appart, Mme Yasmine avait 36 couches de pull. J’en remontais 35 pour accéder à un bras épais comme celui de ma nièce.
Je faisais semblant de prendre la tension, mon brassard faisait quatre fois le tour, c’était ridicule.

« Elle a de l’anémie ! » , qu’elle me disait.
Moui, bon, 11,8 d’hémoglobine. Pas si mal.
J’essayais de ne surtout rien faire. Mlle Yasmine prenait des rendez-vous d’elle-même chez le gastro et chez l’endocrino et chez le néphro.
Mlle Yasmine voulait une coloscopie, pour voir d’où ça saignait.
Heureusement, le gastro a dit comme moi. Il a dit que la coloscopie, ce n’était guère raisonnable.

« Elle est constipée, même avec les médicaments. Elle avait mal au ventre l’autre jour, je l’ai vidée, du coup ; ça allait mieux. »
Mlle Yasmine extrait les fécalomes de sa mère. L’idée me glace un peu.

Et puis à un moment où elle a essayé une nouvelle fois de lâcher prise, on a fait hospitaliser Mme Yasmine. Ses reins lâchaient, son cœur lâchait, elle était septique ; cette fois elle allait vraiment mourir. C’est ce qu’on croyait tous, du moins. Y compris le médecin du service, qui a passé vingt minutes avec moi au téléphone, pour m’expliquer le mal qu’il avait à se dépatouiller de tout ça.
C’est la fois où Mlle Yasmine a menacé de suicide et de plainte si sa mère mourait, où elle a réclamé le meilleur cardiologue de la ville.
Elle n’est encore pas morte, elle est encore retournée dans le studio de sa fille.

Mme Yasmine vient de fêter ses 104 ans.
Elle ne parle plus depuis presque 12 ans.
Ça fait 36 ans que Mlle Yasmine a quitté son mi-temps.

Je dois y aller la semaine prochaine.
J’ai pas très envie.

67 Réponses à “Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux.”

  1. Mélie Dit:

    Très beau billet, très bien écrit. Je trouve ça si triste, ce dévouement sans fin… mais si cela lui convient, pourquoi pas, j’imagine…

  2. LaurenceB Dit:

    Oh My God…
    Tout mon soutien pour y aller!

  3. do Dit:

    comme quoi un hôpital ou un docteur ou une personne payée, même compétente, ne fera jamais autant qu’un proche…
    (pour les huiles, il FAUT lui demander, hein. et poster.)

  4. fh Dit:

    Enfin de vos « nouvelles » ; on vous attendait depuis longtemps,
    Très bien écrit, comme d’habitude ;
    Toutefois, cette attachement , peut être excessif, laisse malheureusement souvent la place à une attitude beaucoup plus détachée et moins compassionnelle des familles envers leurs « vieux » . Ceux-ci sont plus souvent quasi abandonnés que couvés et des attitudes comme celle que vous décrivez, sont certainement excessives, mais préférables au détachement que l’on retrouve dans certaines familles qui ne veut en aucun cas s’occuper de leurs ancêtres, et confient le problème aux services hospitaliers et sociaux

  5. Febronio Dit:

    C’est impressionnant… Mais, d’une certaine manière, j’étais Mlle Yasmine il n’y a pas si longtemps. A un tout autre niveau, je crois… j’espère, je me suis retrouvé dans sa situation.
    J’ai 41 ans, il y a 5 ans, suite à une chute ma grand mère est hospitalisée. Une simple fracture du poignet, rien de grave, si ce n’est l’AVC qui a provoqué la chute. Elle avait 84 ans à l’époque, autonome, elle cuisinait tous les jours pour l’une de ses filles et moi parfois. La pire cuisine qu’on ait jamais servie à un petit fils, mais finalement celle que je préférais. Elle se permettait encore une ou deux séances de gym dans la semaine.
    Un plâtre et un séjour dans un hôpital gériatrique pour la rééducation et le temps qu’elle récupère de son AVC si par chance il était transitoire. Deux mois plus tard, impossible de dire honnêtement s’il l’était. Pour une raison simple, contre l’avis de la famille qui connaissait sa sensibilité à ce genre de médicament, l’équipe médicale lui a administré une dose quotidienne de T…L (je ne donne pas le nom pour ne pas en priver des patients qui en auraient vraiment besoin). Cet antipsychotique était destiné à lutter contre la « dépression hospitalière ». En fait, tous les jours je passais quelques heures à parler tout seul à coté de ma grand mère amorphe bavant assise dans le grand fauteuil à coté de son lit.
    Au bout de deux mois, le chef de service m’a pris à part pour m’annoncer que maintenant, il fallait la laisser partir « dans la dignité ». C’est un choc, un gros choc, mais dans la famille on est pas démonstratifs.
    Elle était arrivée deux mois plus tôt avec une simple fracture suite à un AVC. Deux mois plus tard, elle avait :
    _ Des mycoses buccales et vaginales
    _ Un staphylocoque doré résistant
    _ Une pneumopathie (plus tard on a compris que c’était une pneumopathie de régurgitation probablement due à une mauvaise manipulation du tube naso-gastrique qu’on lui avait posé).
    _ Et un diagnostique de sclérodermie œsophagienne cohérente avec l’origine de ses AVC (CREST syndrome)

    La plupart des familles auraient accepté l’issue fatale. Surtout que l’aspiration pulmonaire qu’on lui pratiquait était très impressionnante. On devait l’accepter. On l’a pas fait. On a pris la responsabilité d’une hospitalisation à domicile (HAD) après avoir fait preuve de beaucoup de tempérament auprès d’un autre chef de service, le premier ne voulait plus me voir (même dans un hôpital j’ai parfois du mal à maitriser le volume de ma voix).
    Au bout de deux semaines, avec trois puis deux visites d’infirmières par jour, plus de staphylo doré résistant, plus de mycoses. La pneumopathie était encore là, tout comme l’aspirateur bronchique qu’une infirmière m’avait appris à utiliser. Heureusement pour moi, et pour ma grand mère, je n’ai eu à l’utiliser que deux fois (deux fois de trop à mon avis).
    Après un mois d’HAD, une infirmière me demande pourquoi le tuyau de la sonde naso-gastrique était aussi grosse que celles utilisées pour les lavages d’estomac. Rien d’étonnant à ce qu’une infirmière pose une question à la famille au sujet de matériel médical, je devais vraiment avoir l’air calé puisque je m’occupais de cet appareil tout seul. Il se trouve qu’un tube de cette taille n’est pas fait pour ce genre d’usage. Installé pendant plusieurs jours, et non pour un usage ponctuel, ces tubes provoquent des lésions sur les parois naso-pharyngées, œsophagiennes et le tube digestif. Sans parler de la gêne occasionnée par leur changement. C’était pourtant les tubes utilisés et prescrits par l’hôpital. On décide d’essayer des tubes aussi fin qu’un spaghetti, mais avant on tente une compote à la cuillère. La schlérodermie œsophagienne devrait l’interdire, mais un vague soupçon nous habite l’infirmière et moi. Schlérodermie mon cul, la compote, la soupe, le petit suisse y passe. Elle tousse un peu, on doit y aller lentement, mais le premier soir elle s’avale lentement un diner assez correct.
    Au bout de deux mois, fini l’HAD. Elle se lève seule (c’est là que les insomnies ont commencées pour le petit fils), marche au déambulateur, mais elle marche. Elle mange par elle même. Et suprême confort pour le petit fils elle se lave, s’habille et va aux toilettes seule. J’arrive enfin à la dissuader de faire la cuisine après plus de 30 ans d’échec. Elle a vécu encore 5 ans, dans un lit normal, le sien. Elle a décliné doucement, perdant lentement ses facultés. Plus une seule nuit à l’hôpital, quelque chose dans le regard de la famille devait dissuader le personnel soignant de nous le proposer. Quelques chutes, la plus grave lui a cassé quelques côtes, parfois c’était le nez qui prenait. Par période, des infirmiers venaient (oui, je fais pas les fécalomes), surtout la dernière années.
    Elle s’est éteinte à 89 ans au mois de mars 2011. Dans son lit, après seulement deux jours un peu difficile.
    Ouais, ma tante, ma mère et moi on a été Mlle Yasmine, mais on a eu plus de chance dans un sens. Sans vouloir accabler toute une profession, ce que j’ai vu dans cet hôpital gériatrique est inadmissible mais le plus révoltant c’est l’apparente passivité de professionnels pourtant compétents que l’on a rencontré par la suite et qui n’ont pu ignorer les erreurs. Pour certains, il y a des Mlle Yasmine, mais pour la majorité, il y a des familles normales qui n’ont aucun moyen même de savoir quand, comment et jusqu’où s’obstiner.

  6. Pierre Dit:

    ça m’inspire surtout que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions.
    Le dévouement est admirable, mais juste… enfin les bras m’en tombent quoi… cela dit, si ça rend Melle Yasmine heureuse, pourquoi pas.

    Mais est-ce que ça rend sa mère heureuse ? Est-ce que sa mère se rend seulement encore compte de quelque chose ?

    J’ai vu ma grand-mère lentement décliner ainsi et phagocyter la vie de ma mère et de mon oncle. J’ai vu mon père se dégrader ainsi (heureusement plus vite) et phagocyter la vie de sa compagne.

    J’ai eu envie pour eux qu’ils puissent partir vite. J’ai eu envie de ne jamais les avoir vus ainsi pour conserver d’eux l’image que j’en avais, d’êtres dignes.

    Indépendamment de tout débat sur l’euthanasie (qui n’est pas le propos) nos sociétés ont quand même un sacré putain de problème à admettre que la mort fait partie de la vie et qu’il faut laisser filer.

    Dérelgion peut-être… matérialisme à tout va sans doute… j’en sais fichtre rien et on va basculer dans de la morale à la petite semaine si on aborde ce sujet.

    Mais merde, laisser filer, c’est plus beau, plus noble, plus digne que cet acharnement à tuer les vivants au service des morts. Touchant, certes, mais tellement vain…

  7. Lien Rag Dit:

    J’avoue être un peu étonné par votre réaction…
    Vous semblez reprocher à Mlle Yasmine de réussir à maintenir en vie une patient que votre médecine a condamnée?
    Et ce non pas par acharnement thérapeutique mais par amour filial et soins attentifs.

    Évidemment je ne suis pas à votre place et je n’ai pas vu Mme Yasmine ni Mlle Yasmine, et donc je ne puis savoir si le silence de la mère est une zombification ou un passage à une communication non-verbale.

    Quand à la névrose de la fille, elle est certes triste, mais est-ce à cette femme qui se comporte en fille qu’il faut reprocher le désintérêt de la société pour ce qui n’est pas rentable et la disparition des liens affectifs derrière la froide objectivité?
    Si Mme Yasmine s’appelait Bettencourt, trouverait-on si anormal que d’autres personnes sacrifient une part de leur vie pour lui assurer un peu de chaleur humaine sur ses derniers jours?

    Est-ce si important que Mlle Yasmine se résigne à être à la place que la société veut lui donner, et à n’avoir que les sentiments que ses moyens lui autorisent?

  8. Dominique Dupagne Dit:

    @Lien Rag
    La mort fait partie de la vie. Pas de vie sans mort. Partir est un phénomène normal, souhaitable. Ce qui est triste, c’est de partir trop tôt, quand la vie aurait pu encore apporter plein de bonnes choses. L’obsession pour maintenir en vie des corps au bout du rouleau a quelque chose de malsain. Mais c’est le choix de chacun. Yasmine a fait ce choix pour sa mère, et sa mère est sans doute d’accord car sinon elle aurait trouvé le moyen de mourir quand-même. Quoique, comment résister à autant d’amour…

    On nous demande souvent, à nous, médecins, d’être partie prenante dans cette lutte désespérée contre l’échéance pourtant inéluctable.

    Parfois, comme Jaddo, je ressens un malaise, le sentiment indiscible d’être le complice quelque chose de mal. Mais c’est notre métier, alors on le fait, en traînant parfois un peu des pieds.

  9. nad Dit:

    Merci pour votre livre magnifiquement écrit, on en voudrait encore ……, j’espère tout simplement que votre livre soit lu par un max de professionnels car desfois l’hopital c’est tout sauf un endroit où se faire soigner, bon courage à vous.

  10. Lien Rag Dit:

    @Dupagne
    Mais qui décide de quand est trop tôt?
    Qui détermine que la vie de cette femme de 102 ans ne vaut plus la peine d’être vécue?

    Ce qui m’interpelle c’est que, sauf si j’ai mal compris ce qu’écrit Jaddo, finalement Mlle Yasmine avait raison, sa mère n’était pas encore prête pour partir et s’accrochait à la vie (je ne peux m’empêcher de penser que l’affection de sa fille n’y était pas pour rien).

    La subjectivité semble donc être de l’autre côté de la barrière et l’objectivité du coté de Mlle Yasmine, mais pourtant le fait qu’elle aie insisté, assez violemment, pour que le réel soit pris en compte, est considéré comme une manifestation particulièrement perverse de subjectivité.

    Cela m’étonne de la part de l’auteur…

  11. Marie Mail Tout Dit:

    Je ne m’attendais pas du tout à la chute.
    Très touchant et si triste.
    Bon courage en tout cas et merci de nous faire partager ces moments légers ou plus graves.
    En bonne groupie, je suis bien contente que votre plume soit de retour et que vous ayez délaissé quelques instants votre stéto ..

  12. Maxtine Dit:

    Très beau billet, un peu glaçant, comme vous dites.
    Pour les huiles, déconnez pas, demandez lui !

  13. Opale Dit:

    Triste et émouvant..
    Je n’aimerais pas être la fille et je crois que j’aimerais encore moins être la mère…
    Pensées à elle deux.
    Et plein de bisous à toi, on te retrouve enfin ici, youhou!

  14. Chloé Dit:

    Jaddo is back!! yyyiiiiihhhhaaaa cadeau de noël!

  15. Beatnick Dit:

    Bien content de te retrouver Jaddo, mais si j’ai patienté grâce à ton livre…
    Mais là, non, un lendemain de Noel, ton billet est vraiment dure…
    Le bourdon pour toute la journée…
    Bon courage pour ta visite la semaine prochaine, moi je vais lire un autre billet pour essayer de retrouver le moral… Ou alors une ou deux PPCS sur twitter tiens…

  16. Philomenne Dit:

    Je ne comprends pas très bien ce qui vous dérange dans cette histoire : que Mme Yasmine ait pris en défaut les pronostics de la médecine ? Que Melle Yasmine fasse mieux que la médecine ? Il semble que la mère ne souffre pas, si je comprends bien. Et elle doit bien être d’accord pour continuer comme ça, sinon elle serait morte depuis longtemps. Alors où est le problème ? Faudrait-il que Melle Yasmine envoie sa mère dans un service de gériatrie où on n’aurait pas assez de personnel et de moyens pour s’occuper aussi bien d’elle ? Qu’elle cesse de s’en occuper pour la laisser mourir ? Dans notre société qui voue un culte à la performance et à la jeunesse, son dévouement à sa mère très âgée est jugé stupide. En d’autres temps ou dans une autre culture, il serait jugé admirable. C’est juste une question de perspective culturelle et/ou historique…

  17. La Mettrie Dit:

    Un article qui m’évoque fortement une pépite du crépuscule des idoles de Nietzsche :

    « Mourir fièrement lorsqu’il n’est plus possible de vivre fièrement. La mort choisie librement, la mort en temps voulu, avec lucidité et d’un cœur joyeux, accomplie au milieu d’enfants et de témoins, alors qu’un adieu réel est encore possible, alors que celui qui nous quitte existe encore et qu’il est véritablement capable d’évaluer ce qu’il a voulu, ce qu’il a atteint, de récapituler sa vie. »

  18. raph Dit:

    Super le cadeau de Noel, Jaddo a enfin posté!

    Et quel post!!!

    Je travaille dans un reseau de soins palliatifs. Des Melle yasmine, j’en croise beaucoup..
    Je ne sais pas où tu travailles, mais peut-être qu’il y a par chez toi des collègues à moi qui pourraient t’aider dans cette histoire?

  19. Hisoka33 Dit:

    Pffff. C’est classé dans « non classé », et c’est un bon non-classement.
    Magnifique billet, tragique aussi. Et bravo à toutes ces personnes qui sont malgré elles mêlées à ce genre de situation.

  20. Isabelle Dit:

    Des dizaines de réflexions, parfois contradictoires, naissent forcément à la lecture de ce billet et de ses commentaires.
    Je me contenterai de souligner cette phrase :

    « Mlle Yasmine sait bien qu’elle va mourir, que ça arrivera, un jour.
    Juste, pas maintenant. C’est trop tôt, elle n’est pas prête. Pas encore. »

    Parce que l’expérience m’a fait développer une sorte de virus mystique, dont toute ma rationalité n’a pas réussi à me guérir. Sur la force d’énergie vitale que donne l’amour, qui semble parfois, contre toute attente, être finalement ce qui décide si la vie doit continuer ou s’arrêter, là, maintenant, tout de suite.
    Et c’est vachement culpabilisant.
    Et j’ai pas trouvé l’antidote.
    Parce que, peut-être, y’en a pas…

  21. Elodie Dit:

    très heureuse de vous lire chère consoeur!
    Je vous suis depuis 8 mois environ, et si je me décide à poster un petit commentaire, c’est parce que je viens de soutenir ma thèse ( OUF et re-OUF!!!) et devinez quel cadeau j’ai pu avoir en doublon….votre livre!!! :)
    Je souhaite que vous posterez encore de nombreux billets.
    Très bonnes fêtes de fin d’année!!

  22. Nimra Dit:

    Ce billet n’est pas un reproche fait au patient. Il ne montre pas un problème de société ni ne propose quelque chose de révolutionnaire.

    Ce blog, c’est un peu comme un journal intime publique. En tout cas, c’est comme ça que je le comprend.

    Et je garde ça en tête quand je le lis, puisque cela change totalement la perspective. Ce n’est pas une vision neutre, objective, journalistique de la situation, c’est ce que vie le médecin.

    Du coup, le problème dans ce billet, ce n’est pas – pas directement – celui du patient, mais celui du médecin.

    Il va falloir retourner soigner Mme Yasmine alors que le vrai besoin, le plus important c’est celui de sa fille. Mlle Yasmine n’est pas en demande de soin, mais elle en a besoin, elle a besoin de prévention d’un éventuel – probable – deuil pathologique. Avec dépression, tendance suicidaire…

    Puisqu’elle menace de ce suicider si sa mère meurt, puisqu’elle a totalement consacrée sa vie à sa mère, puis qu’il y a 30 ans sa mère devait mourir, qu’elle ne l’a visiblement pas accepté et que même si les fait lui donne raison ça ne sera pas éternel.
    Puisqu’au fond, il y a beaucoup de vrai bonnes raisons pour que son deuil se passe mal.

    Après autant d’abnégation et d’amour, je pense qu’on peut souhaiter à cette dame de vivre mal grès tout heureux quand sa mère l’aura quitté. De se reconstruire une vie.

    Mais encore une fois, le médecin va aller soigner Mme Yasmine et non sa fille. Qu’il faudra la protéger contre des examens itératifs inutiles et dangereux, sans tomber dans un excès inverse de sous-médicalisation. Il va entrer dans une histoire triste et terriblement complexe pour en être acteur pour essayer de faire le moins pire possible dans une situation où il n’est pas possible de faire bien.

    Il faudra s’occuper de Mlle Yasmine, s’occuper de Mme yasmine puis de tous les autres patients, et je comprend que Jaddo et le praticien doutent et en souffre. Parce que finalement, ils doivent se sentir un peu dépassé.

    __________

    D’autre part, il y a quelques années une des grande critique faite au corps médicale – probablement à raison – était l’acharnement thérapeutique. Depuis quelque temps, ce même corps médicale prend conscience qu’il n’est pas dieu, qu’il ne peut pas sauver tout le monde, qu’il faut revenir au fondamental et antique  »primum non nocere » d’abord ne pas nuire. Que préserver la qualité de vie est au moins aussi important que préserver la vie. Qu’il faut peser la balance bénéfice/risque avant chaque examen et chaque traitement.

    Il y a encore du chemin à parcourir, mais déjà l’opinion penche dans l’autre sens. Les médecins condamnent leurs patients trop vite, ils brisent les espoirs de ceux qui veulent lutter. Ils ne croient pas aux vertus de l’amour, à la petite part de mystère du corps humain qui fera mentir leur science froide, dur et pourris de calculs statistique. Ils reprocheraient presque aux patient condamner de continuer à vivre. Tout ça, c’est surement très vrai.

    Mais du coup, c’est vraiment dur d’obtenir l’unanimité….

  23. cardiologue de brousse Dit:

    N’étant pas le meilleur cardiologue de la ville, Mme Yasmine n’a pas fait appel à moi pour sa mère, et c’est tant mieux…
    je n’ai pas vocation à rendre les patients immortels, peut-être mes confrères les meilleurs cardiologues des autres villes, oui ?
    je sais que le fait de choisir de ne pas adresser certains valvulaires nonagénaires leur fait prendre le risque de décéder brutalement plutôt que rester des semaines à tenter de mourir en réa post-op malgré des tuyaux de partout ; je sais aussi que je ne fais pas ce choix seul, ce serait péché d’orgueil, mais d’abord et toujours avec le patient, même si ses capacités à appréhender  »les enjeux  » semblent parfois ténues, et secondairement s’il m’y autorise avec sa famille;
    de ce  »brain storming » nous , oui – NOUS – arrivons en général à une attitude qui est le choix final du patient, validé ou non par l’entourage ( genre:  »de toute façon mamie tu fais ce que tu veux… » )
    il arrive que je ne partage pas toujours le choix retenu, mais le respecte toujours et fais ce que je peux pour aller dans le sens du patient ( activisme ou temporisation ).
    c’est pourquoi je ne serais jamais le meilleur cardiologue de la ville.
    Et je préfère…

  24. nautilmaia Dit:

    Merci le retour de Jaddo comme cadeau de Noyel!

  25. Moui Dit:

    Suis-je la seule scandalisée que des gens arrêtent complètement leur vie pour des anciens incapables de survivre ? Surtout à des âges pareils…

    Tout cela me paraît être une sale bande d’égoïstes qui préfèrent infliger un enfer (oui hein franchement ceux qui osent dire que cette existence a un sens, je vous conchie) à leurs proches plutôt que de supporter un deuil, ou qui estiment la subsistance de leur(s) proche(s) et parfois eux-mêmes si essentielle qu’elle nécessite de tels sacrifices… Vous croyez vraiment que votre vie, que celle de votre parent vaut ce prix ?!
    (Oui car il y a un prix autre que personnel dans ces histoires tout de même)

    Vous me dégoutez.

  26. FidWi Dit:

    et que dire de Melle Yasmine (Madame Mère dans mon cas) qui, persuadée de la force de l’amour a rendu son petit-fils de quelques mois garant du bien-être de son mari (avec toutes les visites imposées)?
    Certes il allait mieux quand le bébé venait le voir mais ca ne l’a pas empeché de mourir.
    Aujourd’hui le bébé a grandi, pose des questions et surtout stresse à la moindre absence d’un membre de son entourage proche et c’est à maman de gérer les crises d’angoisse, les cauchemars qu’il faut parfois plus d’une heure à calmer parce qu’il y a eu « quelque chose » dans la journée, quand ce n’est pas une demi-journée, les questions tordues (qui font pleurer papa systématiquement et donc restent sans réponse parce que c’est comme ça)
    Alors la force de l’amour …

  27. Doc 33 Dit:

    Merci Jaddo pour votre livre que j’attendais avec impatience suite à la lecture de vos « billets » dans la revue Médecine.
    En ce qui concerne Mlle Jasmine c’est effectivement sans doute elle qu’il faudrait aider … Mais la relation fusionnelle mère -fille semble au dessus de des ressources psychologiques médicales donc essai d’accompagnement par l’usage des mots en faisant le moins mal possible…Bon courage

  28. Febronio Dit:

    @Moui… Est-ce vraiment la décision des plus anciens dépendants de leurs enfants ? Et si oui, est-ce vraiment une décision faite en toute conscience. C’est l’affaire de chacun. Chaque cas est unique comme chaque famille est unique. Il n’y a, à mon sens, aucune considération morale.
    Cette Mlle Yasmine est visiblement un cas extrême et c’est sa mère qui en est plutôt la victime. Si la mère a dépassé les 104 ans, la fille doit également avoir un age avancé, et si… il faudrait questionner un gérontologue, la mère était la thérapie de la fille. Des tâches quotidiennes, astreignantes, sollicitent toutes ses facultés l’empêchant elle aussi à décliner. Sans connaitre ses dames, peut être la mère aurait-elle été prête à endurer les pires souffrances pour prolonger la vie de sa fille. Ce sont des situations complexes qu’il est parfois très difficile de juger.
    Mais cette Mlle Yasmine est en grande détresse, pour moi ça ne fait aucun doute qu’elle nécessite probablement plus de soins que sa mère.

  29. Choupinet Dit:

    @cardiologue de brousse

    Ah, bon, c’est pour ça ?
    Je croyais que c’était parce que tu étais un cardiologue de brousse.

    Un rat de bibliothèque ne peut pas devenir un rat de marée, et j’avais cru que l’analogie s’étendait aux cardiologues.

    Je m’ai encore trompé, c’est la deuxième fois de ce siècle.
    Ca commence mal.

  30. Anne-Marie Dit:

    Mais merde, laisser filer, c’est plus beau, plus noble, plus digne que cet acharnement à tuer les vivants au service des morts. Touchant, certes, mais tellement vain…

    Je cite Pierre parce que c’est tellement bien dit:
     » Tuer les vivants au service des morts… »

  31. hipparkhos Dit:

    Un exemple un peu extrême, mais sans doute assez commun dans sa structure…

    Cela donnerait envie d’approfondir. Comment étaient les relations entre ces deux femmes il y a 70 ans, 60 ans, 50 ans ? Quels rôles ont joué les hommes (il y a en a eu au moins un dans l’histoire…) ? Y a-t-il eu d’autres enfants, des petits-enfants ?

    Cela montre aussi la nécessité d’interroger sa propre histoire familiale, ses relations avec ses parents, ses enfants, ce qui les a structurées, les schémas qu’on reproduit, ou qu’on oppose… Pour les construire en conscience.

    Du côté des médecins, entre ton titre (toujours superbement trouvé), ta chute, et les commentaires de D.D. et CdB, beaucoup est dit… Pas tant sur ce qui aurait pu pousser Mlle Yasmine à plus réfléchir aux raisons de ses choix cependant, il y a 40 ans. Aujourd’hui, à part traîner des pieds…

  32. Yves Dit:

    Bonjour,

    1) j’ai lu le livre offert par une personne qui lit des blogs très bien. Merci. J’ai autant aimé que les post.

    2) sur la « cage aux oiseaux » je crois que je trainerais aussi des pieds pour y aller. Il est toujours plus facile de commenter ce que les autres font plutôt que de regarder ce que l’on fait soi-même. J’ai préféré que mon père s’éteigne en 18 jours plutôt qu’en 50 ans… mais cela n’engage que moi.

  33. jp Dit:

    Aimer ses parents , s’en occuper quand ils vieillissent c’est la chose la plus naturelle qui soit , après tout ils se sont occupés de nous lorsque nous étions enfants.Mais sacrifier toute sa vie dans ce seul but cela relève du sacerdoce et dans ce cas , on peut parler de relation fusionnelle pathologique.Maintenant le role du médecin dans tout ça??? Primum non nocere reste d’actualité, et mème si le post de « moui » est un peu caractériel , il n’a pas tout à fait tort

  34. hugo Dit:

    Bonjour,

    Merci de poster de nouveau, cela me manquait !

    Sur le fond du billet, je ne pense pas non plus qu’il faille y voir une mise en cause de notre système de soin (ou de sa faillite, c’est selon…) mais bien sur le malaise de Jaddo à devoir assumer le suivi de la famille (Mme Yasmine exclusivement ?).
    D’autant que Mlle Yasmine ne doit plus elle même être très jeune, au strict minimum 70ans…

    Et sans vouloir être cruel, la fin me semble tellement inéluctable, le sentiment d’impuissance participe certainement au malaise.

  35. anne Dit:

    Bonjour,
    Je viens de terminer votre livre presque d’une traite !
    J’imagine bien que je ne suis pas la première à vous dire que j’ai adoré ! Je suis passée par toutes les émotions et ça fait du bien ! Merci Docteur !
    Pour l’anecdote, je m’appelle « madame Pouteau »et ça m’a fait un choc de retrouver mon homonyme (et d’autant plus touchant sous les traits de cette mamie sympathique)… J’ai du quand même revenir trois fois sur la page pour être sûre que je n’était pas en plein délire hallucinogène dû a un excès de grasse matinée en compagnie de votre bouquin …Non, non, tout va bien c’est une belle journée ensoleillée, les vacances et mes enfants ne sont même pas venu interférer dans cette délicieuse lecture ! En tout cas j’espère avoir autant d’humour et de bonne humeur a 85 ans que cette dame … On en reparlera dans 40 et quelques années ! D’ici la j’essayerai de suivre vos récits …

  36. OlivierNK Dit:

    C’est pas le fécalome qui prend la mère, c’est la mère qui prend le fécalome! Tatatin!
    ^^

  37. Stef Dit:

    J’ai du plaisir a vous lire même si ce n’est pas jojo, passer de bonne fêtes. je crois que Mlle Yasmine va nous faire une décompensation carabiné au départ de sa maman.

  38. Helene Dit:

    Bonjour Jaddo,
    j’ai découvert votre blog grâce à la revue du praticien, et mon père m’a offert votre livre pour Noël (grâce à des critiques dans Nouvel Obs et Télérama). J’ai une seule question à vous poser : comment faites-vous pour raconter MA vie??? Je suis médecin généraliste remplaçante et je crois que j’ai vécu chaque ligne de votre livre!, avec une mention spéciale pour « quand je dis au patient : allongez vous sur le dos, il s’allonge systématiquement sur le ventre » c’est tellement vrai! Donc félicitations et vivement le 2ème livre.

  39. Doc 33 Dit:

    Chere Jaddo ,je reçois ce jour ma revue « Médecine » (sans pub pour les médicaments )et Damned !!! C’est tout sur les protheses pour l’arthrose mais pas de doux « billet » de votre part ??? Que passa? L’année va mal démarrer … Revenez vite …
    Bonne Année à toutes et tous !!!

  40. Tom Davidson Dit:

    Ça fait du bien de vous lire, même si ce n’est pas vraiment très joyeux comme récit…
    Merci pour tout ce que vous faites et bon courage pour la suite !

  41. kiwi Dit:

    Merci pour ce post si vrai de ces situations ingérables, quand on rentre le soir avec l’impression d’avoir mal travaillé même si on a fait ce qu’il fallait. Et le pire est pour le patient qui subi toute cette souffrance.
    Je suis actuellement en stage en soins palliatifs, et j’ai vécu cette situation, un de nos patients a même été hospitalisé en soins continus… Mais tous les dialogues possibles ont été tentés avec les proches, en vain. Parfois, on est impuissant et pas uniquement en thérapeutique. Il faut continuer à croire qu’on trouvera les mots pour débloquer la situation…
    Merci pour votre blogue très réconfortant

  42. saramdam Dit:

    j’ai lu tout votre site, et je n’ose jamais rien dire… je ne suis pas médecin, je n’ai rien à voir avec le fait de « soigner », encore que…
    c’est juste que là, on dirait que vous parlez de ma grande-tante de 82 ans et de mon arrière-grand-mère de 103 ans…. et dans la famille, on souffre tous de cette situation, où l’on préfèrerait voir partir « mémé »… mais du coups on est tous d’accord: on ne veut surtout pas vivre trop vieux!

  43. Lazuli66 Dit:

    Mais de quoi elle vit, Mlle Yasmine, depuis 36 ans qu’elle ne travaille plus ???

  44. Amsterdamned Dit:

    @Lazuli66,

    De quoi vit Mlle Yasmine fille..

    Probablement de sa pension de retraite!

  45. cardiologue de brousse Dit:

    @ Choupinet :
    effectivement, je ne suis que cardiologue de (cam)brousse, désolé de t’avoir déçu;
    Bah ! tu t’en remettras…

    Et puis, pauvre Mme Yasmine, tout le monde n’a pas la chance de naître orphelin.

    PS: je lis avec effroi ( avec QUI ? ) le post de Amsterdamned ;même MM n’aurait pas osé ( c’est une formule de style bien sur ! ) :

    MADAME YASMINE A FAIT TOUT CA POUR CONTINUER A TOUCHER LA PENSION DE RETRAITE DE SA MERE !

    Les filles ne respectent plus rien …

  46. Amsterdamned Dit:

    @ Cardiologue d.b.

    Ce n’était même pas du mauvais esprit, je voulais vraiment dire « de sa PROPRE pension de retraite »!

    Car elle ne peut logiquement pas avoir beaucoup moins de 70 ans.

  47. Amsterdamned Dit:

    PS : enfin je m’embrouille dans mes calculs, mais il est assez probable qu’elle ait dépassé l’âge de la retraite (?)

    PPS : mais qui est MM?

  48. cardiologue de brousse Dit:

    Hum ! MM ?
    c’est Keiser Soze…

  49. cat Dit:

    Jaddo, je vous lis depuis longtemps, sans écrire. En jubilant de voir la justesse de la réflexion qui semble manquer à tant de médecins… Et celle du ton… Certain(e)s sont doué(e)s!!

    Présentation : généraliste soixantaine passé de la case « exercice en ville » à la case « malade », option « oncologie compliquée »…

    Que cette histoire est bien écrite ! Qu’elle me rappelle une histoire personnelle d’un patient avec sa vieille mère (AVC massif + douleurs neuropathiques) où, personne ne sachant les désirs du patient, on a contraint un MG (moi) à faire un acharnement que j’abhorrais, jusqu’à ce que je craque. Une patiente qui est morte à 105 ans, gavée à la sonde 3 ans (c’est costaud un « vieux ») laissant derrière elle un fils de 83 ans qui est rentré progressivement dans la démence en quelques mois…

    Vivre et laisser mourir, (parfois)… (James Bond).

    Le Jaddo devrait être une discipline enseignée à la Fac. quel dommage que je ne l’ai connu que quand je n’enseignais plus…

  50. Blogueuse égarée Dit:

    Ben je sais pas si on peut dire « fêter » son anniv, dans le cas de Mme Yasmine. En tout cas, j’espère que mon fils ne me fera pas subir son acharnement thérapeutique, quand j’aurai 104 ans, surtout si je ne parle plus depuis 12 ans… Ce sera mon souhait pour cette nouvelle année :)

  51. CORNET Dit:

    Retraité récent, je viens de lire avec délectation votre livre (que je me suis fait offrir pour Noël). Je ne peux que confirmer qu’il faut se méfier de L’URSSAF comme la peste, et même plus car on peut guérir de la peste. Harcelé par un huissier qui s’obtinait à réclamer une cotisation que j’avais payée (et dont j’avais le reçu) et qui parasitait ma salle d’attente, ma patientèle étant exclusivement constituée d’enfants. J’ai donc fait « opposition à contrainte », comme me l’a conseillé un ami avocat. Un an plus tard, convocation au tribunal du contentieux Sécurité Sociale. Encore un an plus tard, je reçois les « minutes » du procès : Il est établi que j’avais bien réglé la cotisation en cause. Petites lignes à la fin : « Les frais de justice sont à la charge de l’opposant » (Moi)… Il parait que j’aurais dû demander un franc symbolique, et les frais auraient été à la charge de l’URSSAF.

  52. cultive ton jardin Dit:

    Une fille qui refuse de laisser mourir sa mère, une mère qui accepte de ne pas mourir pour ne pas abandonner sa fille. Car il faut bien qu’elle y mette aussi du sien, la mère, non?

    Et pourtant, rien à faire: les histoires d’amour finissent mal. En général.

  53. Babeth Dit:

    J’ai connu le cas au boulot. La mère avait 107 ans, je vous laisse imaginer l’âge de sa fille. Quand la mère est morte, la fille a pris un somnifère et a fait sa première nuit complète depuis des années… finalement, ce fut un soulagement.

  54. leonie Dit:

    Toujours aussi formidables les posts de Jaddo.
    En lisant les coms, je m’aperçois que beaucoup ne parlent que de l’enveloppe corporel de la mère de Melle YASMINE, qu’en est-il de sont être intérieur? qui est capable de dire que cet être n’est pas heureux de ce que fait Melle YASMINE pour lui? Il me semble que pour la plupart des êtres humains, il n’existe que la vie ou que la mort, hors la vie et la mort ne sont que deux faces d’une même pièce, l’une ne va pas sans l’autre. La mort n’est pas vraiment la mort, c’est juste un changement d’état, nos corps meurent mais nous ne mourrons pas.
    Je vois là une fille qui aime sa mère, pas le corps de celle-ci, mais son être intérieur et l’être intérieur de sa mère malgré son état doi lui rendre son amour de la même façon en restant en vie, il y a une fusion que personne n’est capable de voir ni de comprendre. C’est sûr qu’il y aura une fin dans cette histoire, mais personne ne peut tuer l’amour qu’il y a entre les êtres incarnés dans ces deux femmes.
    Quand vous regardez quelqu’un ne regardez pas son corps mais son âme vous risquez d’apprendre beaucoup plus d’eux.

  55. leonie Dit:

    PS – Mon com est bourré de fautes, j’espère que vous me pardonnerez :)

  56. Sapho (DCEM3) Dit:

    « Non, moi j’ai encore de l’espoir docteur, ma femme a dormi toute la journée : vous voyez elle recupere ! Hier, elle a même fait un petit caca alors qu’elle ne mange plus rien à cause de l’ascite… », à cause de la carcinose péritonéale à cause du cancer… F, 60ans, OMS 1 à l’entrée, 4,5 au moment où son mari nous explique qu’il y crois encore, qu’il ne peut pas faire autrement. « Peut être qu’il y a un essai thérapeutique qu’on a pas essayé ? Mon fils va essayer des plantes, moi, vous savez, je la masse tous les jours pour qu’elle se detende et reprenne des forces pour le prochaine chimio… Elle est forte vous savez, elle se bat, hein Michelle ?  »
    Il n’y a pas eu de prochaine chimio. Il n’y a pas eu d’essai therapeutique. Il n’y a pas eu de miracle. Michelle ne se battait plus.
    Juste un homme qui ne comprennait plus dans quel monde il vivait.
    Peut etre regrettra-t-il plus tard, de ne pas l’avoir « accompagnée », de ne pas avoir accepter à temps la réalité.
    Même moi, j’ai eu du mal.

  57. sebdoc Dit:

    Moi, ce que je prefere dans ce post, finalement, c’est le titre ! Réponse aux pro-euthanasie, réponse aux pro-palliatifs… Il suffit d’y rajouter la musique, et la gravité de ce sujet retombe doucement…

    un « jeune » med généraliste de 35 ans, qui a devoré depuis un mois ce blog !

  58. carotide Dit:

    superbement écris, triste et émouvant, glaçant et tellemnt rempli d’espoir…

  59. lacroquette Dit:

    En même temps si elle voulait bien demander son avis à sa maman, celle-ci serait sans doute capable de transmettre un message qui dirait en substance  » j’aimerais bien que tu me laisses partir parce que là je ne reste que pour donner un sens à ta vie ». Personnellement il y a un stade où plutôt que de voir un dévouement j’y vois plutôt un égoïsme profond de la part de l’aidant. Et en tant que soignant c’est très pénible à gérer comme situation car notre patient c’est avant tout la mère dans ce cas là.

  60. leonie Dit:

    Si tout le monde connaissait ce qu’est véritablement la vie en substance et sa valeur personne ne parlerait d’euthanasie et tous les mourrants ne dérireraient que prolonger leur vie le plus possible.

  61. le toubi Dit:

    Salut jaddo,

    Es-tu retournée voir Mme Yasmine comme prévu ?

    Elle est de quelle origine Mme Yasmine ?

    Moi j’aimerai bien discuter avec la fille pour savoir (au cas où elle serait originaire d’afrique du nord par exemple) comment çà se passe « là-bas » avec les anciens ? Qu’est-ce qu’il lui faudrait pour que sa mère puisse mourir en paix ? (sous entendu, qu’est-ce qu’il lui faudrait à elle pour qu’elle accepte que sa mère puisse mourir ?)
    Il est enterré où et comment son père ?

    Inscrire la fin de vie de cette vieille dame dans l’histoire et la culture familiale pourrait peut-être aider la fille à se préparer… A mon avis, çà peut être un déclic, se faire en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire et je ne serais pas surpris que Mme Yasmine n’y survive pas longtemps d’ailleurs…

    Dans les unités de soins palliatifs on dit dès fois qu’il y a des mourrants qui « attendent » le « feu vert » d’un proche pour s’en aller après s’être raccroché à un fil ténu de la vie étonnament longtemps…

  62. dobo Dit:

    très contente de vous retrouver après une longue absence…j’ai offert votre livre à mon père également médecin qui a adoré aussi…Concernant ce post:je trouve plutôt émouvant cet amour filial…loin de toute rationalité.

  63. caro Dit:

    wouah !

  64. Millimètre Dit:

    Un de mes profs a raconté une histoire un peu similaire en cours, une patiente qui était intégrée dans une étude, avec check-up « complet » avec de grandes guillemets mais quand même, tout allait bien. Sa fille est venue une semaine après les résultats, sa mère était morte, c’était un scandale, ses examens étaient pourtant bons, qu’est-ce qu’il s’était passé, comment ça se faisait ? C’était forcément un mauvais médecin, quelque chose lui avait échappé. L’étude en question portait sur les centenaires. La patiente en question avait 108 ans. De nos jours, on peut mourir de vieillesse, ça arrive encore. Mais ça scandalise les gens, parce que c’est mieux quand il y a une raison à tout.
    Merci pour ce partage, un beau témoignage. (Ce blog est un petit bijou, by the way)

  65. josh krammer Dit:

    Beau billet, mais…
    Néanmoins, je suis étonné que les médecins généralistes dans l’ensemble se cognent du générique alors que les pharmaciens eux-mêmes les trouvent dangereux.
    Dans la mesure où le pourcentage d’erreur est plus élevé sur les génériques, les labos se gavent; la sécu se donne bonne conscience et les patient sont traités comme… des clients, ils faux bien dire les mots.
    Pour avoir constaté de véritables écarts de performances entre génériques et marques, pour des médicaments très importants il est vrai, je trouve que la médecine et la pharmacologie sont deux domaines qui ne parlent plus alors que les deux sont liés historiquement.
    Les médecins sont contre les labos mais ne font pas de pharmaco et les pharmaciens trouvent les ordonnances mal faites et pourtant, tout le monde en vie allégrement.
    Les médecins et tous ceux qui ont fait pleins d’études font un peu comme les politiciens, parce qu’ils sont incultes, lorsqu’ils se plaignent que les génériques sont moins efficaces, ils ont de la chance lorsqu’on les prend que pour des débiles, même si parfois (pas souvent non plus), ils ont quand même raison parce que les labos, niveau qualité, c’est comme les kebab, ont laisse faire pour pas faire de vagues, tout comme l’ afssaps et d’autres organismes.
    Parfois, je me demande si un plombier polonais laisserait faire un tel système…
    Mais j’adore votre blog et suis grand fan de votre livre, vraiment.

  66. et-sante Dit:

    Magnifique texte… . Je découvre votre blog et je vous tire mon chapeau !

  67. clemencon Dit:

    je suis atteinte de sclerodermie de crest jattends encore des resultats paraitil quon meurt vite de cette maladie est-ce vrai? merci pour vos reponses

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